Trump a annoncé que les États-Unis allaient se retirer du Traité de libre-échange transpacifique. La nouvelle est réjouissante.
Tout simplement parce qu’un tel traité ne peut pas fonctionner à l’avantage des États-Unis ou du Canada. La plupart des États-membres sont des États qui d’une manière ou d’une autre dirigent et protègent leur marché intérieur. Croire qu’un traité commercial pourra contrer le protectionnisme systémique de ces pays relève d’une navrante naïveté. Comme si, pour prendre un exemple parmi tant d’autres, le Parti communiste du Vietnam allait renoncer à diriger l’économie du pays à travers son réseau. Comme si ce Parti allait laisser la concurrence étrangère s’installer au Vietnam au détriment des entreprises vietnamiennes. Il ne faut vraiment rien connaître des cultures asiatiques pour s’imaginer vaincre les diverses mesures protectionnistes des pays de la zone Asie-Pacifique par de simples réglementations commerciales.
Négociations bilatérales et multilatérales
Malheureusement, la véritable nouvelle dans l’abandon de ce traité est que les États-Unis ont décidé de ne plus négocier de manière multilatérale, mais de manière bilatérale.
Négocier de manière multilatérale veut dire s’asseoir à une table de négociation avec plusieurs pays à la fois. Pour les petits pays, ce genre de négociations est une aubaine. Elle leur permet de faire front commun contre le plus fort, en l’occurrence les États-Unis, et de lui arracher des gains.
Les États-Unis veulent maintenant négocier les accords commerciaux de manière bilatérale. Ce genre de négociations est plus difficile pour les petits pays. Même le Canada, qui est une puissance moyenne, préfère négocier de façon multilatérale avec les États-Unis.
Le rôle de la Chine
Par-ailleurs, la Chine a repris le flambeau du libre-échange en Asie. La Chine, qui était exclue à prime abord du Traité de libre-échange transpacifique, tente à présent de renforcer son réseau commercial dans la région asiatique grâce à un autre traité commercial de libre-échange qui pour le moment exclut les pays des Amériques. Et pour cause : le gouvernement chinois va chercher à incorporer dans cet autre traité des mesures qui favorise son commerce. Il sera bien difficile, sinon impossible, pour les pays qui voudront rejoindre le traité subséquemment de modifier ces règles.
Mais la Chine ne croit pas vraiment au libre-échange, même si officiellement elle s’en fait un champion. Ce qui importe à la Chine est de consolider son réseau commercial en excluant de celui-ci ses compétiteurs. Du reste, comme la plupart des autres économies d’Asie, la Chine possède ses propres structures protectionnistes, structures qui vont bien au-delà de simples tarifs ou même d’une règlementation protectionniste. Qu’on songe entre autres au «guanxi», ce clientélisme extrême.
Et pour le Canada ?
Et le Canada dans tout ceci ? Il va probablement pâtir de la politique protectionniste des États-Unis. Le traité de libre-échange avec l’Europe pourrait se révéler une alternative intéressante dans l’éventualité d’une rupture du traité de libre-échange nord américain. Et qui sait, la Grande-Bretagne va peut-être tenter de réactiver une partie de son ancien réseau commercial du Commonwealth ?
Il est certain que le gouvernement canadien sera tenté de négocier à la pièce des accords de libre-échange avec des pays d’Asie. Mais étant donné le fonctionnement économique particulier de la plupart d’entre-eux, il ferait bien de s’en abstenir.
On peut ne pas beaucoup aimer Trump. Mais ce dernier a raison avec le commerce chinois et asiatique. Il a entendu des entrepreneurs américains raconter combien souvent ils s’étaient fait avoir en Chine ou en Asie. Cette expérience de terrain vaut mieux que toutes les théories sur le libre-échange qui sont fort belles sur papier, mais qui se révèlent désastreuses quand on les applique à certains pays.
Attention cependant : Trump n’est pas contre les accords de libre-échange comme tels. Il prétend pourvoir mieux les négocier. Il n’est pas évident qu’il y parviendrait avec un pays comme la Chine.
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