Les recruteurs

Trois anecdotes qui m'ont inspiré mon roman «Bâtonnier»

Chronique de Louis Lapointe

Un des vieux trucs inventés par les professeurs pour inviter les étudiants dans leur bureau est de perdre leurs travaux.

Alors que j’étais étudiant en «Libertés publiques» dans la classe de François Chevrette, ce dernier me fit le coup à la dernière journée de cours. Tous les étudiants reçurent leur résultat de la session sauf moi. Il avait apparemment égaré mon travail de session qui comptait pour 100% de la note finale.

Quelques jours plus tard, je me rendis donc à son bureau pour finalement comprendre qu’il souhaitait me recruter comme étudiant à la maîtrise.

Flatté, mais mal à l’aise, je refusai son offre sur le champ sans trop y réfléchir. Mon projet était de me présenter au Barreau l’année suivante, pas de faire une maîtrise.

Rétrospectivement, je crois que j’aurais dû accepter cette offre. François Chevrette était alors, et est demeuré jusqu’à sa mort, une référence incontournable en Libertés publiques.

Il m’aurait donné accès à son réseau intellectuel et je serais probablement devenu doyen de faculté de droit plutôt que directeur de l’École du Barreau.

Une offre qui m’aurait ouvert toutes les portes...

***

Vingt ans plus tard, j’appris qu’il n’y avait pas que les professeurs et les cabinets d’avocats qui recrutaient des étudiants sur les bancs de classes.

À l’occasion d’un dîner bien arrosé du conseil d’administration de l’École du Barreau, deux membres de mon conseil nous racontèrent comment ils avaient été approchés par la CIA à la fin de leurs études.

On les avait invités à participer à une fin de semaine de formation à Washington qui leur ouvrirait les portes d’une carrière internationale.

À cette occasion, on leur offrit de participer à une formation plus approfondie où ils apprendraient différentes techniques de communication et d’animation dans le but de devenir coopérants internationaux auprès de différents organismes humanitaires.

En échange, ils recevraient une allocation de voyage et s’engageraient à continuer de coopérer une fois revenu au Québec.

Cette expérience internationale leur permettrait d’intégrer plus facilement divers milieux intellectuels et professionnels : universités, médias et grands cabinets d’avocats.

Une offre qu'ils déclinèrent, sinon nous n'en aurions probablement jamais entendu parler.

***

J’ai connu le professeur Jacques Frémont à la même époque, bien avant qu’il devienne président de la Commission des droits de la personne. Il était alors à la tête du programme de formation de juges en Chine où il allait régulièrement.

Une fois devenu vice-recteur, il a continué à visiter la Chine et y a même participé à une mission en compagnie de Jean Charest.

Louise Arbour, ancienne juge à la Cour Suprême et ancienne haute commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, fait partie de son réseau. Ils ont d’ailleurs suivi ensemble, de Paris, les résultats du référendum de 1980.

***

Ces trois anecdotes qui n’ont aucune relation entre elles m’ont inspiré un roman dont j’ai publié quelques extraits dans le cadre de ma chronique.

*« Bâtonnier » est un roman écrit en 2005 qui raconte les tribulations de Jacques Milaire, un avocat de 50 ans représentant les médias et les compagnies de pétrole, qui souhaite devenir Bâtonnier et…juge.

Un roman où l’aventure et le fantastique sont des prétextes pour traiter de l’importance de la transgression des tabous dans l’évolution de nos mœurs, afin que se concrétise la nécessaire égalité entre hommes et femmes, prélude à la liberté des personnes et des peuples.

Y a-t-il une limite éthique à toutes ces transgressions ? Quel rôle les médias, les ordres professionnels et les gouvernements jouent-ils dans le maintien de ce fragile équilibre entre la transgression des tabous et la promotion d’une éthique collective, dans un monde où l’ambition et l’opportunisme des hommes sont de redoutables armes au service des défenseurs du progrès et des promoteurs de nouvelles croyances ainsi que de constantes menaces pour les libertés individuelles et collectives ?

(…)

À la suite de pressions exercées par Grégoire, doyen de la faculté de droit, Jacques Milaire participe à une mission en Chine dont l’objectif caché est de retrouver un journaliste américain d’origine chinoise emprisonné dans un camp de travail. Cette mission, à laquelle participent deux journalistes, révèle l’existence d’un réseau de transplantation d’organes dont la principale source d’approvisionnement est les condamnés à mort exécutés dans les prisons chinoises...

Toute ressemblance avec la réalité est purement fortuite.

Suite du synopsis

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Synopsis

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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