WASHINGTON | Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a estimé mercredi «inconcevable» d’acheter du matériel militaire à l’avionneur américain Boeing alors que celui-ci est en litige commercial avec le constructeur national Bombardier.
Boeing a obtenu que l’administration Trump impose des pénalités financières au canadien Bombardier pour l’empêcher de vendre ses avions CSeries sur le marché américain.
En représailles, le Canada a présenté une «déclaration d’intérêt» pour des chasseurs F18 d’occasion de l’armée australienne et suspendu les discussions avec Boeing sur l’achat de 18 Super Hornet neufs, en attendant de renouveler entièrement sa flotte actuelle de chasseurs via un appel d’offres en 2019.
M. Trudeau a expliqué avoir parlé «directement» de ce litige avec le président américain Donald Trump lors d’un entretien mercredi à Washington.
«J’ai souligné que c’était inacceptable ce que le département du Commerce et ce que Boeing ont décidé par rapport à Bombardier, et que c’était inconcevable qu’on fasse des achats militaires de Boeing si (l’avionneur) continue d’agir de cette façon», a expliqué le Premier ministre canadien à la presse.
«Les tentatives de Boeing de mettre au chômage des dizaines de milliers de travailleurs de l’aéronautique au Canada ne sont pas quelque chose que nous considérons comme positif», a-t-il dit.
M. Trump «a dit qu’il comprenait que c’était un enjeu très important pour nous», a ajouté M. Trudeau, affirmant que la conversation avec le président américain n’avait «pas été facile» mais qu’elle était «importante à avoir».
L’administration américaine a imposé des droits compensatoires de 220% sur les avions CS100 et CS300 de Bombardier importés aux États-Unis et une taxe antidumping de 80% sur ces mêmes avions. Boeing accuse Bombardier de fabriquer ses avions de 100 à 150 places grâce à des subventions publiques et de les avoir vendus à perte à la compagnie Delta Air Lines.