En faisant porter sa campagne uniquement sur l’économie, Jean Charest a fait volontairement le choix de ne pas parler de l’avenir du Québec, pariant sur la prudence légendaire des Québécois. En fait, Jean Charest profite de la crise actuelle et du discours des chroniqueurs financiers qui recommandent aux contribuables de ne rien faire qu’ils pourraient un jour regretter. Quand la bourse baisse, ce n’est pas le temps de vendre, mais d’attendre !
C’est justement le discours que tient actuellement Jean Charest. Parce que l’économie va mal, ce ne serait pas le temps de se débarrasser d’un gouvernement dont nous ne sommes pas en mesure d’évaluer la vraie valeur. Parce que la crise mondiale brouille tout, y compris la lecture que pouvons faire de la situation, nous devrions attendre. Le programme de Jean Charest s’appuie sur un pur sophisme alimenté tous les jours par la Presse de Gesca. Son parti serait le meilleur pour gouverner, car rien ne nous prouve qu’il ne le soit pas. D’ailleurs, rien ne nous prouve que les autres partis seraient plus habiles que le sien !
Comme les Québécois sont prudents et que les chefs des autres partis n’ont pas de meilleures recettes à offrir pour passer à travers la crise qui s'annonce sans trop de heurts – si cette recette existait, ça se saurait - il vaudrait mieux conserver le gouvernement actuel. Voilà le pari de Jean Charest. Voilà le leurre de la présente campagne. Ne rien changer que nous pourrions regretter, surtout ne rien faire qui pourrait nous plonger dans la misère !
Exactement la même attitude que Georges W. Bush et Stephen Harper ont adoptée face à la présente crise économique lorsqu’ils opposent à Nicolas Sarkozy - celui-là même que vante Gesca - qu’il ne faut pas trop se hâter pour changer le système actuel, n’ayant pas la preuve qu’il n’a pas fonctionné. Rien ne permettrait d'avancer objectivement que le capitalisme a échoué. Pourquoi alors perturber encore plus ce que personne n’est en mesure de vraiment évaluer ? La prudence serait donc de mise en ces temps incertains. Ceux qui nous ont plongés dans cette crise majeure, nous exhortent maintenant de nous méfier de ceux qui prêchent pour le renouveau et qui veulent changer les règles du jeu. Plus d’État là où il y avait trop de privé serait un pari très risqué !
Comme à l’époque du New deal, ne serait-ce pas le temps d’innover, de rêver de mieux pour nous et nos enfants, de plus de justice pour les travailleurs qui voient actuellement toutes leurs épargnes s’envoler pendant que les naufrageurs de l’économie se renflouent à même les coffres et les biens de l’État ? On se demande bien pourquoi il faudrait demander aux personnes qui ont provoqué cette crise de la résoudre.
Or, Jean Charest est justement celui qui appliquait avec zèle, il y a cinq ans à peine, les dogmes appris de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, sources de la présente crise, vendant sans vergogne le Québec à qui voulait bien l’acheter. Rien ne prouve qu’il ne continuera pas de le faire, une fois redevenu majoritaire. En fait, tout nous indique le contraire. Qui ne se souvient pas de la tentative avortée de vendre une partie du Parc provincial du Mont Orford ? C’est uniquement parce qu’il est devenu minoritaire qu’il a dû mettre fin à cette opération tant contestée par les contribuables québécois.
Les projets du CHUM, du CUSM, de l’OSM, de l’UQAM, de l'autoroute 30 et tous les PPP qui sont dans les cartons des libéraux ne sont que le début d’une longue série de ventes de garage à nos frais auxquelles nous assisterons au cours des prochaines années si nous réélisons majoritairement un gouvernement de Jean Charest. Est-ce que cela correspond à la conception que se font les Québécois de la prudence en temps de crise? Tout à fait le contraire de ce que recommandent nos courtiers alors qu’ils nous disent que ce n’est pas le temps de vendre, mais d’attendre.
Avis aux Québécois prudents, si le passé est garant de l’avenir, tout nous indique que Jean Charest plantera sa pancarte « Québec à vendre » dès le lendemain des élections du 8 décembre prochain. Le pétrole du golfe St-Laurent, les hôpitaux, l’assurance maladie, les réseaux d’aqueduc des municipalités, les parcs provinciaux ainsi que les routes et les rivières du Québec seront mis aux enchères une fois qu’il sera réélu avec une confortable majorité!
