Il vient un moment, dans une campagne électorale, où les partis n’ont plus de projets à présenter, ne prononcent plus que des discours vaguement recyclés et se contentent d’attaquer les adversaires en marquant le temps. C’est un signe que, pour les électeurs, les jeux sont faits et il ne reste plus qu’à aller voter.
Mais si les électeurs sont prêts, les partis politiques et les organisations, eux, ne peuvent rien laisser au hasard. Parce que le Québec va vivre sa première élection qui est une véritable lutte à trois, ce qui rend les résultats totalement imprévisibles et les prédictions tout à fait inutiles. Les derniers sondages de la campagne n’y changeront rien.
Nous sommes dans une situation de luttes à trois, où il y a tellement de facteurs en jeu qu’il y aura plein de surprises et des résultats complètement imprévisibles.
Dans les régions où l’ADQ est en progression, on ne parle que de partis qui s’arrachent des comtés les uns aux autres et qui pourraient même permettre au candidat que l’on croyait le plus faible de se faufiler entre ses deux adversaires.
Il est clair que la montée de l’ADQ n’aura pas les mêmes effets partout. Parfois, cela lui donnera une victoire dans une circonscription, mais parfois cela aura pour effet d’aider soit le candidat libéral, soit le candidat péquiste. Sauf qu’on ne le saura qu’à l’analyse des résultats. Pas avant.
Cela dit, tout nous indique qu’il y aura, lundi soir, un nombre très important de circonscriptions qui se décideront par 200 ou 300 voix ou moins, ce qui rend les estimations impossibles, même pour les organisations locales.
Mais si on ne peut pas prévoir le résultat, on peut très clairement dégager certaines lignes de force. D’abord, le débat électoral a porté en grande partie sur le bilan du gouvernement Charest. Or, au déclenchement des élections, il n’y avait qu’environ 40 pour cent des électeurs qui étaient satisfaits du gouvernement sortant. C’était bien en-deçà du niveau d’appuis qui permet normalement à un gouvernement d’être réélu.
Un peu partout sur sa route, M. Charest a rencontré des électeurs qui lui exprimaient leur insatisfaction. Il n’y a pas eu que les travailleurs d’usine à Varennes…
Malgré cela, M. Charest a continué à parler de son bilan à presque tous les arrêts de sa campagne, sans se rendre compte, semble-t-il, que cela faisait fuir les appuis vers l’ADQ.
L’autre ligne de force qu’on a pu constater, c’est l’incapacité de l’Opposition officielle d’être la principale bénéficiaire de l’impopularité du gouvernement.
André Boisclair a fait une campagne pratiquement sans faute, mais – au moins jusqu’au débat – c’était aussi une campagne sans impact. Comme si les électeurs n’avaient pas eu vraiment envie d’entendre ce que le chef du PQ avait à dire. Comme si sa cause avait été entendue avant même que la campagne ne commence.
On assiste, ces derniers jours, à un retour de vieux militants péquistes au bercail. Pour certains, c’est pour la cause souverainiste, pour d’autres c’est pour la tradition social-démocrate du PQ. Mais il reste que ce retour arrive très tard pour le PQ et, surtout, pour André Boisclair – qui doit s’attendre à une contestation ouverte de son leadership, quel que soit le résultat de lundi soir.
C’est dans ce contexte qu’on a assisté à une montée de l’ADQ. On ne peut prévoir les résultats qui sortiront des urnes. Mais le ciment est pris et il est clair qu’on a affaire à un vote de protestation puissant, nourri de la faiblesse conjoncturelle des deux partis traditionnels.
Et il est bien inutile d’expliquer à ces électeurs la faiblesse de l’équipe adéquiste ou les trous dans son cadre financier. Ils le savent. Mais ils ont encore plus envie d’utiliser leur droit de vote pour protester contre deux partis traditionnels qui les ont déçus et dans lesquels ils ne se reconnaissent plus.
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