par Paul Roy -
Québec - André Boisclair s'est dit " très inquiet ", hier, d'apprendre que le Directeur général des élections (DGE) envisageait de reporter la publication du rapport du juge Bernard Grenier sur Option Canada, s'il lui était remis durant la prochaine campagne électorale.
En entrevue avec La Presse, le chef du Parti québécois réagissait à un article paru dans Le Devoir, dans lequel le DGE, Marcel Blanchet, affirme qu'il retarderait la publication du rapport s'il lui était remis " en pleine campagne électorale ".
L'enquête du juge Grenier a été déclenchée il y a un an, à la suite de la publication du livre Les secrets d'Option Canada, soutenant que le camp du Non avait violé la loi électorale québécoise pendant la campagne référendaire de 1995. Les journalistes Normand Lester et Robin Philpot qui sera candidat péquiste dans Saint-HenriSainte-Anne aux prochaines élections en sont les auteurs. Leur ouvrage montrait du doigt plusieurs libéraux, dont certains de l'entourage de Jean Charest.
" C'est clair que des allégations très lourdes pèsent sur les fédéralistes, qu'il y a eu une démonstration très forte par MM. Lester et Philpot prouvant que les fédéralistes n'ont pas gagné le dernier référendum de façon honorable, a dit hier M. Boisclair. Mais je pense qu'il est important que les Québécois soient informés des conclusions du juge Grenier le plus rapidement possible, dès qu'il aura terminé son rapport.
Et si c'est pendant une campagne électorale?
Ce n'est pas au DGE de porter un jugement politique.
Remettez-vous son impartialité en question?
Je ne répondrai pas à cette question sur la base d'un article de journal. J'ai énormément de respect pour l'institution du DGE. J'ai demandé à mes collaborateurs de faire des vérifications. Mais il est clair que je suis extrêmement préoccupé. Le DGE n'a pas de jugement à porter sur le moment et la façon dont le rapport doit être rendu public. "
À l'origine, le juge Grenier devait terminer son enquête en juin 2006. Mais son mandat a été prolongé à quelques reprises. Si bien que son rapport est maintenant attendu pour la fin mars 2007. Or, comme plusieurs prévoient le déclenchement d'élections au printemps
En voilier
C'est un André Boisclair bronzé qui a retrouvé hier son bureau de l'Assemblée nationale. " J'ai passé 10 jours sur un voilier durant le temps des Fêtes ", a-t-il expliqué.
" Vous n'avez donc pas regardé la télévision, les émissions de fin d'année (où il était abondamment question de sa personne)?
Non. Je me suis concentré sur mes vacances. J'ai passé des moments très agréables avec mes amis. "
Mais ces vacances sont bien finies. Et l'année qui débute aura vraisemblablement une couleur électorale. André Boisclair est optimiste. Selon lui, son adversaire libéral s'est coulé en ne tenant pas ses promesses de baisses d'impôt et de remise sur pied du système de santé. Depuis, dit-il, il se cherche une fenêtre électorale mais, jusqu'ici, aucune ne s'est ouverte.
" M. Charest a travaillé fort, cet automne, il a tout fait pour déclencher des élections. Je pense qu'il se retrouve dans une situation difficile parce qu'il traîne son bilan électoral. Il n'a plus la crédibilité pour faire de nouvelles propositions aux Québécois. "
De son côté, M. Boisclair entend faire campagne sur " les priorités du PQ " : éducation, environnement et développement économique.
Mais la souveraineté ne sera pas en reste, promet-il : " Je vais essayer, avec mon équipe, d'incarner cet espoir-là, de trouver les mots justes pour dire aux Québécois que la souveraineté, on peut faire autre chose que d'en parler, on peut la faire.
Mais ça, c'est en parler. Comment la fait-on?
Par un référendum sur la souveraineté.
Et quand Jean Charest va répéter, en campagne électorale, qu'André Boisclair compte tenir un référendum le plus tôt possible dans un premier mandat, vous allez répondre quoi?
Je vais répondre oui. Fièrement. Fièrement. "
Le chef péquiste précise qu'il va aussi ajouter que ce qui l'obsède, ce n'est pas le référendum, mais l'avenir du Québec. " Ceux qui sont obsédés, ce ne sont pas les souverainistes, ce sont les fédéralistes, qui refusent de regarder la réalité telle qu'elle est. M. Charest sera notre meilleur allié durant la campagne parce que, faute d'avoir pu s'entendre avec le gouvernement fédéral, il a été obligé de renoncer à ses engagements les plus fondamentaux. "
Et si M. Charest obtenait malgré tout un règlement quelconque du déficit fiscal, les Québécois ne seraient pas dupes, prétend M. Boisclair. " Ils vont comprendre que le défi, ce n'est pas de se mettre à genoux pour aller chercher de l'argent à Ottawa. Il n'y a personne, dans la vie, qui se comporte de cette façon. C'est se comporter en quêteux, alors que l'argent nous appartient. "
André Boisclair en entrevue
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