Je note une chose: l’histoire du PQ est complètement déformée par certaines légendes journalistiques. Et ces mauvaises légendes déforment l’esprit public: certaines formules prémâchées dominent l’analyse médiatique. Parmi ces légendes, une des plus tenaces veut que les indépendantistes radicaux contrôlent le PQ au point de tenir en otage chaque chef de ce parti avec leur obsession indépendantiste.
Un exemple: René Lévesque aurait été chassé par les radicaux de son parti, qui seraient capables de tuer leurs chefs. Faux. Les «radicaux», comme Parizeau et Laurin, ont quitté le PQ quand ce dernier a mis l’option sur la glace. Ce sont plutôt les «modérés» de Pierre-Marc Johnson qui ont forcé Lévesque à quitter parce qu’ils le trouvaient trop vieux et déphasé. Lévesque a eu des problèmes historiquement avec son aile riniste: elle n’est jamais vraiment parvenue à le fragiliser ni à imposer sa ligne au PQ.
Un autre exemple: Lucien Bouchard aurait été chassé par les radicaux. Faux: si au Congrès de 1996, il a effectivement eu un mauvais score au vote de confiance (ce qui ne l’a pas empêché de rester à la barre de son parti et de le reprendre en main), en 2000, il dépassait le 90 % et avait une complète emprise sur son parti. Les radicaux étaient épuisés. Lucien Bouchard n’a pas quitté à cause des «radicaux» mais parce qu’il se sentait impuissant à relancer la cause indépendantiste. En fait, on peut même dire que le Congrès de 2000 a consacré la dissolution de la tendance pariziste organisée au sein du PQ. À terme, il ne lui restera plus qu’un représentant dans la députation: Jean-Claude Saint-André. Elle ne reviendra dans le jeu péquiste qu’avec la proposition Parizeau-Laplante, en 2005: elle sera aisément défaite au Congrès national.
Un dernier exemple, sur un autre sujet qui n’est pas sans lien avec le précédent: la base péquiste exigerait à tout prix qu’on lui promette un référendum. On le répète sans arrêt et il est bien possible que certains leaders péquistes le croient aussi. C’est évidemment faux et c’est bien mal connaître cette base péquiste qui ne rêve pas, à ce qu’on en sait, d’un troisième référendum perdant où le Oui obtiendrait 38 %. D’ailleurs, la base péquiste s’est généralement adaptée à la stratégie de ses leaders qui eux font preuve de réalisme stratégique. Quand j’entends des journalistes parler de Montréal-Centre, de Montréal Ville-Marie ou des «purs et durs» du PQ, je me dis qu’ils devraient cesser de se lire entre eux et aller voir ce qu’est devenu le PQ, à l’abri de leurs fantasmes ou de leurs vieux souvenirs.
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