Voici ce que je retiens du passage de Robert Lafrenière à l'Assemblée nationale...
Sa préoccupation principale est vraisemblablement tournée vers les dossiers qui ont un lien avec les fuites de l'UPAC. Le dossier de Guy Ouellette en particulier. Les explications du commissaire Lafrenière sont nébuleuses, au mieux. Il a évoqué des données hors du privilège parlementaire dans ce cas-ci. Pourtant, les avocats de l’Assemblée nationale défendent la position que le privilège parlementaire n’empêche pas l’UPAC d’enquêter dans ce dossier.
Tout de même surprenant de constater que Robert Lafrenière a avoué, loin des parlementaires, que l’enquête avait repris, à une date indéterminée.
Rappelons qu’en dépit de la « Requête de type Lavallée » dans le dossier de Marc Bibeau, l’UPAC a quand même pu interroger 300 témoins. On se demande bien pourquoi l’UPAC a mis les freins dans le dossier Guy Ouellette. Son but a-t-il déjà été atteint? Guy Ouellette a été contraint au silence. Ceux qu’on soupçonnerait de parler autour de lui aussi...
Questionné à savoir si d’autres parlementaires étaient visés par des enquêtes, le commissaire de l’UPAC a refusé de se commettre. Il n’a pas non plus démenti la prétention d’un des parlementaires présents selon laquelle cela pouvait être interprété comme un signal que ce serait le cas.
Sous Lafrenière, l'UPAC a été plus proactive pour attraper les « bandits » à l'interne plutôt que de faire avancer les enquêtes qui visent les « bandits » présumés qui sont dans le collimateur de l’enquête Mâchurer. Ici encore, mea culpa de Lafrenière aujourd’hui. Ce dernier a admis qu'il n’aurait pas dû parler d’échéancier dans le passé.
Robert Lafrenière semble « très, très préoccupé » par l’échéancier électoral et l'incidence politique des enquêtes qu'il dirige. C'est troublant en soi. Surtout, ce n'est pas son rôle de s'inquiéter de ça.
Il a bien tenté de remettre le dentifrice dans le tube, mais sa volte-face concernant le fait qu’il allait marquer une pause pendant les élections – mais là plus maintenant - sentait l’opportunisme à plein nez.
Quand les enquêteurs ont décidé de faire le ménage en politique municipale, il y a eu de graves conséquences politiques. Mais c'est là un effet collatéral inévitable quand on procède à l’arrestation et aux accusations de ceux qui ont causé tant de gestes répréhensibles.
Le PRO des Lavallois de l’ex-maire Gilles Vaillancourt et le parti Union Montréal de l’ex-maire Gérald Tremblay n’ont pas survécu aux vastes enquêtes qui les visaient. Il y a une raison pour cela, des gens ont commis des crimes, graves, et se sont moqués du processus démocratique et des citoyens afin de s’enrichir et de maintenir en place un système délétère.
La politique se porte mieux quand ces escrocs sont écroués, quand ceux-ci sont tenus le plus loin possible des deniers publics et de la capacité de les gérer.
Ce ménage-là n’a jamais été fait en politique provinciale.
Et quand le patron de l’UPAC s’adresse aux parlementaires dans un forum comme celui d’aujourd’hui, difficile de ne pas songer à ses affiliations politiques, au fait qu’il fut nommé par le parti politique en place, que lorsque Jean Charest, en 2011, a été contraint, dans ses derniers retranchements, de mettre en place l’unité permanente anticorruption, il a fait appel, comme c’est l’usage dans ce régime, à quelqu’un qui était issu de son sérail politique.
Le patron de la police anticorruption devrait être au-dessus de tout soupçon de quelque appartenance politique que ce soit. Il devrait être nommé par l’Assemblée nationale, il devrait avoir les coudées franches pour faire son travail sans s’occuper de quelque préoccupation politique que ce soit, en se sacrant pas mal de ça.
Le député Amir Khadir a fait l’an dernier un plaidoyer senti pour que l’on ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, pour que l’on sauve l’UPAC. Je suis tout à fait d’accord avec lui. Il faut sauver l’UPAC. Il faut une Unité permanente anticorruption. Mais pour sauver l’UPAC, il faudra inévitablement l’expurger de toute apparence d’appartenance politique.
Le prochain gouvernement devra y voir.