Le remplacement

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Pour redevenir pertinent, le PQ doit effectuer un changement de paradigme

Le dernier sondage de Léger frappe, mais ne surprend pas. Il confirme ce que nous savions déjà, c’est-à-dire que le PQ, en bas de 20 %, se battra moins aux prochaines élections pour prendre le pouvoir que pour survivre comme parti.


Un peu d’histoire : il est aujourd’hui menacé par le même sort qui a jadis frappé l’Union nationale, qui a longtemps dominé la politique québécoise avant d’en être progressivement évacuée et de disparaître.


Union nationale


L’Union nationale appartenait à l’époque du Québec d’avant la Révolution tranquille. Malgré une honorable tentative de refondation sous Daniel Johnson, elle ne sera pas parvenue à survivre au Québec moderne.



Les Québécois ne répondaient plus à son discours. Il fallait un nouveau parti pour une nouvelle époque.



C’est le PQ qui a pris sa place. Avec lui, le nationalisme se convertissait à l’indépendance. Mais il se pourrait que nous soyons à la fin de l’époque péquiste. Nous sommes témoins d’une fin de cycle historique.


Ceux qui blâment Jean-François Lisée pour la débâcle actuelle manquent de perspective historique.


La force du PQ dépendait de l’importance accordée par les Québécois à la question nationale et conséquemment, à leur désir de se positionner sur l’axe souverainiste-fédéraliste. Pour différentes raisons, ils n’en sont plus là.


La quête québécoise pour l’indépendance s’est terminée il y a plusieurs années déjà sur un cul-de-sac.


On tourne la page du pays, on se résigne au Canada. En fait, on n’y pense plus.


Les Québécois n’ont pas complètement renié leur nationalisme, mais ils s’intéressent moins à l’indépendance qu’à l’identité, comme s’ils n’étaient pas capables de lier les deux.


Les Québécois s’opposent au multiculturalisme fédéral et aux accommodements raisonnables, mais ne semblent pas comprendre qu’ils trouvent leur origine dans la constitution qui nous a été imposée en 1982.


Est-ce maintenant le tour de la CAQ ? C’est possible. Dans un Québec bloqué, l’heure est peut-être venue d’un repli stratégique.


Il ne vient pas sans péril : la CAQ pourrait bien devenir majoritaire sans un seul député à Montréal.


Cela consacrerait politiquement une cassure très profonde entre la métropole et le reste du Québec. Cette séparation mentale entre une métropole et son pays est néfaste pour tout le monde.


On peut néanmoins voir dans sa poussée un réflexe vital du Québec francophone comprenant qu’il ne pourra jamais se débarrasser des libéraux s’il ne se rallie pas principalement autour d’une bannière.


CAQ


Contrairement à ce que disent certains souverainistes, entre la CAQ et le PLQ, ce n’est pas du pareil au même. La CAQ est un parti nationaliste alors que le PLQ est un parti antinationaliste. Cela devrait quand même compter dans nos analyses.


Et si la CAQ est sérieuse dans son nationalisme, elle finira par comprendre que le peuple québécois est condamné à l’asphyxie politique dans le Canada tel qu’il est.


Dans ce contexte, l’essentiel, pour le PQ, consiste peut-être moins à faire croire qu’il peut gagner les élections qu’à survivre politiquement en évitant l’éradication électorale. S’il obtient 20 députés en 2018, Jean-François Lisée pourra crier victoire.