Lettre ouverte des députés démissionnaires du Bloc: nous resterons une voix forte pour le Québec

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Ils veulent poursuivre la stratégie de Duceppe

Le 28 février, nous avons quitté le caucus du Bloc Québécois et avons annoncé qu’il nous était impossible de continuer de travailler dans un climat perpétuel de conflits et de tensions. Pour le dire crûment, nous sommes d’avis que le leadership, les orientations et la vision de Martine Ouellet ne servent pas les intérêts des Québécoises et des Québécois.


Quand une voiture roule à 200 kilomètres-heure vers un mur, la loyauté du copilote, c’est de dire que si on continue comme ça, on va s’écraser. La soumission, c’est de se taire et de rentrer dans le mur ! Nous avons été loyaux, Martine Ouellet exigeait qu’on soit soumis. Ça ne pouvait plus durer.


Notre mission


Les multiples sorties publiques de Martine Ouellet depuis que nous avons quitté le caucus du Bloc Québécois témoignent du malentendu profond que nous avons sur la mission du Bloc Québécois. Quel rôle pour un parti indépendantiste fédéral ? Madame Ouellet considère qu’il n’y a qu’un rôle pour le Bloc et c’est de parler d’indépendance.



Elle ajoute qu’il faut aussi, presque accessoirement, défendre les intérêts du Québec, mais que là n’est pas le fondement de notre présence à Ottawa.


Nous croyons au contraire que pour servir l’indépendance, il faut avoir comme priorité les intérêts des Québécoises et des Québécois. Sans compromis. D’abord et tout le temps.


Tout nous ramène toujours aux intérêts des Québécoises et des Québécois. Ce n’est pas seulement une question de pertinence, c’est le sens même de notre engagement. Nous sommes indépendantistes parce que c’est dans l’intérêt du Québec.


Défendre nos intérêts


L’échéancier référendaire ne doit pas être fixé à Ottawa, et quand le Québec fera un référendum sur son avenir politique, ce ne sera pas à l’initiative du gouvernement fédéral. Les décisions sur notre avenir se prendront à Québec. À Ottawa, nous avons la responsabilité de protéger le Québec des effets néfastes du carcan fédéral, de porter les consensus de l’Assemblée nationale et de présenter des propositions qui correspondent à ce que nous sommes. De cette façon, non seulement sert-on les intérêts de la population québécoise, mais en plus, nous démontrons la nécessité de l’indépendance du Québec. Quand nous défendons la culture québécoise, l’identité québécoise, les façons de faire du Québec et le développement du Québec, nous faisons la promotion de l’indépendance. Nous démontrons que le Québec est mal servi par le fédéralisme, et, par nos propositions, nous démontrons que nous avons tout ce qu’il faut pour être un pays.


Les partis canadiens font passer l’intérêt supérieur du Canada avant celui du Québec, quitte à sacrifier nos intérêts. On l’a vu avec Énergie Est alors que la population québécoise prenait tous les risques, mais n’avait aucun bénéfice. On l’a vu quand Ottawa a annoncé des milliards de dollars pour la construction de navires et n’a rien attribué au Québec, qui compte sur un des meilleurs chantiers maritimes du Canada. On l’a vu avec le bois d’œuvre et la gestion de l’offre. Les exemples n’en finissent plus.


Nous sommes à Ottawa parce que nous refusons que les intérêts du Québec soient subordonnés à ceux du Canada ; nous ne subordonnerons jamais les intérêts des Québécoises et des Québécois à quoi que ce soit.


Être indépendantiste, c’est vouloir que le Québec soit responsable de son avenir. Cette notion de responsabilité doit être omniprésente dans nos actions.


Comment sauver l’idée du Bloc ?


Le bureau national du Bloc Québécois se réunira en fin de semaine pour décider s’il nous retirera notre membership. Il doit se poser la question à la lumière des récents événements. Une chef qui utilise son premier conseil général pour s’en prendre à ses propres députés, est-ce que ça sert le Québec ? Une chef qui siège à Québec quand son parti est à Ottawa, est-ce que ça sert le Québec ? Une chef qui divise au point de perdre 70 % de son caucus, est-ce que ça sert le Québec ?


Si le bureau national décidait de nous exclure de façon définitive, il aura contribué, nous en sommes certains, à la mort du Bloc Québécois.


Mais quoi qu’il arrive, les Québécoises et les Québécois peuvent être rassurés : nous resterons une voix forte à Ottawa. Parce que c’est notre responsabilité, parce que le Québec en a besoin.


Louis Plamondon, Bécancour—Nicolet—Saurel ; Monique Pauzé, Repentigny ; Gabriel Ste-Marie, Joliette ; Michel Boudrias, Terrebonne ; Rhéal Fortin, Rivière-du-Nord ; Simon Marcil, Mirabel ; Luc Thériault, Montcalm