Plus de six semaines après les législatives, les partis qui dominent le Bundestag ne parviennent toujours pas à former une coalition. Face à une CDU d'Angela Merkel affaiblie, les libéraux évoquent l'hypothèse d'un nouveau vote.
Alors que les négociations entre les trois principaux partis allemands patinent, le chef du Parti libéral allemand (FDP) Christian Lindner pourrait faire trébucher Angela Merkel et brandit la menace de convoquer de nouvelles élections législatives. «Nous n'avons pas peur de nouvelles élections», a-t-il martelé dans le quotidien allemand Berliner Morgenpost le 5 novembre 2017.
Sortie affaiblie des dernières élection législatives allemandes le 24 septembre, Angela Merkel a toutes les peines du monde à former une coalition politique, une «coalition jamaïcaine», selon le jargon politique allemand, en raison des couleurs des trois partis concernés qui rappelle le drapeau de la Jamaïque. Et la chancelière a dû revoir ses ambitions. Angela Merkel s'estimerait désormais heureuse de pouvoir former un gouvernement... avant Noël. Mais pour le FDP, plusieurs points d'achoppement demeurent avant de rejoindre les rangs de la coalition, dont la question qui a parcouru toute la campagne des législatives, celle de l'immigration. «Nous voulons une loi sur l'immigration [...] qui ouvre la porte aux [migrants] qualifiés et bien plus stricte avec les demandeurs d'asile», a ainsi déclaré Christian Lindner dans la même interview.
De son côté, Angela Merkel, affaiblie par la crise migratoire, a mis en garde ce 6 novembre contre la tenue de nouvelles élections législatives, appelant les trois partis à la mise en place d'un gouvernement «stable». Car de nouvelles élections en Allemagne pourraient donner l'occasion au parti souverainiste anti-immigration Alternative pour l'Allemagne (AfD) de surfer sur sa dynamique actuelle, laquelle l'a amenée à 13% des suffrages le 24 septembre dernier.
Théoriquement, l'article 63 du texte constitutionnel allemand permet, dans un cas d'impossibilité à élire un chancelier – et donc à former une coalition – de dissoudre le Bundestag, avec pour conséquence la tenue de nouvelles élections fédérales. Au pouvoir depuis novembre 2005, Angela Merkel n'en prendra sans doute pas le risque : cela signifierait politiquement la fin de son mandat. Il lui faudra donc composer avec ces futurs alliés encombrants. Alors que le FDP semble déjà prêt à recourir au chantage pour peser sur la chancelière et que les Verts se montrent inflexibles dans les négociations, la coalition, avant même d'être formée, a donc déjà des jours tumultueux devant elle.