Le gouvernement britannique a proposé (Nouvelle fenêtre) lundi certaines des règles les plus strictes au monde en matière de contrôle des contenus inadéquats en ligne. Une proposition qui fait craindre pour la liberté d'expression sur Internet.
Le projet britannique, soutenu par la première ministre Theresa May, prévoit de nommer une personne chargée de surveiller les contenus en ligne et de punir les entreprises qui omettent de bloquer ou de supprimer les publications jugées inappropriées.
Les entreprises contrevenantes pourraient se voir imposer des amendes. Leurs plateformes en ligne pourraient aussi être bloquées et leurs dirigeants, poursuivis.
« Internet peut être génial pour rapprocher les personnes partout sur la planète, mais ces entreprises n’en ont pas fait assez pour protéger les utilisateurs, en particulier les enfants et les jeunes, des contenus nocifs, et ce, depuis trop longtemps, a indiqué Theresa May dans un communiqué. Ce n’est pas suffisant, et l’heure est venue de faire les choses différemment. »
Les contenus en lien avec le terrorisme, la pédophilie, la vengeance pornographique, la haine, le harcèlement, la vente de biens illégaux, l’intimidation, le trollage et les fausses nouvelles seraient interdits si le projet allait de l’avant. Le livre blanc suggère de forcer les sites de réseaux sociaux à faire appel à des services de vérification des faits en période d’élections pour contrer la circulation de fausses informations.
Facebook en faveur des mesures proposées
Facebook s’est montré favorable aux propositions britanniques. « Nous avons besoin de nouvelles règles pour mettre en place une approche uniforme sur toutes les plateformes et pour éviter que les entreprises privées prennent autant de décisions importantes seules », a indiqué l’entreprise dans un communiqué.
Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a réclamé une plus grande réglementation des réseaux sociaux, à la fin du mois de mars, après avoir longtemps préféré la déréglementation.
Google et Twitter ont tous les deux indiqué qu’ils collaboreront avec le gouvernement britannique pour l’aider à mettre au point des politiques garantissant un Internet plus sûr et ouvert.
« Une attaque envers la liberté d’expression »
Les propositions britanniques font toutefois bondir les groupes militant pour la protection de la liberté d’expression et pour les droits des internautes.
L’organisme Index on Censorship croit notamment que les mesures contenues dans le livre blanc pourraient inciter les entreprises du web à censurer des contenus légitimes.
« Le livre blanc sur les nuisances en ligne pave la voie à la future réglementation du web, a expliqué à Forbes la directrice des politiques d’Index on Censorship, Joy Hyvarinen. [Nous nous demandons si] la protection de la liberté d’expression est moins importante [pour le gouvernement] que le fait de donner l’impression qu’il “fait quelque chose” en réponse à une pression publique. »
Un point de vue partagé par Matthew Lesh, directeur de la recherche de l’organisme Adam Smith Institute.
« Ces propositions sont une attaque historique envers la liberté d’expression et la liberté de presse, a affirmé M. Lesh à Forbes. Au moment où le Royaume-Uni critique des violations du droit d’expression dans des pays comme l’Iran, la Chine et la Russie, nous ne devrions pas amoindrir notre liberté ici. »