Le Québec doit-il faire des pas dans le monde ?

Un État assez provincial, merci

Le Québec a un parlement et un ministre «des relations internationales». Mais c’est un État, assez provincial merci, qui ne se prononce pas souvent sur ces questions brûlantes d’actualité qui agitent le monde. Pour ma part je vois plusieurs grands débats sociaux à propos desquels le Québec devrait donner un avis, si tant est qu’il se sente coresponsable du devenir de l’humanité.
Il est certain qu’un changement de régime – plus républicain que l’actuel – donnerait une voix collective importante à notre peuple. Un affranchissement politique de notre nation, quel qu’il soit, lui permettrait de diffuser ses opinions et ses sentiments de manière utile. Car il en a des opinions, et parmi celles-ci, il y a un bon restant d’humanisme et de compassion hérité des sources françaises qui pourraient faire poids et arbitrer certains conflits.
En attendant ces jours meilleurs il y a deux grands débats auxquels le Québec ne pourra se soustraire, à mon avis, sans être coupable de négligence. S’il s’engageait en les abordant au grand jour, en tout cas, il s’ouvrirait la porte de la vie publique et ferait un pas d’affranchissement considérable.
Ce sont deux sujets qui concernent la moralité de la chose publique : l’utilisation, par les États-Unis, des avions sans pilotes pour aller tuer des personnes, d’une part, et cette tragédie de la reconstruction des villes haitiennes d’autre part.
Juste avant son élection – la première – le président Barak Obama avait déclaré en douceur, je m’en souviens, qu’il ne se gènerait pas pour aller poursuivre les adversaires des États-Unis, (les présumés terroristes s’entend) au-delà des frontières d’un pays étranger.
Il laissait entendre par là qu’il enverrait ses troupes et ses bombardiers par delà les frontières du Pakistan, pour aller tuer des comploteurs qui menaçeraient les USA. Ceci avec ou sans la permission des pays souverains impliqués. Les États-Unis, nous disait-on, étaient ainsi justifiés d’agir ainsi en vertu du principe de la «self defense».
De fait, le président Obama ne s’est pas gêné. Tout au long de son premier mandat et du second, l’actuel, il a laissé la Central Intelligence Agency (CIA) utiliser fréquemment les « drones » (ces appareils sans pilote) bombarder les présumés ennemis de notre État voisin, et tuer les chefs de guerre ou de partis qu’il n’aimait pas.
On le sait assez peu, mais il y a un grand débat aux États-Unis à ce sujet. Une proportion importante de nos voisins lutte pour faire révoquer cette politique de l’agression militaire américaine unilatérale. Nombreux sont ceux, là, qui estiment à juste titre qu’il est immoral d’aller porter la guerre ailleurs (dans cinq pays du Proche-Orient!) en bombardant à mort des opposants et de tuer du même coup des civils tout autour.
Ce n’est pas du self-defense; c’est de la guerre préventive, la même que le président précédent, M. Bush a engagée en Irak et qui donne la belle paix d’aujourd’hui que l’on sait! Comment penser qu’en s’introduisant ainsi à l’étranger sans cogner à la porte, les États-Unis vont se faire aimer ? En tout cas, ça ne peut pas faire plaisir !
Il en va de notre avenir à tous. Le Québec est sur le même continent que les USA. Et si notre voisin réussit, comme il est en train de le faire, à s’aliéner la moitié du monde, il nous faudra nous aussi, en ce cas, prendre de grands moyens de « self defense » qui n’ont rien de bien réjouissants.
Demandons-nous donc, aujourdhui, si nous ne devrions pas, collectivement, donner notre appui aux forces américaines de gauche – il y e a – qui cherchent à empêcher le complexe militaro-industriel de nos voisins de décider de la moralité pour nous. L’ancien président Eisenhower, lui avait bien eu raison de se méfier de lui et de nous prévenir.
L’autre sujet «mondial» qui justifie notre action, notre intervention, c’est celui de la reconstruction des villes haïtiennes. Le Québec a un intérêt particulier en cette affaire. Il a un devoir d’agir aussi valable que celui de nos voisins; nous sommes du même orbite continental et, par-dessus le marché, la culture française nous unit à l’île d'Hispaniola d’une manière plus ou moins directe. Sans parler de la diaspora haïtienne qui est solidement implantée à Montréal. Notre capacité d’indignation, semblable à celle qui concerne les drones, ne nous permet pas de tolérér que, trois ans après le terrible tremblement de terre, il y ait encore des gens sous les tentes.
A notre avis il est encore temps pour le Québec de se donner une politique à cet égard et de le dire franchement. Le Québec devrait en ce cas s’unir avec la France – qui a des responsabilités là-bas – pour créer une instance, un bureau conjoint; il s’agit d’ établir une politique commune de réaménagement urbain. Ce faisant cela nous permettrait, ici, de bien réfléchir à notre propre nécessité de planifier l’urbain tout en rendant service à des désespérés. Le silence du Québec et de la France, en ce domaine, est pour moi assourdissant.


