A-t-on le droit de poser des questions sur ce qui se passe à Lacolle sans passer pour intolérant?

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L'immigration, légale ou pas, est un réel sujet politique

A-t-on le droit de se demander pourquoi la frontière du Canada est sécurisée presque partout sauf au Québec sans être taxé de « racisme » et « d’intolérance »?


On se le demande parfois.


C’est ce à quoi j’ai pensé en prenant connaissance de ce texte de La presse canadienne publié dans Le Soleil plus tôt cette semaine.


Selon des « experts », le Québec « tiendrait un discours irresponsable et dangereux » quand il affirme avoir atteint sa capacité d’accueil de migrants « irréguliers ».


Ces experts vont même un cran plus loin, « ils mettent en garde le gouvernement contre le risque, élevé, de nourrir les dérives xénophobes qui traversent actuellement la société québécoise ».


Rien de moins. Vous avez bien lu. Les dérives xénophobes qui traversent actuellement la société québécoise.


Une affirmation comme celle-là, « d’experts », est très lourde de sens et doit s’appuyer sur quelque chose. La société québécoise est-elle en proie à de graves tensions sociales « xénophobes », l’extrême-droite y est-elle très largement représentée? Serait-elle aux portes de l’Assemblée nationale?


Quelqu’un qui habite le Djibouti et qui lit ça doit se dire qu’on lynche des « étrangers » en pleine rue.


À moins que selon ces « experts », le simple fait de poser des questions sur la gestion de la frontière, les seuils d’immigration ou la capacité d’accueil de migrants « irréguliers » soit, en lui-même, une « dérive xénophobe ».


Et quand on constate que la frontière a été somme toute sécurisée, et que l'on réussit à la faire respecter presque partout au Canada SAUF AU QUÉBEC, on a le droit de poser des questions sans passer pour un xénophobe dégénéré.


S’il est vrai que l’on doit combattre les fausses perceptions et la désinformation concernant l’accueil des migrants, et je pense ici à ceux qui comparent, par un tableau simpliste et fallacieux, les subsides que l’on octroie aux migrants à ceux des sans-abris ou d’un ancien combattant, il est aussi vrai que l’on doit être à l’écoute des préoccupations, légitimes, des parlementaires et de la population.


Et la situation à la frontière du Québec peut engendrer de réelles préoccupations auxquelles on doit trouver réponses et explications.



Au cours des trois premiers mois de l’année 2018, la GRC n’a procédé à aucune interception entre les points d’entrée « réguliers » en Ontario, au Nouveau-Brunswick, en Saskatchewan, en Alberta. Zéro. Une centaine au Manitoba et en Colombie-Britannique.


Au Québec? 4828.


Je ne suis pas un « expert » ni ne prétends l’être. Mais quand les parlementaires, tous partis confondus, posent des questions, interpellent le fédéral ou tentent de trouver des propositions afin de trouver réponse à cette problématique évidente à la frontière du Québec, on s’attend à ce qu’ils puissent le faire sans être accusés de « xénophobie ».


L’été dernier, le réseau BBC International a produit un article sur l’accroissement des passages de migrants à la frontière canado-américaine. On pouvait notamment y lire ceci :


« Le Canada a connu une augmentation significative du nombre de demandeurs d'asile au cours des derniers mois, particulièrement dans la province de Québec.


Les entrées ont augmenté relativement régulièrement depuis janvier. Le mois dernier [aout 2017], 5 712 personnes ont été interceptées par les agents de la GRC à la frontière canado-américaine, ce qui a porté à 13 211 le total de cette année.


Au Manitoba, 80 personnes ont été interceptées après avoir traversé la frontière. En Colombie-Britannique, 102 personnes ont été arrêtées.


Mais la grande majorité - soit 5530 - a traversé le Québec au cours de la première partie du mois, à un endroit où les gens peuvent facilement traverser un fossé à la fin d'une route rurale de l’État de New York pour entrer au Canada. »


Tu lis ça sur le site de la BBC et tu te dis que c’est vraiment trop facile. Mais bon.


Je ne me prononce pas sur le fond, sur les propositions faites par les uns et les autres. Ce qui m’interpelle ici c’est l’injonction de silence qui arrive dès que l’on ose traiter de la question.


C’est franchement agaçant. Et cela doit cesser.