Normand Lester, chroniqueur et écrivain. Je suis parmi les 101 Québécois et franco-canadiens qui ont signé un texte dénonçant une recrudescence de la francophobie au Canada. Il n’y a là rien de bien nouveau dans ces manifestations de haine anti-française me direz-vous. C’est un atavisme chez les Anglos qui date d’avant la conquête du Canada par l’Angleterre. De ce coté-ci de l’Atlantique, la déportation des Acadiens à partir de 1756 en fut une première manifestation horrible.
Soit dit en passant, ni le gouvernement britannique, ni le gouvernement fédéral canadien en tant que son État successeur, ne se sont jamais excusé auprès des Acadiens pour ce crime terrible. Pourtant, Ottawa n’en finit pas de s’excuser des exactions et des injustices commises envers les autochtones. Pourquoi celles commises contre les Acadiens et les francophones en général sont-elles oubliées, niées, escamotées ?
La fièvre anti-française actuelle au Canada et au Québec anglais connait un crescendo depuis le retour au pouvoir du Parti Québécois et sa décision de bonifier la Charte de la langue française et d’introduire une Charte de la laïcité.
Depuis un an, la diabolisation du Québec français et les incitations à la haine des Québécois battent leur plein dans les médias anglophones. Le National Post et The Gazette s’illustrent particulièrement par la bassesse immonde de leurs attaques et de leurs injures sordides. Ils savent répondre aux attentes de leurs lecteurs. Déféquer sur les Québécois est chez eux une habitude. Dans le cas de la Gazette, ça fait 200 ans que ça dure.
Un thème est récurrent dans leurs propos ignobles. Toute défense de la culture distincte du Québec est automatiquement associée au nazisme. Pauline Marois, comme René Lévesque avant elle, égale Hitler. Cette association odieusement mensongère: les sympathisants nazis étaient beaucoup plus nombreux au Canada anglais qu’au Québec.
C’est avec un plaisir malsain évident que les commentateurs du Canada anglais se délectent à identifier le leader nazi canadien d’avant-guerre Adrien Arcand au nationalisme québécois, évidemment totalitaire et anti-démocratique à leurs yeux. C’est diffamer le personnage. Adrien Arcand était un anglophile, ardent défenseur d’un Canada uni. Comme Pierre Elliott Trudeau, Justin Trudeau et Jean Chrétien. Les nazis canadiens de l’époque étaient des fédéralistes inconditionnels, ennemis de Groulx et de Duplessis. Ils commençaient toujours leurs assemblées en faisant le salut hitlérien pour jurer fidélité au gouvernement du Canada et au Roi d’Angleterre.
Défenseur des valeurs et des idéaux canadians, Arcand était secrètement à la solde du Premier ministre du Canada R. B. Bennett. Comme je l’ai montré dans «Le livre noir du Canada anglais» en me fondant sur des documents d’archives du Congrès Juif, Bennett finançait les deux journaux violemment antisémites d’Arcand. En 1932, Arcand et son bras droit, Joseph Ménard concluent une lettre au premier ministre Bennett avec déférence et soumission : «Your loyal and faithful Soldiers…»
Bennett a donné l’équivalent de 350 000$ actuel à Arcand selon certaines estimations. Mais beaucoup de zones d’ombres demeurent autour de leurs relations. Les archives d’Arcand ont disparu après avoir été saisies par la Gendarmerie royale du Canada en 1940. Elles n’ont jamais été revues depuis !
William Lyon Mackenzie King, le 22 octobre 1929. Le successeur de R. B. Bennet au poste de Premier ministre du Canada, le libéral Mackenzie King est un individu troublé et irrationnel qui converse presque chaque jour avec des fantômes. C’est aussi un antisémite et un admirateur d’Hitler. Dans leur livre None Is Too Many, Irving, Abella et Harold Troper citent une observation tirée du journal intime de Mackenzie King au sujet d’Hitler: «He might come to be thought of as one of the saviours of the world.» Le premier ministre du Canada pense que le chef nazi pourrait être considéré comme un sauveur de l’humanité!
Fasciné par Hitler, Mackenzie King se rend en Allemagne le rencontrer en 1937. Dans le Berlin visité par le premier ministre canadienne, les Juifs sont méprisés, honnis, exclus de diverses professions et interdits dans plusieurs hôtels et centres de villégiature… comme en Ontario.
Le Premier ministre canadien profite de son passage à Berlin pour signer un accord commercial avec l’Allemagne nazie et passe ensuite une soirée amicale à l’opéra en compagnie du Reichsmarschall Hermann Goering, le numéro deux du régime et successeur désigné du Führer. Quand Hitler tient devant lui des propos outrageux sur les Juifs, King ne s’objecte pas; le ton sur lequel il les note dans son journal intime montre qu’il y souscrit.
Avant d’accuser le Québec de nazisme, les commentateurs anglo-canadiens feraient bien de commencer par ramasser les excréments qui salissent leur propre passé.
Mais ils aiment tellement nous détester. We hate you because your different. Les Canadien anglais vont haïr notre différence tant qu’ils ne nous nous auront pas réduits à être une Louisiane nordique, des Louisianais avec des tuques. Junior Trudeau et Philippe Couillard y travaillent.
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