Le présent message est une réponse à la chronique de Michel C. Auger dont l'adresse figure ci-dessous. En plus de M. Auger, de nombreuses personnes figurent parmi les destinataires, y compris les principaux médias du Québec.
Au PQ : fuite en avant et déni
Monsieur Auger,
Vous ne changerez jamais. Dans votre esprit, toutes les excuses sont bonnes pour favoriser le statu quo fédéraliste, y compris de parler de fuite devant une approche honnête comme celle de Louis Bernard visant à libérer le Québec du joug fédéraliste auquel il n'a bien entendu jamais consenti, comme vous ne l'admettez jamais dans vos chroniques.
Louis Bernard ne propose pas «seulement l'indépendance», mais un programme qui commence par l'indépendance. M. Bernard dit bien que le PQ aurait un programme complet, touchant toutes les sphères de la société, mais ce serait un programme prenant l'indépendance, plutôt que la dépendance, comme point de départ. Ce n'est pas Louis Bernard qui a l'air d'un pur et dur, mais bien vous avec votre entêtement de fédéraliste absolutiste niant le caractère fondamental de l'indépendance dans le destin d'un peuple et dans sa capacité à s'organiser pour améliorer son sort. À quoi bon s'acharner à faire des réparations de fortune dans la maison si la fondation est pourrie de bord en bord? Je vous le demande.
Depuis 1995, vous et vos comparses actuels chez Gesca avez essayé d'enfermer le mouvement indépendantiste dans votre logique. Ce fut d'abord l'argent et les votes ethniques qui faisaient du projet de pays un projet malsain, reposant sur la xénophobie. Puis, ce fut l'obsession référendaire que vous avez employée pour cacher le véritable enjeu: la libération du Québec. Maintenant, vous parlez de l'obsession de l'indépendance. C'est comme rien: on ne gagnera jamais avec vous à moins de devenir de vrais fatigués de la liberté fédéralistes.
Mais en fait, vous êtes un très bon conseiller. Il s'agit de faire exactement le contraire de ce que vous dites, conformément aux enseignements du passé récent. Fini le temps où le mouvement indépendantiste passait son temps à réagir aux arguments de Pratte, Dubuc, Gagnon et Auger. Fini le temps de se défendre constamment contre des accusations et des petits scandales fabriqués de toutes pièces. S'il y a une leçon à tirer de la belle performance de l'ADQ, c'est bien qu'on n'a pas besoin de l'assentiment des éditorialistes de Gesca (unanimement favorables au piètre Charest lors des dernières élections) pour convaincre les Québécois.
En somme, le mouvement indépendantiste doit sortir du carcan des débats imposés par le camp fédéraliste, dont vous êtes l'une des principales têtes d'affiche, même si vous aimez vous draper dans la pseudo-objectivité du chroniqueur politique sérieux. On verra bien si, comme vous le dites, après l'illusion autonomiste de Mario Dumont, les indépendantistes que vous accusez de se radicaliser seront les seuls à voter pour un pays qui ouvrira tous les horizons au Québec, plutôt que de passer des années à parler des urgences dans les hôpitaux pendant que le gouvernement fédéral se vautre dans les excédents budgétaires.
Et j'aime bien le qualificatif de «radical» que vous employez. C'est exactement ce que le PQ souhaite être. Le PQ veut être littéralement radical parce qu'il veut agir sur la cause profonde, plutôt que sur les effets. Ouvrez votre dictionnaire, et vous comprendrez qu'il n'y a rien de mal à être radical. Vous ne souhaitez pas être radical? Tant pis pour vous si vous préférez les remèdes agissant sur les symptômes plutôt que la vraie guérison et la santé. Votre vision de la société québécoise correspond à la vision qu'a Jean Charest de la santé: une éternelle lutte débilitante contre la maladie.
Quand donc cesserez-vous de faire de la petite politique étroite de colonisé satisfait maquillée d'objectivité contrefaite?
Bernard Desgagné

Gatineau, Québec