Les sondages ne sont que des photographies de l'instant présent. Comme je l’ai expliqué dans de nombreux billets depuis mars 2008, avant de tirer trop rapidement des conclusions, il faut tenir compte de la polarisation des électeurs. Ainsi, dans le sondage Léger Marketing de ce matin qui donne 44% du vote au PLQ, 33% au PQ et 15% à l’ADQ, une proportion de 39 % des répondants avoue ne pas encore avoir fait de choix définitif. Soit 31% chez les libéraux, 36% au PQ et 50% à l’ADQ. De toute évidence, il s'agit d'une très importante proportion de votes non cristallisés.
Le même genre de situation à laquelle on a pu assister en début de campagne électorale fédérale où les sondages semblaient nettement favoriser les conservateurs, alors que, comme je le démontrais dans mon billet du 25 septembre dernier, la forte proportion de votes non cristallisés a surtout profité au Bloc Québécois.
Ce qui veut dire que les libéraux pourraient voir le tiers de leurs votes les quitter et aller vers le PQ ou l’ADQ, glissant sous la barre des 33 %. Autre scénario, le PQ pourrait ravir la moitié du vote de l’ADQ et monter de 7 points à 40% et former de justesse un gouvernement majoritaire. Il pourrait même arriver que l'ADQ bondisse à la dernière minute, même si cela demeure toutefois improbable. Tant que le vote n’est pas cristallisé, tout est possible.
Or, le fait majeur dans la présente campagne est que 37 % des électeurs risquent de ne pas aller voter, 52 % des électeurs de l’ADQ, 34 % des électeurs du PQ et 27 % des électeurs du PLQ. Autre fait majeur, Pauline Marois n’a pas encore commencé à faire campagne. Compte tenu de la règle de l'alternance après deux mandats consécutifs qui joue contre Jean Charest et le PLQ, Pauline Marois pourrait bien faire la différence si elle s'y mettait.
Voici ce que j’écrivais le 2 juin dernier dans L’écran de fumée des sondages .
« Je me suis amusé à aller consulter les sondages effectués dans les semaines qui ont précédé le déclenchement des élections d’avril 2003 afin de les comparer aux sondages qui favorisent présentement les Libéraux. Dans un sondage CROP réalisé dans la semaine du 13 au 24 février 2003, la répartition du vote avantageait sérieusement le PQ de Bernard Landry : PQ-39 ; PLQ-31 ; ADQ-29 (indécis-15% avant répartition). Le PQ avait alors effectué une remontée de 12 points aux dépens de l’ADQ. On connaît la suite de l’histoire, le PLQ a remporté l’élection du 14 avril 2003 avec 46 % des voix, contre 33 % au PQ et 18 % à l’ADQ.
Le dernier sondage CROP effectué dans la semaine du 15 au 26 mai 2008 révèle que la situation dans laquelle se retrouve le PLQ aujourd’hui est comparable à celle dans laquelle se trouvait le PQ en février 2003. Sondage CROP, mai 2008 : PLQ-41% ; PQ-32% ; ADQ- 14% (indécis-14%). Comme le PQ en 2003, le PLQ effectue actuellement une remontée aux dépens de l’ADQ. Et comme en 2003, les intentions de vote des Québécois sont extrêmement volatiles et le gouvernement de Jean Charest a l’usure de deux mandats.
Malgré une avance importante avant le début de la campagne de 2003, les intentions de vote en faveur du PQ et de l’ADQ se sont effondrées au fur et à mesure que l’échéance du scrutin approchait, et ce, malgré la plus grande popularité de Bernard Landry comme chef de parti. Dans la semaine du 11 mars 2003, Bernard Landry menait avec 34%, Jean Charest suivait avec 27%, devant Mario Dumont qui ne récoltait que 23% de la faveur populaire. »
Une situation qui ressemble en tous points à celle que nous vivons présentement où, comme Landry et le PQ en 2003, même s'ils ont l'usure du pouvoir, Jean Charest et le PLQ sont, pour l'instant, plus populaires que Pauline Marois et le PQ. Et comme en 2003, ce seront les électeurs qui iront voter le 8 décembre prochain qui décideront du sort des trois principaux partis et de leurs chefs. Les jeux ne sont pas encore faits!
Louis Lapointe
Sondage Léger Marketing –Le Devoir
Le vote n’est pas encore cristallisé
Les jeux ne sont pas faits
Chronique de Louis Lapointe
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
20 novembre 2008Monsieur L.P.
Charest est un manipulateur. Soit! Tous les politiciens le sont plus ou moins. Mario manipule. Marois manipule. Charest manipule. On est tous manipulés par des professionnels de la manipulation.
Pauline Marois n'a-t-elle pas manipulé le Conseil national du printemps dernier, en faisant abolir l'article I du programme de son parti, et cela à l'encontre des statuts et règlements du parti qui stipule que seul un Congrès général peut changer les orientations fondamentales du parti?
J'appelle cela de la MANIPULATION...Et pas une petite. Un petit groupe a fait en sorte que toute l'orientation du parti a été bousillée . Comme Boisclair, en 2007, qui avait abandonné le programme de pays pour le remplacer par une vague feuille de route. Autre manipulation.
Et on pourrait en ajouter d'autres...
P.B.
Archives de Vigile Répondre
19 novembre 2008Pour changer la donne il faut dénoncer les mensonges éhontés de Jean Charest qui prétend que les difficultés en santé sont attribuables à Marois, Landry, Bouchard et même Parizeau. Quand les attentes pour des chirurgies passent de 20000 en 2003 à 32000 en 2008 c'est la responsabilité des libéraux et de personne d'autre.. Il faut 3 ansnées dont une de pratique à l,hôpital pour former des infirmières et 6 ans dont deux en internat pour les médecins. Or Charest n'y a pas vu et lui seul est responsable des résultats.
Il s'attribue l'économie en exclusivité ¨L'économie oui¨ alors que le produit intérieur brut décliné de 4,2 qu'il était avec Landry à 0,8% actuellement. Mensonges éhontés que sa campagne, Il joue au Père Noël en novembre distribuant des cadeaux qui n'ont rien à voir avec les besoins de l'économie. Le besoin de vote seul compte pour lui. ¨Achetons le vote¨ aurait du être son vrai slogan.
Si nous ne nous regroupons pas derrière le PQ nous amenons une victoire de Charest et de l'incompétence durant 5 ans. Nous abandonnons le pays du Québec a ce manipulateur, ce pirouetteur.