Legault, autonomiste

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Un front commun pour plus d'autonomie


Il y a de ces moments savoureux lorsqu’on couvre la politique depuis longtemps.


Comme mercredi, lorsque François Legault a déclaré: «C’est une importante responsabilité du premier ministre canadien, de garder le Canada uni.»


J’étais à côté de lui et je cherchai à voir s’il avait un rictus ironique, lui, l’ancien indépendantiste!


Puis, j’imaginai les «cr... de péquistes» (expression attribuée à Geneviève Guilbault) peuplant les cabinets caquistes, en train de serrer les dents.


Favorable ou non?


Depuis la nuit du 21 au 22 octobre, tout le monde se demande si François Legault a fait un mauvais pari en favorisant la remontée du Bloc. À première vue, on pourrait croire que oui. Les bloquistes, même à 32, n’ont pas la balance du pouvoir. Devant eux, les deux partis les plus centralisateurs s’allieront pour faire les budgets.


De plus, Justin et Jagmeet n’ont rien voulu savoir des quatre demandes de Legault.


Difficile pour Québec de faire front commun avec l’Alberta et la Saskatchewan contre Ottawa, comme à d’autres époques. Ce serait s’allier avec des économies dont les intérêts sont foncièrement opposés à ceux du Québec.


«Au moins, Trudeau est minoritaire», note-t-on en coulisse à la CAQ. Or, les gouvernements minoritaires à Ottawa ont toujours été les plus ouverts aux revendications du Québec. Dans les années 1960, Lesage était allé chercher ainsi des «points d’impôt», par exemple.


Le gouvernement Trudeau est donc, en apparence, fort : 157 circonscriptions, ce n’est pas loin du 170. Mais attention, il est aussi le minoritaire le plus faible pour ce qui est du nombre de votes obtenus.


Ouest


En plus, il fait face à une grande colère dans l’Ouest ; sujet de la question d’hier ayant conduit Legault à parler d’«unité canadienne».


Je sais, l’Ouest est toujours en colère. J’ai relu des textes que j’avais faits en 2005 sur l’Alberta. Mon titre : Le ras-le-bol albertain. En reportage là-bas, j’y avais rencontré des séparatistes : «L’Ouest cherche son René Lévesque!», m’avait dit un chroniqueur.


À l’époque, l’économie de l’Alberta faisait envie. «Il faut [...] créer plus de richesses. Bientôt, nous ne serons tout simplement plus compétitifs!», paniquait un conseiller de Charest.


Aujourd’hui, l’Ouest a trouvé son Lévesque. Il s’appelle Jason Kenney et est premier ministre de l’Alberta. Mais les rôles économiques sont renversés : le Québec va bien, entre autres grâce à une énergie propre d’avenir. Son État fait des surplus.


En Alberta, ça va mal. Avant, l’Ouest craignait qu’on lui vole ses richesses. Aujourd’hui, elle réclame de l’aide du reste du pays pour maintenir en vie une industrie «sale» appelée à décliner. Son éternelle colère en est exacerbée. L’Alberta pourrait même tenir un référendum sur la péréquation.


Rusé, Legault compte profiter de la situation. Les provinces veulent plus d’autonomie, souligne-t-il au crayon gras. «Avant, on disait ça pour le Québec [mais là] c’est une demande dans chaque province.» Et ajoute-t-il sans rictus apparent, le PM fédéral doit « s’assurer que les premiers ministres provinciaux soient contents».





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