Plus d'une centaine de personnes sont venues entendre les débats de cinq orateurs, un animateur et d'alertes intervenants sur le thème "Les jeunes Québécois et l'actualisation du projet de pays," le 7 février dans les locaux de l'UQÀM. Monsieur Paquette n'eut qu'à jouir de la performance de ce noyau politique de jeunes issus du Québec Vert Souverain, du Parti Québécois, de Identité Québécoise, du Bloc Québécois puis de l'Institut de Recherche du Québec.

Si leur filiation partisane leur fournit l'entraînement au débat politique, elle les éloigne parfois du thème de la soirée: comment actualiser le projet de pays pour mobiliser la jeune génération? On se prenait, en effet, à débattre entre convertis sur les vertus de l'indépendance du Québec. Si elles sont évidentes aux cercles très politisés, comment les transmettre aux quelque 12% de chômeurs de leur tranche d'âge au Québec? Voilà qui ne ressortait pas d'emblée.

Mais pourtant

Joëlle Quérin souligne les risques de clientélisme, de marginalisation et de dénationalisation des jeunes. Ainsi, sous prétexte que les jeunes troqueraient le nationalisme pour le mondialisme (idée d'élargir ses horizons), on se collerait au multiculturalisme pour leur plaire? Elle suggère plutôt de prendre le problème à l'envers et de cesser de les dénationaliser. Plutôt leur enseigner l'histoire vraie, une langue de qualité, la littérature québécoise. Pour elle, actualiser, c'est retourner à ses fondements.

Philippe-Jean Poirier centre son propos sur l'identité, qui n'attire pas trop les jeunes. D'individualisme à identité collective, comment venir à nation? Il voit un lien entre environnement comme autorité morale, et l'accroissement actuel du pouvoir des femmes comme facteur de rapprochement avec l'identité.

Émilie Guimond apprécie l'appui d'Andrée Ferretti pour la valorisation du féminisme pour la cause. Elle met en relief la présence des jeunes dans des projets de logements sociaux, aussi bien que d'assemblée constituante, qui donnerait parole aux jeunes. Elle constate que même indifférents à l'entité "indépendance" en tant que coquille, les jeunes gravitent autour de son contenu: leur mobilisation au G8-G20 de Toronto, leurs arrestations en tant que Québécois (Montréalais), la répression fédérale qu'ils ne rattachent pas aux répressions qui ont mené à Octobre 1970. Enfin, elle fait ressortir l'estime pour les CowBoys Fringants dans une chanson à René Lévesque: ethnies, humanitaire, équitable, durable…

Simon-Pierre Savard-Tremblay souhaite réhabiliter l'État-nation. Le défi étant de protéger ce qu'on a de plus cher au Québec, la nation: idée moderne. Promouvoir sa personnalité identitaire internationale. Profiter du fait qu'on remet maintenant en question, de par le monde, le multiculturalisme, non-intégration. Pour y arriver, se débarrasser de la Cour Suprême du Canada, notre fossoyeuse. Dans l'évolution normale de peuple, on plafonne. Réhabiliter le concept de liberté, une vertu qui s'apprend.

Christine Normandin tempère l'absence des jeunes au vote traditionnel par le fait qu'ils votent de façon non traditionnelle: marches et pétitions (efficacité??). Elle relativise aussi cette désertion du vote par les courbes graphiques démontrant la cyclicité du vote selon les crises politiques… (genre réchauffement du climat??) Elle tient d'ailleurs à sortir le positif du mot "crise": période périlleuse, mais décisive (crise constitutionnelle?) Sa solution: qu'on ne cesse de PARLER du projet, dans tous les milieux.

Enfin Vladimir De Thézier insiste sur la chance qu'aurait le Québec de s'afficher comme la première république verte mondiale, avec son effet d'entraînement.

Et tous ces orateurs motivés ont fait bondir une longue queue de poseurs de questions (orateurs wannabe?): cultures amérindiennes, Canadiens-français, controverses partisanes, etc. Deux témoignages ressortent:

- Un jeune Québécois étudiant les relations internationales dans un collège de langue anglaise à Montréal (!) côtoie beaucoup d’allophones. Or il est en mesure de témoigner du refus de ces étrangers de se dire Québécois (!). Ils méprisent même notre peuple. Et pour quelle raison ? Parce que nous ne nous tenons pas debout dans la défense de notre langue, de notre histoire, de notre identité !...

- Une jeune étudiante en histoire de l’art de l’UdeM (A. Richer) a grandi à Sudbury, Ontario, et elle a choisi de changer de pays pour venir vivre en français au Québec ! Elle nous prie de ne pas culpabiliser vis-à-vis des Canadiens français, advenant notre libération : ils sont Canadiens, vous savez ! On ne peut pas tout avoir, proclamer la grandeur du Canada et exiger des faveurs du Québec, pour une langue que leur pays leur refuse.

Quant à l'actualisation, on retient qu'en général, du moins pour la frange de jeunes représentés ici, chacun ressent une forte appartenance au Québec, mais résiste aux organisations qui représentent les générations parentales… Un intervenant a laissé transparaître une certaine notion de romantisme qui voudrait qu'un éventuel leader charismatique pourrait faire enfin éclore le pays par les nouvelles générations. On pense république verte?