Percée impressionnante dans certains pays, telle la Grèce, ou montée lente mais sûre dans d’autres, l’extrême droite quadrille désormais l’Europe. Une montée pas uniquement due aux effets du marasme économique ou de l’ampleur de la crise migratoire.
Il n’y a pas que l’Autriche. De la France à la Suède, du Royaume-Uni à la Grèce, ces dernières années ont vu progresser une droite radicale, populiste, xénophobe et antieuropéenne. Souvent comparé à une « vague » ou un « raz-de-marée », le phénomène est plus complexe, et pas toujours lié à l’ampleur de la crise économique ou à celle des mouvements migratoires.
Un phénomène d’ampleur
La montée de l’extrême droite est manifeste dans certains pays européens. En France, le Front national bat des records électoraux depuis 2012. Créé il y a seulement trois ans, le parti allemand AfD a réalisé une percée lors des élections régionales de mars. En Grèce, les néonazis d’Aube dorée disposent depuis septembre 2015 de 18 sièges à l’Assemblée nationale. « Alors que l’extrême droite était assez marginale il y a trente ou quarante ans, elle est, par endroits, en mesure de contester le leadership de la droite “traditionnelle” », commente Jean-Yves Camus, spécialiste de cette famille politique et auteur avec Nicolas Lebourg de l’ouvrage Les droites extrêmes en Europe (Seuil, 2015). « Le problème pour ces partis est qu’ils n’accèdent que marginalement au pouvoir, le plus souvent comme alliés minoritaires de la droite traditionnelle, nuance Jean-Yves Camus. Souvent, leur rôle est donc avant tout celui de lobbys qui font pression sur le programme politique. Ils imposent les thèmes de l’immigration et de l’identité, mais sans tirer eux-mêmes les marrons du feu. » Par ailleurs, l’extrême droite reste très marginale dans certains pays tels l’Espagne ou le Portugal. « Les extrêmes droites locales sont restées confites dans la mémoire du franquisme et du salazarisme, qui ne dit pas grand-chose aux jeunes générations, explique Camus. Alors que les grands partis de droite affichent un discours conservateur et libéral, et une certaine prudence sur les questions mémorielles. C’est assez pour les électeurs potentiels de l’extrême droite. »
La faute à la crise ?
Crise = extrême droite. Soutenue par l’exemple des années 1930, cette équation se voit remise au goût du jour pour expliquer les actuels progrès de cette mouvance. Mais le facteur économique est-il vraiment déterminant ? Les exemples de la Grèce et, dans une moindre mesure, de la France plaident en ce sens. Pourtant, dans d’autres pays durement touchés tels l’Espagne, le Portugal ou l’Irlande, l’extrême droite reste marginale. À l’inverse, celle-ci pourrait conquérir le pouvoir en Autriche, où la situation est bien meilleure en dépit d’une croissance ralentie. De même, le nombre d’immigrés ne semble pas déterminer, seul, les résultats de l’extrême droite. Selon Jean-Yves Camus, c’est en réalité un ensemble de causes et la « personnalité » propre de chaque pays qui expliquent les niveaux de celle-ci : « Globalement, celle-ci prospère lorsque trois crises se déroulent en simultané : une crise de la représentativité, c’est-à-dire du fonctionnement des institutions ; une crise de la redistribution, c’est-à-dire une remise en question du caractère équitable de l’impôt ; et une crise de l’identité. » Un cocktail que le spécialiste voit à l’oeuvre notamment en France.
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EUROPE
Les voix de l’extrême droite
La crise économique n’est pas la seule raison expliquant la présence de partis de plus en plus radicaux
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