J’apporte mon soutien inconditionnel à Joseph Facal dans la controverse autour de sa chronique intitulée «Art, idéologie et stupidité» sur le film Marie, Reine d’Écosse. Il y dénonce l’absurdité d’avoir fait jouer des rôles de nobles anglais et écossais à des Noirs. La production raconte la rivalité entre Elizabeth, la protestante reine d’Angleterre et sa cousine catholique, Marie Stuart d’Écosse dans les années 1560.
Sans doute par peur des fanatiques de la bien-pensance révisionniste, le producteur américain a imposé des acteurs noirs (et aussi asiatiques !) dans l’entourage des deux reines, ce qui est ridiculement anti-historique. Le cinéma américain rejoint ici le théâtre de l’absurde.
Dans sa critique de Jospeh Facal, Mbaï-Hadji Mbaïrewaye lance une rafale d’exemples qui n’infirme en rien le fait qu’il n’y avait à l’époque aucun Noir dans les deux cours. Le fait incontournable que l’humanité ait eu son origine en Afrique d’où elle a ensuite essaimé au Moyen-Orient, en Europe et en Asie n’impose pas qu’il faille mettre dans les films historiques des Africains partout et en tout temps.
Va-t-on bientôt voir dans une production américaine politiquement correcte un acteur noir jouer le rôle du chef apache Geronimo ou de Louis XIV ? À Saturday Night Live, oserait-on demander à un Noir d’interpréter Donald Trump ?
Mais les aberrations de Marie, Reine d’Écosse ne s’arrêtent pas à la couleur de peau des comédiens. La très catholique reine Mary refuse de blâmer un ménestrel gay d'avoir couché avec son mari en déclarant, indulgente, que cela était normal puisque c’était dans sa nature. Vraiment ? Une pieuse catholique du 16e siècle qui anticipe déjà la tolérance et l’ouverture d’esprit des classes éclairées du XXIe siècle ! La rectitude politique ambiante entraine une réécriture de l’histoire digne des idéologues staliniens. Voilà où nous en sommes.
Marie, Reine d’Écosse est une présentation complètement tordue et mensongère de la réalité. Contrairement à une des scènes cruciales du film avec un long dialogue, les deux reines ne se sont jamais rencontrées. Fake history! Et Marie ne parlait pas avec un accent écossais, mais avec un lourd accent français. Comme le note l’historienne britannique Estelle Paranque : «Elle était française, elle se sentait vraiment française. Je n'ai rencontré que des lettres de Marie en français. Elle a été élevée en France et elle était parfois plus de Guise que Stuart, je dois dire ».
Dépitée, elle constate aussi : «Ce n'est plus un film historique, ce n'est que de la fiction. Le but principal du film est de faire de l'argent et de divertir. Tant que nous laisserons les Américains raconter nos histoires, nous aurons toujours une vision déformée de l'histoire, aussi divertissante soit-elle.»