Pourquoi ce silence ?

Les cpe hassidiques et l'État-bonbon

L'État laïc finance un réseau ultra-orthodoxe

Tribune libre

Comment expliquer que l’État Québécois continue à subventionner le réseau confessionnel Juif hassidique alors qu’il propose une Charte sur les valeurs québécoises ?
Comment expliquer que ce réseau confessionnel, ultra-orthodoxe, coupé des valeurs québécoises, se développe encore aujourd’hui ?
Cette question est très délicate car l’aborder, c’est s’exposer à se faire traiter antisémite. Pourtant il faut le dire : les Juifs hassidiques, de diverses courants (selon des liens dynastiques : Toldos, Beltz, Malka, Gedola, etc.) gèrent actuellement au moins 17 CPE (installation) dans la grande région de Montréal.
De plus grâce à la grande générosité du gouvernement Charest, en 2006, cette communauté a développé 487 places de garde en milieu familial. Le gouvernement péquiste tente, depuis 2013, de prendre le contrôle de ce type de garde. Les manquement répétés concernant les règles de fonctionnement normal qui régissent ce réseau ont amené cette tentative de faire le ménage. Rien n’est encore joué.
Mais l’enjeu principal se joue ailleurs : le contrôle des CPE juifs orthodoxes qui ne participent pas de fait au guichet unique. Ces 17 CPE sont situés dans quatre villes : Montréal, Outremont, Mont-Royal et Boisbriand, Voici leur nom et leur nombre de places à 7$.
Montréal
Maison Malka : 71 places, Yeshiva Gedola : 71 places, Maison Belz : 60 places, Bais Yoel : 78 places, Beth Rivkah : 124 places, Yeshiva Levi Itzchak : 80 places, Simche Kinder : 60 places.

Outremont
Maison Malka : 71 places. Maison Belz : 80 places, Skver : 72 places, Toldos : 80 places, Yeshiva Gedola Installation Pratt : 78 places, Yeshiva Gedola Installation Glendale : 38 places
Beth Esther : 80 places
Ville Mont-Royal
Yeshiva Gedola Installation Ekers : 34 places
Boisbriand
Juive Québécoise : 80 places, Juive Québécoise Installation 16 : 80 places.
En somme, les CPE juifs hassidiques comptent, en 2013, au moins 1237 places à 7$ en installation. Si nous ajoutons les 487 places en milieu familial à 7$, nous arrivons à un total de 1724 places à 7 $ payés par l’ensemble des contribuables québécois.
Pour avoir une idée de l’ampleur de ce réseau institutionnel et confessionnel, comparons-le à celui qui dessert l’ensemble des Québécois.
Selon Statistique Canada, en 2011, le Québec comptait 7 903 003 habitants dont les enfants, entre 0-4 ans, représentaient 5,6 % de la population (soit 438 635 enfants) Alors que des milliers de parents cherchent frénétiquement une place à 7 $ en CPE installation, les Juifs hassidiques contrôlent une partie non négligeable du réseau des CPE.
Les Juifs hassidiques comptent environ 10 000 à 13 000 personnes au Québec. Nous les retrouvons surtout à Montréal, Outremont et Boisbriand. Si nous émettons l’hypothèse que les enfants hassidiques représentent 15 % (ce pourcentage est vraisemblable étant donné que les familles hassidiques comptent plusieurs enfants), de la population hassidique (13 000 habitants), nous comptabilisons 1950 enfants.
Comment expliquer que 13 000 Juifs hassidiques, dont le nombre d’enfants 0-4 ans serait au nombre de 1 950 (hypothèse très généreuse) contrôlent-ils 1 237 places en installation sur les 82 672es places en installation dans les CPE du Québec ? Comment expliquer que 0,16 % de la population totale du Québec contrôle 1 237 des 82 672 places en CPE, soit 1,5 % de toutes les places en installation.
En somme, les enfants hassidiques ont dix fois plus accès à des places en CPE que l’ensemble des enfants québécois.
De fait, il ait permis de croire que la grande majorité des enfants hassidiques se retrouvent dans des places subventionnées par l’État. L’État paie mais ne dit rien sur ce qui se passe dans ces CPE intouchables. Nous, collectivement, prenons en charge les enfants hassidiques, sans avoir à dire un mot sur l’encadrement confessionnel d’une secte ultra-orthodoxe.
Comment une communauté si refermée sur elle-même peut obtenir un tel traitement de faveur de la part des autorités politiques et un silence complice de l’Association Québécoise des CPE ? En outre, les CPE hassidiques refusent toujours de participer et collaborer au guichet unique créé par le Ministère de la famille
Ce réseau de CPE hassidiques en installation et en milieu familial ne sert pas à l’intégration des jeunes hassidiques dans la société québécoise. Au contraire, ces institutions encadrées par les rabbins ne visent qu’à inculquer aux enfants les règles de cette secte et à les éloigner le plus possible des valeurs québécoises. Dans les faits, les contribuables québécois paient, à leur insu, pour la « marginalisation » de ces enfants. Globalement, le financement des places à 7 $ en installation est assumé dans une proportion de 80 % par le Ministère de la famille.
De plus, pour s’assurer que les éducatrices en CPE vont les encadrer de façon « hassidique », elles sont, elles-mêmes, hassidiques et formées au Torah and Vocational Institute (TAV) », au Beth Jacob seminary et au Chaya Mushka Seminary. Ce programme répond directement aux besoins de main-d’oeuvre de ces CPE. En formant leurs techniciennes en garderie, la communauté s’assure que les CPE maintiendront les principes religieux hassidiques dans ses institutions.
Si le gouvernement québécois veut mettre en place une Charte des valeurs québécoises, il devra arrêter de subventionner les CPE hassidiques. Actuellement, nous parlons beaucoup du danger de l’islamisme au Québec alors que des institutions hassidiques ultra-orthodoxes ont construit et développé depuis la fin des années soixante-dix un réseau payé par tous les citoyens mais qui ne concerne que les enfants de la communauté hassidique.
Pourquoi ce silence sur cette exception inacceptable ?


