Le Québec ne se tirerait pas si mal de la mort de l’ALENA, estime une étude

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Le Québec s'en tirerait mieux que l'Ontario

La mort de l’ALENA « ne serait pas un désastre » pour le Canada, conclut une nouvelle étude, et le Québec s’en tirerait mieux que l’Ontario.



S’il est vrai que la fin de l’Accord de libre-échange nord-américain serait indéniablement une mauvaise nouvelle pour l’économie canadienne, on peut présumer qu’on s’y adapterait « en relativement peu de temps », estime une étude de la Banque de Montréal dévoilée lundi, qui s’ajoute à d’autres analyses qui tendent, elles aussi, à dédramatiser les conséquences d’un échec des renégociations du traité qui semblent bien mal engagées entre le Canada, les États-Unis et le Mexique.



Les experts de la BMO rappellent notamment que, dans le cas où les États-Unis tourneraient le dos non seulement à l’ALENA, mais aussi à l’accord de libre-échange canado-américain qui le précédait, ce sont les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’appliqueraient et que ces dernières limiteraient considérablement les augmentations de tarifs commerciaux permises. De plus, « il est primordial de noter que le politique ne resterait pas immobile advenant un dénouement défavorable de l’ALENA », dit Doug Porter, économiste en chef de l’institution.



Il y a en effet lieu de penser que pour amortir le choc, les gouvernements adopteraient des politiques de stimulation économique et que la Banque du Canada assouplirait sa politique monétaire. On redoublerait également d’efforts pour développer d’autres débouchés commerciaux, notamment du côté de l’Europe grâce au nouvel Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne et de l’Asie avec la nouvelle mouture du Partenariat transpacifique actuellement en préparation et tous ces autres projets en cours avec la Chine et l’Inde.



1000 $ de plus par auto



Globalement, on prévoit que le Canada perdrait environ un point de pourcentage de croissance du PIB sur un horizon de 5 ans. « Cela reste un impact relativement modeste pour une économie qui devrait croître de presque 9 % durant cette période », observe Doug Porter. Cette légère baisse de régime se traduirait par une augmentation du taux de chômage, qui était de 6,3 % le mois dernier, de 0,5 point de pourcentage. « Le Canada se porterait moins bien que sous l’ALENA, mais ce ne serait pas un désastre », résume l’étude qui compare cet impact à celui qu’a eu cette année l’appréciation du dollar canadien.



Les premières victimes seraient les consommateurs, dit-on, puisque la conjugaison de la hausse des droits de douane et de la baisse du huard se traduirait par une hausse du prix des importations menant elle-même à une augmentation générale du coût de la vie d’environ 0,8 point de pourcentage. Dans l’industrie automobile — plus touchée que les autres parce que la production y est tellement intégrée entre les trois pays que les pièces traversent jusqu’à sept fois la frontière avant d’arriver à un produit fini —, il en coûterait ainsi 1000 $ de plus en moyenne par véhicule.



Le Québec moins touché



Outre la production automobile (90 % des produits exportés aux États-Unis et 2,5 % de tarifs) et le secteur du transport en général (69 % exportés), les secteurs les plus affectés au Canada — en raison des niveaux de tarifs attendus ou de la proportion de la production canadienne qui prend le chemin des États-Unis — seraient celui du textile et des vêtements (60 % exportés et 7,5 % de tarifs), celui des équipements électriques (60 % exportés) et électroniques (84 % exportés), celui des produits chimiques (60 % exportés) et plastiques (45 % exportés et 3,7 % de tarifs), ainsi que celui des breuvages et du tabac (19,4 % de tarifs) et des produits alimentaires (24 % exportés et 4,5 % de tarifs).



Le Québec se tirerait mieux de cette situation que l’Ontario grâce principalement au fait que ses marchés d’exportation sont plus diversifiés, en raison notamment de ses liens commerciaux avec l’Europe, mais aussi parce que les secteurs agricoles sous gestion de l’offre, dans le lait, les oeufs et la volaille, y sont plus présents et ne seraient pas touchés par un échec de l’ALENA. Le secteur automobile et du transport est au surplus très important en Ontario.



On estime ainsi que les États-Unis comptent pour 71 % des exportations du Québec et 14,5 % de son PIB contre 83 % des exportations de l’Ontario et 26 % de son économie. Si l’on ne regarde que la part des exportations vers les États-Unis qui sont dans les secteurs économiques les plus à risque, on remarque cette fois que les proportions sont presque les mêmes au Québec (76 %) et en Ontario (80 %), mais que l’importance relative de ces exportations dans l’économie est deux fois moins grande au Québec (11 %) qu’en Ontario (21 %).



> Lire l'article sur Le Devoir.



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