CAQ

Legault forcé de s’expliquer sur la souveraineté

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Profession de foi fédéraliste des ministres de la CAQ pour calmer les médias


(Québec) En affirmant que le Québec pourrait devenir la Louisiane s’il n’obtient pas tous les pouvoirs d’Ottawa en matière d’immigration, François Legault a créé un débat qui le force maintenant à s’expliquer sur la souveraineté.


Dans une brève mêlée de presse jeudi, le premier ministre – qui estime que « c’est une question de survie pour la nation » que le gouvernement fédéral lui cède le contrôle des regroupements familiaux en matière d’immigration – n’a pas expliqué ce qu’il ferait si Justin Trudeau refuse sa demande, ce qu’il a déjà fait par ailleurs.


Face à cette impasse, M. Legault ravivera-t-il l’option de faire la souveraineté du Québec ? C’est à tout le moins ce que l’implore le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon.


« Moi, je [suis] nationaliste à l’intérieur du Canada », a tranché une fois de plus le premier ministre du Québec. Cette réponse a également été répétée par plusieurs ministres et membres du gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), jeudi.


Nationalistes à l’unisson





photo yan doublet, le soleil


Sylvain Lévesque





Par exemple, le député caquiste Sylvain Lévesque a réitéré ce qui semble pour lui une évidence : « On fait partie du Canada ».





 




« Présentement, je vous dirais qu’on fait partie du Canada anglais et du Canada français, ensemble, et notre objectif, c’est de faire avancer le Québec. Pour l’instant, on fait partie du Canada et il n’y a pas d’enjeux de se séparer. Nous sommes un parti nationaliste », a-t-il dit.


Sa collègue Lucie Lecours, ministre déléguée à l’Économie, a ensuite affirmé que son parti « va faire respecter le Québec, mais dans le Canada ».





PHOTO JACQUES BOISSINOT, archives LA PRESSE CANADIENNE


Lucie Lecours





« C’est un beau pays, le Canada. J’adore le Canada. Je voyage au Canada », a-t-elle dit.


Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, qui n’a pas pu voter lors du dernier référendum sur la souveraineté en 1995, car il était trop jeune, a également défendu les valeurs qui unissent le Québec et le Canada.





PHOTO JACQUES BOISSINOT, archives LA PRESSE CANADIENNE


Mathieu Lacombe





« Au Canada, on peut être fier du fait que contrairement aux États-Unis, on n’a pas une culture militariste. On ne va pas ailleurs dans le monde pour jouer à la police. [Mais] il ne faut pas pratiquer un nationalisme gêné ou un nationaliste timide [au Québec], parce qu’on n’en fera pas de gain », a-t-il dit.


Pour le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, on ne doit « absolument pas » voir les actions actuelles de François Legault comme un chemin possible vers la souveraineté.





photo frédéric matte, archives le soleil


Benoit Charette





« Il n’y a pas lieu de s’inquiéter », a dit l’ancien député péquiste. La souveraineté, « pour ma part, c’est terminé ».


Pour le député caquiste Mathieu Lévesque, auteur de La Couleur de la CAQ, « ça n’a jamais été l’idée de notre parti » de poser des gestes qui puissent mener vers la souveraineté.


« Je ne pense pas que ce soit du tout la volonté de notre parti » de devenir un véhicule pour faire mousser cette option, a-t-il dit. Le parti est donc fédéraliste ? « Tout à fait, tout à fait, absolument ! » a-t-il lancé.


« Moi, je suis un caquiste », a pour sa part tranché le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne.


Le PQ lance un défi à Legault





En mêlée de presse, jeudi, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part lancé un défi au premier ministre François Legault. « C’est plus qu’un défi, je pense que c’est un appel au devoir », a-t-il rapidement précisé.


« Vous avez des prédécesseurs comme Robert Bourassa, Daniel Johnson et même dans une certaine mesure Maurice Duplessis qui ont osé dire : si vous ne nous donnez pas un traitement équitable, si vous ne nous donnez pas les conditions de notre pérennité linguistique et culturelle, ce sera notre liberté, notre indépendance. Je demande à ce que François Legault nomme cette possibilité-là », a-t-il dit.


« À force de répéter aux Québécois qu’ils ne sont pas bons, qu’ils ne sont pas capables, à force d’être dans le pessimisme, à un moment donné, oui, ça a un impact. Puis c’est ça que je demande à François Legault d’arrêter de faire : d’arrêter de dire aux gens qu’ils ne sont pas bons. On est capables d’être un pays, puis on n’a pas le choix si on veut une pérennité linguistique et culturelle », a-t-il ajouté, au bord des larmes.


« Pour que le peuple québécois se déploie, les peuples au Québec se déploient dans toute leur solidarité, dans tout leur potentiel, il faut l’indépendance du Québec », a pour sa part affirmé Alexandre Leduc de Québec solidaire.


Le Parti libéral, qui affirme que François Legault met en place un mode de gouvernance « séparatiste », estime que le premier ministre caquiste veut augmenter l’acceptabilité sociale de l’indépendance.


Avec Tommy Chouinard




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