« Le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas ». Cette citation attribuée à André Malraux, grand écrivain et ministre français de la Culture, est en voie de se réaliser.
Mais le paysage religieux d’aujourd’hui est beaucoup plus complexe qu’il ne pouvait paraître, à première vue, il y a six décennies.
Dans une étude sur le paysage religieux mondial à l’horizon de 2050, effectuée par le Pew Research Center, en avril 2016, le portrait des religions serait profondément modifié.
L’islam en hausse
Sur une période de 35 ans, les projections démographiques qu’il a réalisées indiquent que le nombre de musulmans qui se situait à 1,6 milliard, en 2015, enregistrerait la plus forte hausse en 2050 (+ 73 %) et atteindrait 2,76 milliards, soit près de 30 % de la population mondiale.
Les chrétiens demeureront en tête avec 2,92 milliards, une hausse de 31,4 %, mais seront devancés par les musulmans, à l’horizon 2070. L’islam deviendra alors la première religion du monde.
Par contre, par rapport au catholicisme, le Vatican avait confirmé, en mars 2008, que l’islam s’est hissé à 19 % de musulmans dans le monde contre 17,5 % de catholiques.
Toujours en 2050, les hindous croîtront de 27 % et les bouddhistes enregistreront une baisse de 7 %.
Pour les juifs, la hausse serait de 15 %, la plus significative jamais enregistrée dans l’histoire du judaïsme. Ils passeront de 13,8 millions à 16 millions.
Cette tendance à la hausse se manifestera aussi chez les musulmans de la diaspora, autour de 10 % en Europe et de 2,1 % aux États-Unis.
Pour ce qui est de l’athéisme, même s’il continue de croître dans certains pays occidentaux, notamment en France où il représenterait 44 % de sans-religion, en 2050, il en va tout autrement à l’échelle mondiale, où sa proportion passerait de 16 % à 13,2 %.
De l’instrumentalisation
Mais qui dit religion ne dit pas nécessairement pratique religieuse. Le rapport à la religion est loin d’être monolithique.
Dans toutes les religions, on rencontre des croyants et pratiquants, des croyants non pratiquants, des pratiquants sélectifs qui célèbrent les fêtes religieuses, mais pas les rituels religieux ainsi que ceux pour qui la religion n’est qu’un référentiel identitaire ou culturel.
Et à l’autre bout du spectre, il y a les extrémistes qui instrumentalisent les religions à des fins politiques et qui propagent la haine et l’intolérance.
Ils gangrènent toutes les religions et n’en épargnent aucune. C’est le cas notamment de la droite religieuse américaine et des islamistes radicaux.
Oui, le 21e siècle connaît un retour sans précédent au « religieux », mais pas nécessairement au sens spirituel d’une foi sincère qui impose le respect.
Ce à quoi nous assistons depuis les dernières décennies, c’est à la montée en puissance d’un nouveau fascisme qui se drape d’une « légitimité religieuse » pour mieux saper les bases de la démocratie.
C’est le cas des groupes djihadistes et salafistes violents qui se réclament de l’islam politique. Ils se drapent du droit à la liberté religieuse pour mieux détruire l’édifice des droits fondamentaux que la communauté internationale a mis plus de sept décennies à bâtir.
La menace qu’ils font peser sur les démocraties est plus dévastatrice qu’on veuille bien l’admettre. Un combat que les Occidentaux peinent encore à cerner.
L’un des remparts pour endiguer cette déferlante de la haine à l’égard des mécréants est de faire de la laïcité la pierre angulaire sur laquelle reposera le mieux vivre ensemble et un socle pour notre appartenance à une citoyenneté civique au-delà de nos différences.