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juin 2013

    Article intéressant, mais je me demande bien ce que ceci vient faire dans l'article :
    «Demandons-nous donc, aujourdhui, si nous ne devrions pas, collectivement, donner notre appui aux forces américaines de gauche»
    Selon moi, il aurait fallu lire les forces de gauche et de droite anti-impérialistes et anti-guerre. N'oublions pas qu'il existe une gauche sioniste et mondialiste et une droite patriotique représentée notamment par Ron et Rand Paul, Alex Jones, etc.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juin 2013

    On devrait peut-être les attaquer, à titre préventif, pour éviter les retombées sur notre sol ou parmi notre population, pour des représailles à l'égard des politiques unilatérales des ces républicains, démocrates et consort qui envoient surtout les fils et les filles des autres à la guerre!

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2013

    Limiter l'action passée et celle possible du Québec dans le monde aux drones américains et à Israël est bien réducteur. Et ensuite blâmer Jean-François Lisée consiste à lui faire un bien court procès ainsi qu'à tous ceux qui ont relevé le défi avec les moyens du bord.
    Je vous suggère d'entendre monsieur Lisée à www.pq.org faire un bref tour d'horizon de plusieurs réussites du Québec dans le monde ... malgré les contraintes dues à l'absence du statut de pays.
    Je pense parler pour les centaines de du Québec et leur dévoué personnel qui depuis une soixantaine d'années ont porté et portent encore le flambeau à travers le monde.
    D'ailleurs les anciens Délégués du Québrc à l'étranger sont toujours sur la touche dans leur organisation: www.aadq.org
    Jean-Yves Papineau, Paris, Edmonton, HongKong-Chine

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2013

    "Le Québec devrait en ce cas s’unir avec la France – qui a des responsabilités là-bas: pour créer une instance, un bureau conjoint."
    La réalité trop triste c'est que la France n'a plus rien en commun avec le Québec sauf sa langue. La France est tellement anglicisé que sa peuple ne peut NI veut pas défendre ses propres interets. A difference du Québec, ou quelque sort de faiblissime résistance persiste (en forme de Vigile), la France est totalement suicidale quant a la defense de ses interets qui, en réalité, n'existent plus car la France est un "cadavre encore chaud".
    Merci

  • Archives de Vigile Répondre

    8 juin 2013

    Monsieur Bonhomme
    À votre question: "Le Québec doit-il faire des pas dans le monde?" Je réponds ceci: depuis longtemps, le Québec devrait être un pays sur la scène internationale, avoir des relations normales avec tous les pays de la planète, signer des ententes de toutes sortes: économiques, commerciales, culturelles etc... et avoir son siège aux Nations Unies. Nous avons eu deux chances référendaires de sortir de ce statu quo étouffant, aliénant et nous sommes toujours dedans; je mets la faute sur nos dirigeants politiques québécois qui sont incapables de dépasser leur minable "p"tit" provincialisme étroit, leur carriérisme passant toujours avant la nation et le pays.
    À défaut d'avoir des relations normales avec tous les pays du monde, nous devons nous contenter d'un demi-état et vivre sous tutelle "canadian". Les élections une fois par quatre ans et les référendums, je n'y crois plus! Avec tous les scandales politiques qui n'en finissent plus de fuser au Québec, il n'y a qu'une seule solution pour s'en sortir et ça passe par rien de moins qu'une RÉVOLUTION par le peuple et pour le peuple. VIVE LA RÉPUBLIQUE DU QUÉBEC!
    André Gignac 8/6/13

  • Christian Archambault Répondre

    8 juin 2013

    Il faudrait que le gouvernement actuel commence par se distancer de l'appui inconditionel que donne l'état canadien à Israël. Au Moyen-Orient, le Québec comme tel n'existe pas et le monde Arabe ne reconnait que le Canada et sa politique sioniste. En se démarquant du Canada sur cette question on ferait une pierre deux coups vis-à-vis d'Obama qui lui, ne fait que faire le sale boulot de qui on sait. Ce serait le travail de Lisée mais malheureusement il est occupé à souverainement gouverner ailleurs.