Le vrai visage d’Andrew Scheer

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Un gouvernement Scheer relancerait Énergie Est


Le crédo du chef conservateur Andrew Scheer face au Québec est connu. Contrairement à Justin Trudeau, il prêche un fédéralisme décentralisateur et le respect des compétences provinciales. C’est le copier-coller de l’évangile selon son prédécesseur, l’ex-premier ministre Stephen Harper.


Or, la plupart du temps, c’est du toc. Du vent destiné uniquement à faire de l’œil à l’électorat québécois. Andrew Scheer vient tout juste d’en faire l’indéniable démonstration. Ce mardi, en entrevue à RDI avec Patrice Roy, il a soulevé la possibilité d’imposer au Québec le passage d’un pipeline sur son territoire malgré le refus de ce dernier.


Sous quel prétexte ? S’il devient premier ministre, lance-t-il, il aura comme responsabilité première de protéger les « intérêts nationaux » du Canada. Lesquels comprendraient le transport pour vente du pétrole albertain. Traduction : au diable ce qu’en pense le Québec.


Du toc


Omniprésent dans la campagne électorale, le premier ministre François Legault a réagi illico : pas question d’approuver un pipeline. L’acceptabilité sociale n’y est pas. L’acceptabilité politique non plus. Rappelons la forte opposition au Québec contre le projet de pipeline Énergie Est de TransCanada. Andrew Scheer semble l’avoir oubliée.


Ses deux arguments de vente sont aussi du toc. Le premier : « Il n’y a aucune raison d’acheter le pétrole du pays de Donald Trump ou de l’Arabie saoudite quand nous avons beaucoup de réserves ici. » Dans les faits, la majeure partie du pétrole albertain qu’on cherche à transporter est prévue pour exportation.


Le deuxième : « Les gens du Québec savent très bien que c’est préférable de transporter le pétrole par oléoduc que sur les chemins de fer. » Son rappel peu subtil de la tragédie de Lac-Mégantic n’est pas un argument raisonné. C’est du chantage émotif.


Intérêts nationaux


Qui plus est, le pétrole issu des sables bitumineux est très polluant. L’an dernier, François Legault avait provoqué le courroux de la classe politique albertaine en le qualifiant même d’« énergie sale ». Il avait pourtant raison. En 2018, les sables bitumineux ont représenté 11 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre au Canada. C’est beaucoup.


En pleine urgence climatique, ce serait plutôt à l’Alberta de voir à diminuer sa production de pétrole, diversifier son économie et enclencher sa transition énergétique. Quant aux « intérêts nationaux » invoqués par M. Scheer – en entrevue au réseau CTV ce même mardi, l’ex-premier ministre conservateur Brian Mulroney le faisait aussi –, ça ne convaincra pas plus les Québécois.


De toute évidence, ce sont les intérêts économiques de l’Alberta dont il est question. Ses leaders politiques et sa population n’en peuvent plus de voir la construction d’un autre pipeline bloquée. Les intérêts politiques du Parti conservateur du Canada en Alberta pèsent également lourd dans sa balance.


À quelque chose malheur est toutefois bon. En ouvrant la porte à la possibilité d’imposer un pipeline au Québec au nom des intérêts nationaux canadiens s’il prend le pouvoir, Andrew Scheer montre enfin son vrai visage.




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