Lettre à M. André Pratte
Objet : Pont Champlain.
M. Pratte, la présente fait suite à votre article publié le 8 mai 2014 sur le pont Champlain et le mien (Note 1), sur le même sujet, publié, quelques jours avant le vôtre, soit le 6 mai. Je vous l’ai d’ailleurs "tweeté" le 9 mai.
Le but de cette lettre est principalement d’informer notre communauté, nos leaders, nos décideurs qu’il y a au moins une autre façon d’aborder le financement du pont Champlain que la notion utilisateur-payeur & éviter son l’application autocratique.
L’argumentation présentée dans votre texte vise à justifier le bien-fondé de la traditionnelle idée d’utilisateur-payeur et à neutraliser la pertinence des opinions des opposants à ce concept comme s’il n’y avait qu’un seul concept de référence pour financer équitablement le pont.
Or il y a effectivement un autre qui mérite d’être présenté, critiqué bien entendu, qui élèvera le débat et possiblement apporter de nouvelles options. L’autre angle de réflexion repose sur le concept de bien commun (Note 2). Mme Elinor Ostrom, première femme à recevoir le « prix Nobel » d'économie, a reçu cette reconnaissance pour son analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs. Sous l’angle de bien commun, l’analyse nous conduit sur l’avenue bénéficiaire- payeur. Elle est une alternative à la formule utilisateur-payeur.
Curieusement les quelques exemples des opposants au concept d’utilisateur-payeur que vous dénigrez, trouvent toute leur pertinence dans le concept de bénéficiaire-payeur. Il devient facile, sous la loupe de ce concept, de trouver de multiples exemples semblables à ceux apportés par les opposants. À cet effet, je vous réfère à mon article cité plus haut.
En conclusion je trouve que votre article n’est pas à la hauteur de nos attentes. Au lieu d’interpeller notre sens critique, notre ouverture d’esprit, notre gros bon sens, vous contribuez à éteindre nos esprits. Vous encouragez l’acceptation forcée, les gros bras au lieu d’un assentiment justifié, équitable, de bon sens. De plus vous n’abordez pas les impacts de l’approche utilisateur-payeur sur les autres ponts. Votre article n’ouvre pas la porte à de nouvelles possibilités, il nous aveugle, il nous conduit à des culs-de-sac. Je me demande si votre article reflète les valeurs fondamentales du journalisme (Note 3).
En terminant, rigoureusement, qu’est-ce qu’un pont est local vs et un qui n’est pas local? Quelques exemples nous aideraient à mieux comprendre!
Au plaisir de vous lire sous peu.
Michel Aubin
Cultivateur
Twitter: @maubin1
Note 1 : http://www.vigile.net/Pont-Champlain-utilisateur-VS
Note 2 : http://www.vigile.net/L-anse-de-la-prochaine-revolution
Note 3 : http://tinyurl.com/p829edr page 2.
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4 commentaires
Pierre Cloutier Répondre
16 mai 2014Votre texte est très intéressant. Je le garde comme ouvrage de référence.
Pour le Pont Champlain, j'ai une question que je vais résoudre bientôt. Où va l'argent collecté par l'administration de la Voie maritime, comme tarifs de passage? Voir ici :http://www.media-seaway.com/seaway_handbook/seaway-handbook-fr/web_tarif_peages.pdf
François Ricard Répondre
15 mai 2014M. Nantel a tout-à-fait raison.
Déjà nous payons notre quote=part dans la construction de ce pont qui assure la prospérité de Toronté et Hamilton. Au détriment de Montréal et du Québec.
En plus, on voudrait instaurer un péage!
Ou est le PQ en ce dossier?
François Ricard
Normand Bélair Répondre
15 mai 2014Je n'en reviens toujours pas: On prend un pont (le nôtre) payé depuis des lunes par nous les citoyens, un pont punlic, quoi ET on se retourne de bord pour DONNER ce pont à l'entreprise privée pour qu'en suite, il nous facture pour avoir; non plus le droit, mais bien le privilège de passer sur leur pont!
Donc, si je comprend bien, si nous gardions le pont actuel, le fédéral va continuer à payer TOUTES les réparations, et sans poste de péage. C'est bien ça?
Jean-Jacques Nantel Répondre
15 mai 2014Ce qu'il faut dire et répéter à des gens comme André Pratte, c'est que 90% du coût du pont Champlain est dû aux gros bateaux qui passent en-dessous et qui se rendent en Ontario sans rien payer au Québec.
Ce dont les Québécois ont besoin pour rejoindre la rive sud du Saint-Laurent, c'est d'une grosse estacade du pont Champlain, une estacade à huit voies, qui coûterait environ 200 millions de dollars. (L'estacade du pont Champlain, c'est le petit pont bas à deux voies qui passe à cent mètres à l'ouest du pont Champlain.)
En conséquence, tout le reste du coût du nouveau pont Champlain devrait être payé par les gros bateaux qui passent en-dessous.