Les deux partis politiques traditionnels, PLQ et PQ, ont entamé, cette fin de semaine, un exercice de réflexion, après la débâcle de la dernière élection du 1er octobre 2018.
Le PQ et sa page blanche
Le PQ qui lutte pour sa raison d’être avait déjà tenu un conseil national, les 23 et 24 mars à Trois-Rivières, et annoncé une feuille de route devant le mener à sa refondation (voir «Oui, le Parti québécois a toujours sa pertinence», ma chronique du 18 mars 2019).
Hier, quelque 150 jeunes s’étaient rassemblés, à Montréal, dans un colloque pour débattre de différents enjeux : mondialisation, changements climatiques, culture et réalignement des forces souverainistes.
La parole est aux jeunes de moins de 30 ans. Le tout devant culminer par un congrès extraordinaire, les 9 et 10 novembre prochains.
Les défis sont grands pour l’un et l’autre des deux partis qui ont exercé le pouvoir, en alternance, depuis près de quarante ans, à la faveur du clivage fédéraliste-souverainiste.
Mais l’arrivée de la Coalition avenir Québec au pouvoir a changé la donne. Elle occupe le champ nationaliste à droite et au centre. À gauche du spectre, Québec solidaire navigue entre la souveraineté et le multiculturalisme, et gruge dans l’électorat indépendantiste et fédéraliste.
Il ne suffit donc plus de rénover l’édifice réduit en ruines par le séisme du 1er octobre dernier, mais de rebâtir sur la base de nouvelles fondations.
Il faut sortir de la dynamique du bipartisme et se redéfinir en tenant compte du contexte du multipartisme.
Les péquistes l’ont compris. Tout est sur la table, nous a-t-on confirmé. On repart avec une page blanche, sauf pour ce qui est de l’indépendance. « Le Québec change. Nous aussi », peut-on lire sur leur site internet.
Le PLQ : Un parti sans âme
Si le PQ cherche à revenir à ses valeurs sûres, notamment à l’indépendance et à l’identité québécoise, le PLQ, lui, a perdu son âme.
Fort de son passé de plus d’un siècle et demi d’histoire et de sa contribution immense au développement économique et social du Québec, le PLQ, sous la gouverne de M. Couillard, a gaspillé ce capital d’estime, renié ses valeurs et endommagé son image de marque.
Déserté par les militants à la base et par de nombreux organisateurs, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Réduit à une trentaine de sièges avec moins de 10 % dans le vote francophone, c’est l’hécatombe.
Pour un gouvernement qui avait promis, en 2014, de s’occuper des « vraies affaires », notamment en santé et en éducation, perdre près de 800 000 votes en l’espace d’une élection est dramatique.
Le dernier sondage Léger du 16 mars est encore plus critique. Le PLQ est à 21 % dans les intentions de vote et stagne à 10 % dans le vote francophone. Du jamais-vu dans l’histoire de ce grand parti.
Les défis pour les militants, réunis cette fin de semaine à Drummondville, sont donc considérables. Loin des débats de fond, ils seront surtout accaparés par les tractations de la course à la chefferie, dont les règles leur seront dévoilées aujourd’hui.
Ceux qui pensent reprendre le pouvoir en 2022 après une simple réforme cosmétique, en misant seulement sur un nouveau chef, n’ont pas encore compris l’ampleur des dégâts.
Quel que soit le chef qui héritera de cette tâche, s’il est choisi parmi ceux qui ont mouillé dans le trafic du gouvernement Couillard, il ne parviendra pas à « redresser l’ombre d’un bâton tordu ».