Il est clair pour quiconque s’ouvre un peu les yeux, que les solutions du privé qui n’ont pas fonctionné chez notre voisin du sud font partie du coffre à outils de Jean Charest. Alors que les Américains souhaitent maintenant plus d’État là où il y avait trop de privé, nous ferions exactement le contraire pensant que cela va arranger les affaires. Jean Charest joue tout simplement à la roulette avec les actifs des Québécois.
S’il est prêt à brader la propriété collective des Québécois, ce n’est certainement pas pour nous enrichir collectivement, mais bien pour satisfaire ses amis. Comme si devenir locataire avait déjà rendu plus riches nos hommes d’affaires. Pourquoi voudraient-ils devenir propriétaires de nos routes, de nos viaducs, de nos hôpitaux, de notre eau, de nos rivières, même du vent qui souffle sur le Québec, si cela allait les appauvrir ?
Les Québécois devraient être informés qu’ils s’apprêtent à voter pour un gouvernement qui a l’intention de privatiser le Québec en entier. Grâce à Jean Charest nous allons bientôt devenir des locataires du Québec. N'est-ce pas le rôle de chien de garde de l'opposition dans la présente campagne électorale d'avertir les Québécois des dangers imminents qui les guettent ? Si devenir locataire rendait plus riche, ça se saurait! En tout cas, ça ferait une bien belle publicité à afficher sur des pancartes électorales: Québec à vendre!
Louis Lapointe,
Québec à vendre !
Si devenir locataire rendait plus riche, ça se saurait!
Chronique de Louis Lapointe
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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4 commentaires
Jean-Claude Pomerleau Répondre
23 novembre 2011Votre texte novembre 2008 était juste sur le clou. Le même mois, alors que les commentateurs y allaient d'un gros débat sur l'images des chefs, durant la campagne électorale. Ils passaient à coté de ceci:
http://www.vigile.net/Les-Liberaux-font-mains-basses-sur
Trois ans plus tard, même mois de novembre, quelques personnalités portent plainte pour le vol de nos ressources: Le vol du siècle.
Seul Le Devoir en parle aujourd'hui (je vous confirme que TVA et la SRC étaient sur place: silence radio).
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/336761/ressources-naturelles-le-gouvernement-accuse-du-vol-du-siecle
À suivre...
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
26 novembre 2008Félicitations!
Je n'aurais pu dire les choses plus clairement!
C'est ça l'agenda secret de Jean Charest. Vendre le Québec à ses amis! Pour cela il lui faut la majorité.
Il est pressé car ses amis attendent et s'il n'y arrive pas, on sait ce qui arrive au chefs libéraux! Out!
Archives de Vigile Répondre
18 novembre 2008entièrement d'accrd. Je vais m'empresser d'imprimé votre texte et le faire lire aux gars du Moulin. (Environ 300 travailleur et +
Notre comté est gouverné par une libéral et est libéral depuis 38 ans vous devriez voir la magouille régner en maître.
Pas de Préfet de comté, pas d'anexion non plus car elle a été empêché par le fuyard Fournier.
Il faut faire que votre texte soit le plus lue il faudrait s'arranger pour le mettre sur You Tube !
Merci !
La seule chose que Charest nous offre c'est le salaire de
Salembo !
Archives de Vigile Répondre
17 novembre 2008Entièrement d'accord avec votre analyse de la situation. Il faut voter contre Charest et ne pas minimalement le reporter majoritaire au pouvoir et même préférablement le retourner dans l'opposition. C'est un menteur né au service de ses puissants amis et ils n'a aucune considération véritable pour les citoyens.
Les fabriquants d'images du parti libéral du Québec on beau me dire que le scorpion Charest est en fait un agneau, eh bien, moi, mon expérience de la vie me dit qu'un scorpion reste un scorpion et qu'il gardera les comportements propres à son espèce toute sa vie. La bête s'apprête à piquer mortellement le Québec. Si son dard l'atteint, ça va faire mal.