Nul besoin d’être la tête à Papineau pour constater que le français est en chute libre à Montréal. Suffit de se promener dans les quartiers hier encore les plus francophones de la ville, pour se rendre compte que partout la langue anglaise gagne du terrain, pouce par pouce, mais inexorablement. La force attractive de l’anglais est d’autant plus palpable qu’un laisser-aller général et aussi beaucoup de complaisance semblaient ces dernières années lui avoir déroulé le tapis rouge. Ce qui n’était pas pour défriser John James Charest qui mène ce gouvernement composé d’autruches, de lavettes et de renégats.
Or, un réveil tardif semble percer dans la population et il était, ma foi,grandement temps. Le Mouvement Montréal français, depuis sa fondation en 2006, a fait un sacré bon boulot en ce sens. On aurait tout lieu de se péter les bretelles si l’heure n’était pas si grave et l’enjeu (d’un peuple) si important. À force d’acharnement et de travail, le message du MMF a fini par porter fruit. Des gens de tous âges, de tous horizons, ont commencé à regarder autour d’eux et en sont venus au même et terrible constat : le français battait de l’aile, si bien que leur langue passerait l’arme à gauche s’ils ne faisaient rien pour lui porter secours.
C’est la société civile qui est derrière cette renaissance.
Bien sûr, il y a bien eu auparavant Pierre, Jean, Jacques pour sonner le tocsin. Il a fallu que des défenseurs du français devant l’Éternel, comme l’écrivain Yves Beauchemin, se jettent dans la bataille pour que d’autres décident de leur emboîter le pas. Il en a fallu des discours, ceux de Maria Mourani entre autres, des tableaux, je pense à ceux de Jean Dorion (présentés un dimanche après-midi au La Tulipe) et de Charles Castonguay, et des conférences de presse menées tambour battant par un homme de valeur comme Mario Beaulieu.
Et tout ce travail a été relayé par le plus beau monde qui soit, le plus précieux aussi (ça, on ne le dira jamais assez): celui des bénévoles qui se défoncent comme des damnés au téléphone pour mobiliser les troupes, leur dire de se pointer à tel endroit pour protester contre une raison sociale anglaise, de se présenter en grand nombre pour une manif pour le français devant les bureaux d’un Brent Tyler, de se déplacer pour le Grand Rassemblement-spectacle, organisé par une large coalition, et qui se tient samedi le 18 septembre au Centre Pierre-Charbonneau .
Et il y a les centrales syndicales et les grands syndicats nationaux qui se joignent à cette coalition. Cela fait à coup sûr grand bien à entendre. Ici,il faut mentionner l’élan indéniable qu’ont su donner par leur implication au MMF madame Lucie Martineau et le Syndicat de la fonction publique du Québec.
Au Parti québécois qui, bien qu’à l’origine de la loi 101, a manqué cruellement de responsabilité et de sang-froid par le passé quand cette charte fut attaquée, piétinée et charcutée, contribuant ainsi à nous affaiblir, on trouve maintenant des gens qui sont prêts à corriger le tir. En tout premier lieu, il faut saluer un homme comme Pierre Curzi. Il faut aussi apprécier à leur juste valeur les dernières interventions de Bernard Landry.
Il y également le Bloc qui fait un excellent travail au chapitre linguistique et qui nous a montré lors d’un récent colloque avec les IPSO qu’il n’y avait rien à attendre du ROC, rien à attendre des dieux de la peste fédéraux. Sans oublier Québec Solidaire, qui répond de plus en plus présent à ses membres qui l’enjoignent de soutenir cette bataille linguistique, non pas du bout des lèvres, mais avec toujours plus de vigueur. Enfin, il y a toute la kyrielle des organisations nationalistes et indépendantistes qui se jettent dans la mêlée, et dont la seule énumération ici serait fastidieuse.
Ce Grand Rassemblement-spectacle animé par Michel Rivard est on ne peut plus important «pour la suite du monde». Car la bataille qui s’en vient promet d’être rude. C’est peut-être devenu un cliché, mais il est vrai de dire que nous en sommes rendus comme peuple à nos derniers retranchements et que nos adversaires n’auront de cesse de s’en prendre à nous que lorsque nous aurons disparu de la carte. Alors, ils feront comme ils font aux minorités francophones dans le reste du Canada, ils nous subventionneront pour le bénéfice de la galerie, pour se donner bonne conscience et pouvoir dire au monde entier qu’ils ont à cœur leur patrimoine; ils recréeront un French Quarter folklorique à souhait comme à la Nouvelle-Orléans, mais cette fois à Montréal, pour que le touriste japonais ait une idée de l’époque où c’était français.
