Les dangers de dire «Je vous crois»

5569d761f628f8462ed30ad89bf4a67f

Une fausse nouvelle relayée par les médias de gauche antiracistes


Mercredi, je vous parlais de Jussie Smollett, acteur­­­ américain gai et noir de la série Empire, qui affirmait avoir été victime d’une attaque raciste et homophobe.


Or, hier, Smollett a été arrêté pour avoir fait une fausse déclaration à la police. Il se serait infligé lui-même des blessures et sa supposée agression serait un canular.


Il me semble qu’il y a là un message pour tout le monde, mais pour les journalistes en particulier : arrêtez de dire « je vous crois sur parole » à chaque personne qui affirme être une victime et attendez donc que la police mène son enquête.


Doutez, questionnez, vérifiez


Quand je faisais ma maîtrise en journalisme à l’université Columbia, à New York, en 1990-1991, nos profs disaient : « If your mother says she loves you, check it out » (« Si votre mère vous dit qu’elle vous aime, vérifiez donc si c’est vrai »).


Ne prenez jamais rien pour acquis, même ce qui vous paraît une évidence doit être remis en question.


À la lumière de cette mise en garde, c’est assez amusant de réécouter l’entrevue « exclusive » que Jussie Smollett a accordée à ABC après sa présumée attaque.








Sophie et Richard ne sont pas bons aux fourneaux, mais ils savent cuisiner leurs invités! Invitez-vous à la table de Devine qui vient souper? une série balado originale.





Smollett affirme, les larmes dans les yeux, un Kleenex à la main : « Si je dis la vérité, that’s it, c’est la vérité. Comment peux-tu remettre ça en question, comment peux-tu ne pas me croire ? C’est la vérité. Je ne sais pas ce qui me met le plus en colère, les attaquants ou les attaques (venant de ceux qui ne le croient pas) ».


Et Robin Roberts, qui l’interviewe, est complaisante à l’os.


Lorsque l’histoire de l’attaque est sortie, plusieurs ténors de la gauche américaine se sont offusqués que l’on mette des bémols sur la version de Smollett.


La représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a même tweeté : « Ce n’est pas une attaque “possiblement” homophobe. C’est une attaque raciste et homophobe ».


Ah oui ? Comme ça, les journalistes qui rapportent une histoire qui touche une minorité ne devraient jamais écrire au conditionnel ou émettre des réserves le temps qu’on éclaircisse les faits ?


Le chef de police de Chicago a été très dur en conférence de presse. Il s’est désolé que des vedettes, des journalistes et des candidats politiques aient accordé autant d’attention à cette histoire « phony », un « stunt » publicitaire « chorégraphié par un acteur ». Et il a déclaré que Smollett avait « exploité la douleur et la colère du racisme pour promouvoir sa carrière ».


Smollett se serait même envoyé à lui-même une lettre de menace, raciste, homophobe, pour passer pour une victime...


Attendre l’enquête


Il y a une leçon à tirer ici, au Québec, de l’affaire Smollett.


Dans la foulée du mouvement #metoo, n’avons-nous pas été trop prompts à croire sur parole quiconque allait sur la place publique, affirmant avoir été victime d’agression sexuelle ?


Il semble que Smollett ait fait tout ça pour « un coup de pub », selon la police.


Au Québec, qui nous dit que certaines des victimes « autoproclamées » des derniers mois n’étaient pas, elles aussi, à la recherche de publicité ?


Je pose seulement la question. Après tout, même si ta mère te dit qu’elle t’aime, demande-toi si elle dit vrai.