Société

Les drag queens et les enfants

Tribune libre

Dans son livre intitulé «Où sont les femmes?», paru aux Éditions du Journal en 2024, l’écrivaine et chroniqueuse Sophie Durocher tire à boulets rouges au chapitre 3 sur le phénomène des drag queens qui étend ses auditoires jusque dans l’univers fragile des enfants. En ce qui me concerne, j’ai toujours éprouvé un certain malaise face à ces créatures qui présentent une image caricaturale des femmes en les affublant d’un maquillage halloweenesque, d’une poitrine plantureuse et de souliers à talons hauts finement taillés.

Que les drag queens se produisent dans une salle de spectacles devant un auditoire adulte, grand bien leur fasse! Toutefois, qu’elles soient les vedettes d’un spectacle devant des enfants en pleine croissance sur les plans physique, psychologique, social et intellectuel, dépasse outrancièrement les limites du raisonnable. À titre d’exemple, en 2023, Bibliothèque et Archives nationales du Québec a présenté son «Heure du conte drag» pour enfants au cours de laquelle «les enfants peuvent y entendre des histoires axées...et sur la déconstruction de stéréotypes de genre ». Et, de répliquer Sophie Durocher: «...en quoi participe-t-on à la «déconstruction des stéréotypes de genre» lorsqu’on invite un artiste qui, au contraire, renforce les stéréotypes liés à la représentation de la femme?»

Un peu plus loin, l’auteure cite le livre de Dana Blue intitulé «Papa est une princesse» destiné aux enfants de 3 à 6 ans. «C’est l’histoire d’une petite fille qui a «deux papas» dont l’un se maquille les paupières, peint ses lèvres en rouge et enfile une robe somptueuse...La petite s’extasie devant la métamorphose de papa numéro 1… Elle le trouve magnifique…«Moi aussi je veux faire la même chose plus tard», s’exclame la fillette.

Dans un contexte où la femme s’efface de plus en plus en plus de la scène médiatique et où en revanche le résurgence de la virilité omniprésente de l’homme incarné par le mâle alpha occupe de plus en plus d’espace dans les médias sociaux, il m’apparaît impératif de redonner à la femme ses lettres de noblesse en la repositionnant, aux yeux des enfants, sur la saine égalité complémentarité qu’elle exerce avec l’homme, à défaut de quoi les stéréotypes caricaturaux de la femme risquent de contribuer à des situations conflictuelles, voire déchirantes,entre la mère et le père et, par ricochet, à l’intérieur de la famille.


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    26 novembre 2024

    Bonjour M. Marineau,


    Emmanuel Kant nous a invités à nous servir de notre propre entendement, mais il ajouta impérativement d’obéir! Kant avait peur lui aussi de l’autorité; alors il se plia comme un enfant à celle-ci. Au temps de Kant, il y avait aussi des drag kings qui se déguisaient en autorité pour faire autorité et endoctriner… 


    Pouvons-nous penser que nos enfants cessent d’obéir à une autorité qui n’en est pas une? Pour être une autorité, il ne s’agit pas de se recouvrir d’un sarrau blanc ou d’une chasuble! Avons-nous déjà connu une autorité qui savait respecter les enfants, ceux-là même de qui vient la vérité?


    C’est à souhaiter, car il y a toujours des adultes qui pensent avoir la vérité et qui souhaitent encore évangéliser, endoctriner comme au temps des rois et des seigneurs de la foi. 


    Enseigner à dire NON aux enfants devrait être la première vérité à leur suggérer; et à nous dire pourquoi, ils disent NON. Ou encore leur demander: "Qu'est-ce que tu en penses, toi?"  Et toi... et toi.


    François Champoux, Trois-Rivières