Il faut commencer à penser à l'«après». Le litige de départ, celui des droits de scolarité, que le recul permet de voir sous son jour réel, c'est-à-dire simple au point d'être simpliste, se réglera avec un peu de chance par un round de négociation de la dernière heure.
Est-ce que l'accord qui en résultera sera, première hypothèse, une reddition inconditionnelle? Ou seconde hypothèse, une reddition presque inconditionnelle? Et cette capitulation sera-t-elle suffisamment enfouie sous la novlangue politico-technocratique pour permettre au gouvernement Charest, désormais branché sur respirateur, de sauver la face?
Ce sont les seules questions qui demeurent. On sait déjà, en effet, qui a gagné.
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Et pour la suite des choses? Alors là, ça devient plus sérieux.
Les principes fondamentaux qui civilisent les sociétés évoluées, prospères et pacifiques, c'est-à-dire la primauté du droit ainsi que la mécanique démocratique, ont pris un sale coup sur la gueule. Du jamais vu ici. Il est dorénavant légitime d'adhérer à l'idée d'un buffet de lois dans lequel chacun peut piger celles qu'il respectera. À l'idée, aussi, d'un pouvoir dévolu à la «rue» à partir d'un certain niveau de nuisance, d'intimidation et de violence.
Il s'agit d'un recul, non pas de quelques décennies, mais de quelques siècles.
De plus, une haine d'une nature inédite, irrationnelle, fanatique, s'est manifestée à l'endroit des médias traditionnels. En particulier à l'endroit de la fraction de ceux-ci qui ne sert pas quotidiennement des vivats enflammés au nouveau régime de droit et de gouvernance. Ce n'est pas anodin. Il sera difficile pour des années à venir de mener des débats à peu près sensés. Quant à la notion de respect, c'est une coquetterie de vieux mononc' dont on n'entendra plus parler de sitôt.
Le dessert a été gardé pour la fin.
L'agitation des trois derniers mois a bien fait comprendre que toute réforme essentielle, mais exigeante, à laquelle pourrait songer un gouvernement à venir est dorénavant impensable. Elle sera rejetée par la «rue». Tout le monde a compris les nouvelles règles du jeu.
Le triomphe du statu quo qui se scelle actuellement est en apparence celui d'une minorité de la population jeune. Or, cette minorité n'est pas vraiment à blâmer. Avec intelligence, elle a simplement su trouver des appuis dans les vieilles redoutes les plus arc-boutées, mais aussi les plus inexpugnables, de la société. C'est de ce côté qu'on savoure la victoire, en prévision des blocus à venir. Et ce sont les jeunes qui, un jour, en paieront le prix.
Mardi dernier, lors de la grande marche diurne, une manifestante a ramassé de splendide façon la constellation de doléances catapultées par le big bang étudiant. «Nous revendiquons un monde meilleur!», a-t-elle lancé à la caméra.
Vaste programme!
On aimerait juste savoir de quoi serait fait ce meilleur des mondes s'il devait advenir.
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