VERS LES ÉLECTIONS Analyse

Le sous-marin de l'ADQ émerge

Dumont talonne Charest pendant que le PQ et André Boisclair restent en rade

Québec 2007 - Analyse


par Denis Lessard - QUÉBEC En 2003, l'ADQ de Mario Dumont s'était approchée du champ de bataille électoral en montgolfière. Six mois avant les élections, Mario Dumont se prenait à rêver de devenir premier ministre. L'ADQ planait dans les sondages et certaines enquêtes prédisaient la quasi-disparition du Parti québécois, réduit à une poignée de sièges.
Or Mario Dumont s'était vite fait canonner de tous les côtés. Descendu comme un canard. Et le soir des élections, " la grenouille qui voulait être plus grosse que le boeuf " ramenait moins de députés qu'il n'en avait avant l'engagement.
Le scénario semble cette fois bien différent. Comme un sous-marin, l'ADQ vient de faire surface dans les sondages, un constat qui risque d'être réellement dramatique pour le Parti québécois. Les sondages internes péquistes comme libéraux montrent qu'André Boisclair est dans le pétrin, et que l'ADQ maintient ses gains réalisés en janvier.
Depuis quelques jours, les auditeurs des bulletins de télé assistent d'ailleurs à un curieux match où le premier ministre du Québec et le chef d'un parti pas même reconnu à l'Assemblée nationale se donnent la réplique. Sur des broutilles : Mario Dumont se moque des déclarations du candidat libéral Pierre Arcand comme de sa première chemise - personne ne se retournerait au passage de Jean-Marie Le Pen à Rivière-du-Loup. Mais ces menaces de poursuites, la main sur le coeur, ont maintenu le débat entre MM. Charest et Dumont pendant quelques jours.
Pendant ce temps, André Boisclair annonçait aussi des candidats - le politologue Guy Lachapelle, curieusement envoyé dans une circonscription difficile pour le PQ, Fabre. M. Boisclair aussi annonçait des prises de position, sur la nécessité d'avoir des tarifs d'électricité plus prévisibles, par exemple.
Or, ces sorties eurent bien peu de résonance. Tant et si bien qu'un journaliste demandait ouvertement au chef péquiste hier après-midi pourquoi ses annonces n'avaient-elles pas d'échos! M. Boisclair répliqua qu'il faisait un tabac dans les médias régionaux, et invita ses détracteurs à vérifier auprès du maire de Port-Cartier. Sa journée se termina sur une note plus désolante encore. Dans un communiqué tonitruant, M. Boisclair faisait un bilan catastrophique du gouvernement dans la région de Québec. " Quatre ans de négligeance (sic) ", titrait-on. On peut se demander où la négligence s'était installée.
Ce n'est que dans une semaine, quatre jours après le début de la campagne électorale, que le PQ dévoilera sa plateforme électorale. Presque une semaine perdue dans une période cruciale où la population suit avec une attention particulière les échanges entre les partis. Hier encore, M. Boisclair se faisait dire qu'il critiquait les politiques libérales et adéquistes, mais qu'il n'avait rien mis sur la table.
Ce n'est pas le contenu des propositions libérales, dévoilées hier, qui soulèvera l'enthousiasme des électeurs. On leur promettait un milliard de baisses d'impôts par année, il y a quatre ans. On a coupé en quatre cette cible - 250 millions paraît plus réaliste. On voulait rejoindre la moyenne canadienne quant au fardeau fiscal en 2003. Le gouvernement Charest n'aura atteint que 55 % de cet objectif.
Mais la principale inquiétude des stratèges libéraux restait la décision de dégeler les droits de scolarité. Une augmentation de 30 %, appliquée progressivement sur cinq ans aux 1600 $ de droits annuels, le coût d'une année d'université actuellement.
Il fallait voir la fébrilité des ministres Michèle Courchesne et Carole Théberge, hier matin, dans leurs réponses à l'engagement de Mario Dumont. Sa promesse d'une allocation de 100 $ par semaine pour les enfants qui n'utilisent pas le réseau des garderies subventionnées faisait la manchette de La Presse hier. Mme Courchesne l'accusa de vouloir couper les vivres aux bénéficiaires de l'aide sociale. Mme Théberge renchérit; l'ADQ veut abolir le réseau des garderies publiques!
Comme si, subitement, elles venaient d'apercevoir qu'un sous-marin vient d'émerger.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé