« Le “Nouveau Vic” s’inscrit dans un très vaste plan d’aménagement et de développement de l’Université McGill qui ambitionne de faire naître, dans le périmètre que viendra compléter le site du Royal Vic, une véritable cité dans la cité, avec ses propres “quartiers” et artères. Une cité privée pour une université privée à la croissance impériale dont le Québec français paie cruellement les frais, dans tous les sens du terme. »
Au moment où l’Assemblée nationale s’apprête à prendre position sur le Projet de loi d’intérêt privé no 219 visant à faire cadeau de l’ancien hôpital Royal Victoria à l’Université McGill, le Mouvement Québec français (MQF), par la voix de son président Maxime Laporte, exhorte tous les députés encore soucieux de l’avenir du français à Montréal à voter librement, en leur âme et conscience, afin de stopper ce projet qui créera une véritable cité-État anglicisante dans la métropole québécoise.
Évalué à 700 millions $ (d’argent public, essentiellement), le projet New Vic vise à agrandir l’immense complexe immobilier mcgillois en aménageant au cœur même de la ville un méga domaine réservé dont le poids anglicisant pèsera lourd sur le caractère français de Montréal, déjà gravement mis à mal. Si elle devait se concrétiser, cette énième expansion de McGill renforcerait d’autant la puissance démesurée de l’appareil institutionnel anglomontréalais qui, loin de se contenter de servir les quelque 17 % d’anglophones composant la population de l’île, en vient littéralement à supplanter, en prestige et en force d’attraction, les établissements de langue française, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation supérieure.
Il en résulte une régression effarante du statut et de la vitalité du français dans la région métropolitaine, le tout avec la bénédiction politique et financière des pouvoirs publics. Rappelons que les universités anglaises au Québec, McGill au premier chef, reçoivent déjà un financement public correspondant au triple du poids démographique de la communauté québécoise de langue anglaise, pendant que les minorités francophones hors Québec peinent à obtenir le minimum vital pour leurs propres institutions.
Maxime Laporte a fait valoir : « Il est impérieux que le site du Royal Victoria demeure dans le domaine public. Ce site doit servir à l’avancement du bien public commun, ce qui veut aussi dire l’avancement de notre langue publique commune. Par exemple, pourquoi ne pas faire de ce lieu une grande université internationale de la Francophonie, comme l’ont déjà proposé plusieurs brillants esprits ? Au nom de quoi devrait-on accepter, sans même en débattre sérieusement, que McGill soit désigné d’office comme seul bénéficiaire de ce trésor public qui, bientôt, vaudra des milliards ? D’un privilège colonial, peut-être ? »
« Une politique linguistique renforcée ne veut rien dire si elle ne s’accompagne pas d’une vision institutionnelle cohérente pour l’avenir du français. Or, se présenter en sauveur du français à Montréal tout en rajoutant des milliards en deniers publics pour l’essor de l’anglais, c’est précisément le contraire de la cohérence. À lui seul, la réforme de la loi 101 proposée par le gouvernement Legault ne pourra rien si tout est fait, par ailleurs, pour condamner le Québec français à l’impuissance. Monsieur Legault, qui connaît bien le pouvoir effectif et structurant de l’argent, devrait comprendre cela, non ? Bref, à quoi bon appliquer quelque sparadrap, si c’est pour ensuite aggraver l’hémorragie à grands coups de couteau ? »
« Et après, ils prennent des airs surpris lorsque des Michael Rousseau de ce monde affirment qu’ils peuvent vivre des décennies à Montréal sans parler un traître mot de français, et prendre les rênes de nos fleurons ! Pour paraphraser Jules Lemaître, quelle bêtise que de se plaindre des conséquences dont on chérit les causes ! »