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5 commentaires

  • Marius Morin Répondre

    6 octobre 2013

    Oui, qu'arrive-t-il avec le financement des écoles hassidiques? Qu'arrive-t-il avec la certification obligatoire casher pour les entreprises qui ne sont pas dans l'alimentation? Comment un peuple peut-il intégrer des cultures religieuses intégristes?

  • Chrystian Lauzon Répondre

    6 octobre 2013

    (suite et fin de mon commentaire précédent)
    Conclusion :

    Bref, l’État a 2 motifs objectifs qu'il doit appliquer par saine gestion et respect de la collectivité québécoise : l’argent et la réglementation.
    Et que faire avec l’endoctrinement infantile ? illégal juridiquement (cf. la Déclaration universelle des droits des enfants d’UNICEF).
    Mais le problème de citoyens subissant un endoctrinement dans un pays défendant la liberté de pensée ne peut être résolu par l’argent ou simple réglementation. Comment la liberté de pensée peut-elle s’exercer sans avoir l’ « âge de raison"?
    Il s’agit de mœurs qui entrent en conflit avec celles d'une nation, le patrimoine d’une société civile versus un patrimoine d’État.

    La Charte devrait effectivement (merci M. Landry, malgré le retard d'initiative politique!) poser le premier jalon d’un encadrement éthique et moral en vue d’une ligne de conduite anti-sectaire nettement affirmée par l'État.
    La levée des oppositions suivront, à n’en pas douter : des motifs juridiques appuyés par le droit international seront utiles – provenant de l’ONU, de l’Unesco (patrimoine mondial humain), UNICEF, etc. se rapportant spécialement à la défense des enfants dans le monde (pourquoi ne pas impliquer la juge Andrée Ruffo?).
    L’endoctrinement hassidique n’est pas moins offensif, nocif pour le développement que de former des enfants soldats, n’est-ce pas ? Et former des enfants-soldats, c’est pas qu’illégal, mais criminel!
    Tout citoyen a droit au recul sur ses conditionnements tout autant que de "pouvoir" s'intégrer aux intérêts culturels et collectifs de "sa" nation.
    Mais notre gouvernement n’en est pas à une illégalité près subventionnée (des produits pour la clientèle infantile justement)… Auriez-vous donné, précisément DONNÉ, 1 million de dollars de votre poche de contribuable à la multimilliardaire Warner Brothers d’Hollywood, pour produire des jeux vidéos dont la portée pour le développement de l’enfant et d’un citoyen responsable est pour le moins discutable?
    C’est pourtant ce que vient de faire le gouvernement Marois en souriant, sans notre consentement collectif. La légalité des actions de l’État devrait faire l’objet d’une évaluation en comité, un comité indépendant du gouvernement et des lobbies d’influence affairiste, un comité représentant l’ensemble des citoyens payeurs de taxes. Non ?
    Ce genre de comité, plus puissant qu’un lobby du privilégisme privé, n’existe même pas encore dans nos supposées « démocraties ».
    Pourtant, l’État dit « public » est INDISCUTABLEMENT, pour l’ensemble de ses décisions, privatisé et sous l’emprise des milieux d’affaires et de la finance. Pourquoi ?
    J’attends votre réponse M. Archambault, car la boucle est bouclée : les riches milieux hassidiques (une immigration new-yorkaise en croissance) n'auraient-il pas un pouvoir d’influence argenté sur l’État ?... suivez l’argent, dit-on, et vous aurez la réponse.
    ChristianP

