François Legault peut conclure son année avec un sentiment du devoir accompli. Cela fut dit et répété, sa victoire électorale à la tête d’un parti qui avait à peine six ans d’existence constitue un exploit qui marque l’histoire.
Plus impressionnant encore, il finit avec 74 sièges (75 maintenant après la complémentaire dans Roberval) qui lui donnent un gouvernement clairement majoritaire. Cela défie les probabilités et les prédictions de tous les experts.
La CAQ de François Legault a dominé toute l’année 2018. Lorsqu’on voyait ce parti si haut dans les sondages l’hiver dernier, il était tentant de penser que cette montée était bien trop hâtive. La CAQ subirait une pression et des attaques de toutes parts la feraient redescendre en arrivant dans la vraie période importante.
François Legault a navigué toute l’année parmi les vagues sans frapper d’iceberg, de sorte qu’il est arrivé au déclenchement de l’élection encore en position de tête. Durant cette année, il faut lui donner le crédit d’avoir réuni une équipe impressionnante. C’est d’ailleurs devenu l’un de ses principaux atouts, cette liste remarquable d’hommes et de femmes avec des curriculum vitae solides.
Moment critique
Dans le déroulement de la campagne, François Legault a eu chaud. Son entourage aussi. Pendant quelques jours, on a senti son message glisser. Les électeurs ont hésité, comme ce fut reflété dans les sondages du moment. L’avance de la CAQ avait fondu et la nervosité était sérieusement installée.
Cette glissade est survenue à la veille du face-à-face entre les chefs, de TVA. Ce soir-là, François Legault jouait son avenir. Et il a livré une performance déterminante. La campagne ne fut plus jamais la même. Puis il est parti dans une tournée du conquérant, l’amenant de l’Outaouais jusqu’à Rimouski en passant par l’Abitibi et le Lac-Saint-Jean. Brillant. Un « momentum » qui le conduisait au triomphe.
François Legault a terrassé le PLQ qui paraissait quasi invincible au cours des récentes années. Il a même arraché des châteaux forts libéraux. Trois circonscriptions caquistes en Outaouais, c’est incroyable ! Le Parti libéral n’avait échappé que deux circonscriptions dans les 45 dernières années !
L’élection de François Legault a aussi un caractère historique puisqu’elle marque un véritable changement de paradigme. C’est la fin de la scène politique divisée en deux : les souverainistes contre les fédéralistes. Les OUI contre les NON. Depuis l’entrée en scène du PQ en 1970, cette division avait dominé la dynamique des élections québécoises. Pas en 2018.
Le nouveau premier ministre
François Legault semble particulièrement zen dans la fonction de premier ministre. Ce n’est pas garant du fait que son gouvernement va livrer la marchandise, mais on sent le chef très d’aplomb, confiant, calme. Surtout, on sent qu’il amorce chaque journée au boulot avec le sourire.
J’aime particulièrement cette obsession qu’il martèle à son équipe de rester branchés sur la population. C’est la clé de tout, surtout ces années-ci.
Sera-t-il encore l’homme de l’année en 2019 ? En 2020 ? Ou une déception. Cela reste à voir. Mais il est l’homme de 2018.