Les deux fusillades qui ont fait 29 morts à treize heures d’intervalle aux États-Unis ont enflammé un pays déjà divisé par les tensions raciales. Imputé d’alimenter la « menace » d’un « terrorisme blanc », le président américain attribue plutôt ces tueries à la « maladie mentale ».
« Il est clair que les vies perdues à Charleston, San Diego, Pittsburgh, et, vraisemblablement désormais aussi, à El Paso, sont les conséquences d’un terrorisme nationaliste blanc », a décrié Pete Buttigieg, candidat à la primaire démocrate, en référence à des attaques menées dans une église noire, deux synagogues et à celle de samedi dans un centre commercial du Texas.
El Paso, située sur la frontière mexicaine, abrite une population à 85 % hispanique. Le tireur, un homme blanc de 21 ans, avait parcouru plus de 1000 km à partir de Dallas pour perpétrer le carnage à une heure de grande affluence.
Treize heures plus tard, un autre homme a semé la terreur dans un quartier animé de Dayton, dans l’Ohio, faisant neuf morts en moins d’une minute. Il s’agirait encore là d’un homme blanc.
« Deux facteurs se combinent, a poursuivi Pete Buttigieg. D’un côté la faiblesse des politiques de régulation du marché des armes, et de l’autre, la hausse d’un terrorisme domestique inspiré par le nationalisme blanc. »
Vague d’accusations
Les nombreux candidats à la primaire démocrate ont tiré à boulets rouges sur toutes les tribunes sur le président Trump, dimanche. « Responsable » des deux attaques, l’occupant de la Maison-Blanche est un « raciste, anti-immigrants », qui « légitime » ce genre d’actes sanglants commis par des « nationalistes blancs », ont scandé les Julian Castro, Cory Booker, Pete Buttigieg et Bernie Sanders.
« Il ne fait même pas semblant de respecter nos différences et de comprendre que nous sommes tous égaux. Il dit que certaines personnes sont inadaptées ou dangereuses, ce qui n’est pas sans rappeler ce qu’on aurait pu entendre dans le IIIe Reich », s’est aventuré Beto O’Rourke, lui-même natif d’El Paso.
Les dénonciations virulentes liées aux motifs du tireur d’El Paso, notamment, se sont accumulées même du côté républicain, le parti de Donald Trump.
L’élu républicain Steve Scalise, qui a survécu à une attaque alors qu’il jouait au baseball en Virginie en 2017, a parlé d’un « terrorisme domestique » qui s’inscrit dans une « culture de la mort » instituée aux États-Unis.
« Mal » à détruire
Le président Donald Trump n’a pas répondu directement à ses détracteurs, mais a assuré que son administration allait « s’occuper » du problème des tueries de masse qui persiste depuis « plusieurs années » aux États-Unis.
« La haine n’a pas sa place dans notre pays », a-t-il déclaré sur un tarmac du New Jersey, ajoutant que les tireurs de Dayton et d’El Paso « souffraient vraiment d’une maladie mentale très grave ».
Sa fille Ivanka s’est montrée plus incisive, affirmant que le « suprémacisme blanc, comme toute autre forme de terrorisme, est un mal qui doit être détruit ».
-Avec la collaboration de l’Agence France-Presse
Les élus réagissent
« C’est aussi un casnde maladie mentale. Dans les deux cas [El Paso et Dayton], c’étaient des personnes qui souffraient vraiment d’une maladie mentale très grave. »
-Donald Trump, président des États-Unis
« Il y a un climat de haine et de racisme [...] Notre président ne fait pas que le tolérer, il l’encourage. Il accuse les immigrants mexicains d’être des violeurs, des criminels qui envahissent nos frontières. Ça ne fait pas qu’être offensant. Ça encourage le genre de violence que l’on voit. »
-Beto O’Rourke, candidat à la primaire démocrate originaire d’El Paso
« Il y a clairement une culture de la mort aux États-Unis. La violence est glorifiée et normalisée tous les jours sur nos écrans. Au lieu d’aller chercher l’aide de professionnels, des individus se radicalisent sur des forums de discussion. Ça doit cesser. »
-Steve Scalise, whip du Parti républicain à la Chambre des représentants