En d’autres mots, nos adversaires ne seront satisfaits et ne commenceront à nous aimer réellement que lorsqu’ils nous sauront complètement inoffensifs, foutus, en voie de disparition ou parlant anglais.
Par ailleurs, ce qui a fonctionné il y a plus d’un siècle dans l’Ouest canadien se répète. Là-bas, on s’est servi jadis de l’immigration pour noyer et annihiler le fait français, et aujourd’hui on nous refait le coup. Ces quelques dizaines de milliers d’immigrants que le Québec accueille chaque année, sans pour autant s’assurer de leur intégration à la majorité québécoise, vont ainsi grossir pour bon nombre d’entre eux la minorité anglophone.
Que l’on ne se méprenne pas, ce n’est pas la faute des nouveaux arrivants s’ils s’intègrent pour une bonne part à l’élément anglais, ah que non! C’est la faute de ce système néocolonial canadian qui permet et facilite l’anglicisation des immigrants, avec la complicité d’un gouvernement fantoche à Québec.
À tous les nouveaux arrivants du Maghreb, des Antilles, d’Amérique latine et d’ailleurs qui choisissent le Québec français, il faut leur savoir gré de leur décision et les inviter à se joindre à nous dans ce combat politique pour l’indépendance. Le Grand Rassemblement-spectacle s’adresse bien entendu aussi à eux.
Venez nombreux samedi et ne vous dérobez pas sous de commodes prétextes ou des raisons tirées par les cheveux. Le Québec doit parler haut et fort. Il faut ébranler nos adversaires et leur dire que nous avons l’intention de vendre chèrement notre peau.
Quant à moi, pauvre petit moi comme disait Sol, qui me suis engagé aussi bien à la SSJB, qu’au MMF et au Réseau de résistance du Québécois, je n’entends pas abandonner. Au contraire, c’est en connaissance de cause que j’ai choisi d’adhérer au RRQ, qui, comme vous le savez peut-être, n’a pas froid aux yeux, qui a une façon bien particulière d’intervenir et qui le montrera à nouveau dans quelques semaines. D’aucuns me trouveront un peu vieux pour le RRQ, qui recrute majoritairement chez les jeunes, mais ils se trompent. Nous avons l’âge de notre détermination. Être jeune, c’est choisir de se battre et de ne pas se laisser manger la laine sur le dos.
Présentement, Patrick Bourgeois, le chef du RRQ, est en Catalogue, invité par les indépendantistes. Il y a quelques jours, lors d’un rassemblement, il s’adressait à des milliers de Catalans pour leur parler de notre combat pour la langue et pour le pays. Ne perdons pas de vue que les yeux de tous ceux qui luttent pour leur identité et leur affranchissement sont aussi tournés vers nous et que nos victoires les inspirent. Nous n’avons tout simplement pas le droit de demeurer les bras croisés. Et nous n’avons pas le droit non plus d’avoir peur!
Allez, assez de bavardages, on se revoit samedi au Centre Pierre-Charbonneau !
Notre langue n'a pas de prix!
Le Québec doit parler haut et fort
Ce Grand Rassemblement-spectacle animé par Michel Rivard est on ne peut plus important "pour la suite du monde".
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
17 septembre 2010Le combat pour un Québec français doit reprendre avec plus de vigueur que jamais; car la langue de notre nation est non seulement mise à mal par les adversaires du Québec, mais elle est carrément mise en danger dans son futur immédiat sur le territoire-même de notre patrie.
Le remède est pourtant connu depuis longtemps: l'indépendance du Québec!
Jacques L. (Trois-Rivières)
Archives de Vigile Répondre
17 septembre 2010Monsieur Durand
Si le Québec ne réussit pas à se donner un pays pour pouvoir contrôler son immigration et si le français ne devient pas urgemment la seule langue officielle au Québec, nous glissons définitivement vers l'assimilation ou l'anglicisation, c'est du pareil au même! Avons-nous capitulé comme peuple "ad vitam eternam" en 1759? Je commence à me poser de sérieuses questions puisque nous sommes encore agenouillés attendant un je ne sais quelque "sauveur" pour nous guider vers la Terre Promise. Face à la gravité de la situation comme je le disais dans mon commentaire à M. Le Gal, il faut que le peuple se lève debout et qu'il passe à l'action; nous ne pouvons pu laisser aller les choses comme présentement, c'est un suicide collectif aui nous menace. Bravo au RRQ qui va descendre dans la rue le 18 septembre prochain!!! C'est une première action pour amener les gens à se responsabiliser. Il m'a fait plaisir de commenter votre article.
André Gignac, patriote, le 17/9/10