Il semble qu’il n’y ait plus que la Commission Bastarache à ne pas le savoir, mais elle ne jouit plus d’aucun crédit nulle part. Certainement pas auprès de la population qui dès le départ a pris fait et cause pour Marc Bellemare, indignée à juste titre de l’utilisation par Jean Charest des rouages de l’État à ses fins personnelles.
Ni même auprès des médias qui, tout en se pourléchant au départ à la perspective d’un spectacle qui promettait d’être haut en couleurs, découvrent maintenant avec une certaine inquiétude (même chez Gesca) qu’ils sont en train de risquer leur crédibilité professionnelle en se faisant manipuler par des « spinners » qui les alimentent en « tuyaux » sur l’imminence de coups de théâtre qui se révèlent par la suite n’être rien d’autre que des pétards mouillés.
Et encore moins auprès des gens du métier qui observent avec un mélange grandissant de gêne et d’agacement les collègues aux côtés desquels ils oeuvrent et les institutions qu’ils servent se discréditer un peu plus à chaque jour pour tenter de sauver un régime de toute façon condamné, et qui ne peut plus rien leur rapporter.
Pire, apparaît désormais tout le ridicule de tenir une commission d’enquête pour déterminer qui de deux personnes a raison, l’une affirmant qu’une chose s’est produite, et l’autre prétendant mordicus le contraire, car c’est bien à cet enjeu très limité que tient depuis le début toute cette extravagante mise en scène.
On aura beau tenter de faire diversion en faisant comparaître des tas de prétendus témoins absolument incapables de faire progresser le débat parce qu’ils n’ont justement pas été témoins de quoique ce soit dans le seul but de tenter de jeter un doute sur le témoignage de Marc Bellemare, rien n’y fera. En bout de ligne, on se retrouvera devant la caricature d’une scène de « western » avec en face à face « le bon », Marc Bellemare, et « le truand », Jean Charest. J’espère que vous ne m’en voudrez pas si je vous dis que j’aurais préféré Clint Eastwood dans le rôle titre, et la mise en scène de Sergio Leone à celle du Commissaire Bastarache.
En attendant le dénouement final, Marc Bellemare, qui n’a rien d’autre à faire qu’a maintenir sa version originale contre vents et marées, a encore trouvé le moyen de miner la crédibilité de la Commission aujourd’hui en retournant les questions du procureur Battista pour l’obliger à admettre que les témoignages des derniers jours n’avaient pas porté sur le fond de la question, à savoir si le processus de nomination des juges était sous influence, mais avaient bien plutôt visé à mettre sa crédibilité en doute en faisant ressortir des éléments sans rapport avec l’enjeu. Du grand art, et Me Battista, décontenancé par la tournure inattendue de son interrogatoire, s’est fait piégé comme un néophyte en reconnaissant que c'était le cas.
Qui plus est, l’intervention de Me Jean-François Bertrand, l’autre avocat de Marc Bellemare, pour réclamer une fois de plus le registre des visiteurs au bureau du premier ministre est venue rappeler à tous que « l’impossibilité » dans laquelle ce dernier pourrait se trouver de produire ledit registre serait du plus mauvais effet. S’il y en a qui croient que c’est Marc Bellemare qui est dans les cordes, qu’ils allument, c’est plutôt Jean Charest !
Ce qui nous amène une fois de plus à nous demander comment il se fait que des professionnels de l’envergure de celle du Commissaire Bastarache et des membres de son équipe aient pu s’embarquer dans une telle galère. Sont-ils à ce point aveuglés par la partisanerie mesquine ou par l’appât d’honoraires plantureux pour ne pas avoir vu tout le ridicule de la situation dans laquelle ils seraient plongés et comment ce ridicule rejaillirait inéluctablement sur eux ?
Contrairement à une idée reçue, le ridicule tue. Vous n’avez jamais remarqué dans la rue tous ces morts qui marchent ?
Commission Bastarache (6)
Le ridicule tue
« Et puis c’est gai dans une ville, ça fait des morts qui marchent » (Félix Leclerc)
Chronique de Richard Le Hir
Richard Le Hir673 articles
Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
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5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
17 septembre 2010Vous pouvez constater que depuiss que les médias parlent que des âneries de la Commission CHAREST BASTA ils ne parlent presque plus des crimess commis par les commandités à Charest .
C,était le but de cette commission bidon
Mais je crois que les crimes sont trop nombreux surtout le dernier du GAZage du Québec en entier avec les amis du Parti fédéraliste
Archives de Vigile Répondre
17 septembre 2010Ce qui est encore plus intéressant dans la commission Bastarache, c'est qu'en principe, elle ne devait pas faire trop de vague, être assez "pépère" même pour Jean Charest.
Or ce qui semble se dessiner c'est que Bastarache risque d’être le dernier clou sur la couvercle de la boite de Pandore dans lequel Charest s'est piégé lui-même.
Imaginé quel aurait été les ravages sur une commission d’enquête publique sur le financement du PLQ ...Cette commission n'aura jamais lieu sous le gouvernement Charest mais pourrait être un redoutable et décisif outil sous le prochain gouvernement du PQ et ainsi pavé la voie à la préparation d'un référendum gagnant sur la souveraineté...Donc à suivre
Jeannot Duchesne Répondre
17 septembre 2010M. Le Hir, vous décrivez très bien le ridicule de cette commission mais pour ce qui est de leurs honoraires plantureux et de leur partisanerie permettez-moi de douter que ces gens aient quelconques remords.
John James Charest n'éprouve aucune culpabilité d'affaiblir le Québec comme il l'a fait jusqu'à maintenant; c'était son mandat, reçu de Jean Chrétien et des Desmarais en contre partie d'un portefeuille bien garni, probablement géré en fiducie, qu'il n'aura qu'à récupérer à sa révérenace de la politique.
Si M. Rousseau a été reçu à coup de millions par Power Corporation pour la déconfiture de la Caisse de Dépôt, j'imagine mal que M. Charest n'ait accepté la proposition des fédéralistes seulement pour le salaire minime d'un premier ministre même avec le montant que le parti libéral lui versait comme chef de parti.
Nous sommes dans une époque ou tout est relatif, même la moralité et la justice.
J.D
Archives de Vigile Répondre
16 septembre 2010M. LE HIR.
C'est exactement ce que dès le début je croyais qu'il devait arriver. Sauf que je n'aurais pu l'exprimer aussi clairement que vous.
CQFD. Merci.
Frs Beauchemin.
Archives de Vigile Répondre
16 septembre 2010On a l'impression qu'ils déploient des efforts inouis pour ne pas parler des vraies choses qui flottent dans l'air comme un fantôme tenace : la corruption de ce gouvernement fantoche.
Le spectacle que j'ai observé depuis deux jours en particulier est en train de devenir un vaudeville infect et indigne.
Je ne voterais probablement jamais pour l'ex ministre de la Justice. Mais quelque chose me dit qu'en cette affaire il dit vrai.
La meilleure nouvelle serait celle annonçant la démission de John Jame charest qui n'a plus aucune crédibilité. Et si j'étais le juge Bastarache je songerais aussi à démissionner. Avant de perdre compètement la face.