  • Chrystian Lauzon Répondre

    6 octobre 2013

    Votre propos arrive à point et le domaine publico-médiatique n’y plonge que par un bout d’orteil timorée (timoratus : qui craint Dieu; timor, -oris, « PEUR »).
    Bernard Landry a abordé ce privilégisme des juifs hassidiques à l’émission de Télé-Québec "Les Francs-tireurs" récemment, questionné par Benoît Dutrizac. Il a expliqué, par la voie détournée du politiquement correct, que cela remontait aux écoles privées subventionnées au Québec.
    Et il parla du "bon vieux" collège Jean-de-Brébeuf, ah, notre religieuse patrie-moine! Il disait que ce collège avait quand même rendu de « loyaux » services : qu’a-t-il voulu dire?... il a donc détourné la question, Dutrizac devant revenir à la charge plus d’une fois…
    Landry s'échappa par la Charte, alléguant qu'elle solutionnerait ce problème (l’endoctrinement sectaire des enfants subventionné par un État de droit : une illégalité!)… facile réplique… mais avant ce "projet", qui était là pour questionner cet état de fait?
    Je vous corrige ici, M. Archambault : Outremont n’est plus une ville, ce n’est qu’un arrondissement de la ville de Montréal. Bien qu'une pétition circule encore sous la poigne d'influents outremontais en faveur de la défusion. Laver son linge sale en famille élargie n’est pas signe de "pureté" de la race citoyenne (sic) pour certaines classes bourgeoises.
    Réponse à votre question « Pourquoi ce silence sur cette exception inacceptable ? » : par manque de maturité politique et collective d'une nation, dirais-je. Le Québec dort. Qui prendra l’éducation sociale et politique du peuple en « représentation » étatique effective, appuyée par des mesures médiatiques d’information essentielles, via Télé-Québec peut-être? Notre réseau en dormance multiculturaliste (Maka Kotto=Charles Sirois?).
    Maintenant, concernant le privilégisme hassidique, voici les moyens de rendre moins délicat la résolution de ce problème d’iniquité financière et de contradiction éthique de l’appareil d’État :
    1- Je pense qu’aucune école dite « privée » ne devrait bénéficier de fonds dits « publics », c’est la logique même qu'une école « publique » par définition soit "publique" – au Québec les mots se subdivisent en leur contraire comme les indépendantistes en partis opposés (un chat ne peut jamais se limiter à n’être qu’un chat, pourquoi?);
    2- Le cadre du déficit zéro en cours que la gouvernance du PQ (social-démocrate d'orientation détournée ?!) a repris du PLQ (ultralibéraliste) devrait justifier le retrait de l’État de ce programme de privilégisme et justifier de réorienter les fonds publics vers les besoins « publics » ;
    3- Vous dites, M. Archambault : « Nous, collectivement, prenons en charge les enfants hassidiques, sans avoir à dire un mot sur l’encadrement confessionnel d’une secte ultra-orthodoxe. » : la laïcité de fait des écoles publiques au Québec devrait servir de balise pour justifier le retrait de l’État par déviance patente d’encadrement de ces écoles selon les règles gouvernementales en cours.
    ChristianP

  • Archives de Vigile Répondre

    6 octobre 2013

    Excellent dossier, M. Archambault.
    Après la CPE, vient l'école primaire. Là aussi, je crois, les hassidiques gèrent leur propres écoles. Avez-vous des informations sur ce sujet également?
    Merci,
    Gaston.