Prolongement de l'autoroute 30

Les Mohawks font obstacle

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Les Mohawks - ces providentiels opposants...


Les Mohawks de Kahnawake exigent d'être consultés sur le tracé de l'autoroute 30, une démarche qui a incité le gouvernement fédéral à freiner subitement pour la construction d'une voie de contournement de la métropole, un projet attendu depuis des années.
Selon les informations obtenues par La Presse, Transports Québec a déjà décidé de suspendre les premiers travaux pour la construction d'une bretelle, qui devaient être entrepris il y a un mois, à la suite des démarches du conseil de bande de Kahnawake.
Au cabinet du premier ministre Jean Charest, hier soir, on précisait que seul un échangeur sur le tronçon est de l'autoroute était contesté par les Mohawks. "Des consultations auront lieu, mais pas nécessairement des négociations", a dit Hugo d'Amours, porte-parole de M. Charest. À Transports Canada, on rappelait que le fédéral appuyait financièrement la construction du tronçon ouest et que celui situé à l'est relevait uniquement du gouvernement québécois.
Par ailleurs, le cabinet de Jean Charest est conscient que le gouvernement de Stephen Harper est prêt à mettre au frigo ce projet, le temps de réaliser une plus vaste consultation avec les autochtones. Même à Québec, le nouveau ministre Benoît Pelletier, qui prend le relais de Geoffrey Kelley, penche pour la mise en place de paramètres généraux pour établir un mécanisme de consultation avec les autochtones, une mécanique qui suppose un délai passablement long.
"Nous devons être consultés, c'est une obligation", a résumé hier le directeur adjoint du grand conseil, Allan Morris. Joint par La Presse, cet ancien champion olympique d'aviron a confirmé que les Mohawks avaient transmis par écrit leurs revendications à Jean Charest et à Stephen Harper, une lettre envoyée il y a six semaines environ dont le ton était très musclé, confie-t-on dans les officines gouvernementales. Deux tronçons de l'autoroute - entre Châteauguay et Vaudreuil, ainsi qu'entre Candiac et Sainte-Catherine - se trouvent sur le territoire de l'ancienne seigneurie Sault-Saint-Louis, que revendiquent les Mohawks.
"Cela passe très très près de la réserve", d'insister M. Morris.
La stratégie de Québec sera de proposer d'abord une discussion "de bon voisinage" pour déterminer si les autochtones seraient intéressés à des quotas de contrats ou d'emplois dans la réalisation des travaux.
Mais si cette première stratégie fait long feu, si les autochtones tiennent à maintenir leurs revendications territoriales, l'échéancier prévu pour la construction de la 30 va sérieusement dérailler. Outre Stephen Harper, les ministres Lawrence Cannon (Transports) et Jim Prentice (Autochtones) sont impliqués dans ce dossier.
À Québec, il faut que les ministres Benoît Pelletier et Julie Boulet, nouvelle titulaire des Transports, accordent leurs violons.
Pour les spécialistes de ces questions, la position des Mohawks risque d'être une fort mauvaise nouvelle pour le progrès de ce chantier promis à maintes reprises par les politiciens tant à Québec qu'à Ottawa.
En effet, le conseil de bande sera en élections d'ici 18 mois à Kahnawake, et il en coûterait cher politiquement au chef Andrew Delisle Jr de paraître conciliant avec Québec et Ottawa.
En novembre 2006, Stephen Harper et Jean Charest s'étaient rendus sur place pour s'engager à construire cette autoroute. "Cette fois est la bonne", avaient-ils dit, en référence aux nombreuses annonces de politiciens dans ce dossier jamais concrétisé.
Un précédent en Colombie-Britannique
Pour M. Morris, les revendications des Mohawks s'inscrivent dans les droits reconnus par la Cour suprême en novembre 2004 à la nation haïda en Colombie-Britannique. Le plus haut tribunal avait statué que les gouvernements avaient l'obligation morale de consulter les autochtones avant d'autoriser des projets publics et privés sur les territoires qu'ils revendiquent.
Il y un an, le chef Delisle avait soutenu qu'il restait possible que la communauté s'adresse aux tribunaux pour faire stopper les travaux.


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