À l’origine, il y a eu le voile que les femmes de différentes traditions, cultures et religions ont porté et continuent de porter, un peu partout dans le monde.
Dans l’islam, il est mentionné dans au moins six versets du Coran, avec des significations et des contextes très différents. Aucun n’en fait une obligation religieuse (voir mon texte dans La Presse du 15 janvier 1994, «Voile : les femmes musulmanes ne sont pas un groupe monolithique»).
Du voile islamiste
D’aucuns veulent bien l’ériger en pilier de l’islam. Or, il y a cinq obligations religieuses dans l’islam, et le voile n’en fait pas partie.
Pourquoi alors l’ériger en droit fondamental, assimilé à une liberté de religion? Et qui a intérêt à en faire un droit fondamental? (Voir ma chronique du 17 avril dernier, Aux origines du “voile dit islamique” : la prostitution.)
Force est de constater que cette revendication de voile comme obligation religieuse est portée par des groupes salafistes, wahhabites et djihadistes qui sont dans une lutte sans merci avec l’Occident, ses symboles et ses valeurs.
C’est une obsession maladive qui remonte aux idéologues du wahhabisme et du salafisme, comme Ibn Taymiyya, Sayyid Qutb, Hassan el-Banna, Youssef al-Qardaoui et bien d’autres.
Ceux et celles qui défendent le voile comme droit individuel assimilé à la liberté de religion gagneraient à lire ces «grands savants de l’apocalypse» pour savoir qui sont leurs alliés stratégiques dans ce combat d’arrière-garde.
Défendre les droits de la personne, j’en suis. Mais peut-on rester scotché au « libre choix » sans remettre en question le bien-fondé de ce que l’on défend? Peut-on fermer les yeux sur les impacts de ce djihad juridique sur les droits des femmes?
Au djihad juridique
Pourtant, il est à l’œuvre depuis plusieurs décennies :
1. En 1928, Hassan el-Banna, un instituteur égyptien, fonda la société secrète des Frères musulmans avec un programme digne du totalitarisme et, déjà, le voilement des femmes était au centre de leurs préoccupations.
2. En 1953, le président égyptien Gamal Abdel Nasser, voulant les intégrer dans le jeu politique, consulta leur guide suprême sur les propositions qu’il entendait faire au gouvernement. Sa principale demande était d’imposer le voile à toutes les Égyptiennes. Nasser refusa.
3. Début des années 1970, l’Arabie saoudite va accentuer son offensive d’islamisation en déployant ses tentacules wahhabites dans le monde arabo-musulman, en Europe et au Canada (financement de mosquées, d’écoles, de centres culturels, de programmes d’études islamiques, envoi d’imams avec solde et de prédicateurs salafistes, déploiement de chaînes de télévision satellitaires dédiées à la propagation du wahhabisme, etc.), le tout s’accompagnant de campagnes de voilement des femmes et des petites filles et d’implantation de la charia.
4. En 1979, l’ayatollah Khomeiny rentra à Téhéran après quinze ans d’exil. L’une de ses premières décisions avait été d’imposer le tchador à toutes femmes, y compris les petites filles, un fardeau dont elles s’étaient libérées depuis 1936.
5. En 1989, la France est secouée par une crise du foulard. Les islamistes montèrent aux barricades. Ils ont revendiqué le voile comme porte-étendard de leur «identité politique».
6. En 2015, dans le pays des calinours, nos tribunaux avaient invalidé une directive du gouvernement Harper qui interdisait aux femmes de prêter le serment de citoyenneté avec leur niqab.
Faut-il aussi accepter la burqa, cette tenue dégradante pour la dignité des femmes? Est-ce pour cela que le Canada est allé faire la guerre aux talibans?