Étrange. Un maire à Saint-Siméon de Charlevoix baisse le drapeau du Canada pour signifier son désaccord avec une décision du gouvernement et j’y vois là le signe d’une étonnante période de notre histoire. Autrefois, il me semble, le fait de baisser un drapeau avait une importance collective et non individuelle. Mais cela était sans doute bien avant le Québec de la dispersion que nous semblons connaître maintenant.
En fait, nous vivons une époque surprenante et lorsque une décision ou une loi nous déplaît il faut protester et sans présumer de l’importance de former une société. Tout pour la division, tout pour exprimer ce que moi je ressens et sans rechercher l’équilibre ou encore le consensus.
Un temps où chacun forme son propre parti. Encore selon ses émotions ou sa juste mais parfois si minuscule vision du monde. Sait-on qu’ainsi nous sommes peut-être en train d’entraver l’émergence d’un pays du Québec qui nous manque tellement?
Bien sûr, il ne faut pas référer au « national » mais à soi-même. Pauline Marois et le Parti Québécois n’acheminent pas toutes nos revendications spécifiques, alors on se disperse et l’on créé autre chose et notre démocratie devient un assemblage d’émotions variées et intangibles.
« Heureux les peuples accordés » disait Félix-Antoine Savard. Il n’était pas souverainiste mais sans doute percevait-il bien que le peuple québécois n’irait pas loin sans la présence d’un rêve collectif, d’un projet commun. Celui du « Vive le Québec libre » du général De Gaulle en 1967. Sans un vote clair pour le Parti Québécois de Pauline Marois le projet indépendantiste risque de ne pas faire long feu. Est-ce qu’on y pense? Je souhaite un Québec «accordé » en vue de cette élection si cruciale pour notre avenir en tant que peuple.
Serge Gauthier, Ph.D.
Historien et ethnologue
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4 commentaires
Daniel Roy Répondre
30 juillet 2012Voici un texte que j'ai écrit il y a quelques années:
La division du vote souverainiste
La division de notre vote se fait d’abord entre fédéralistes et souverainistes et ensuite entre souverainistes.
La division des esprits, dont parlait Lionel Groulx, est rendue aujourd’hui une double division.
Dans une biographie écrite par G.-É. Giguère, le chanoine et historien Lionel Groulx qualifiait la fédération canadienne de duperie et trouva « la responsable de la division des esprits », soit « l’ Histoire » ou plutôt la façon dont l’histoire est racontée. Selon moi, cette responsable de la division entre les fédéralistes et les souverainistes est aussi d’une certaine façon la responsable de la division entre les souverainistes.
Voici deux extraits de cette biographie :
« La fédération canadienne, qui repose d’ailleurs sur des arrangements boiteux, comporte deux tares principales : elle a démontré son inaptitude à protéger les droits des minorités françaises au Canada et elle a introduit un dangereux dualisme dans le sentiment national des Canadiens français… À notre petite patrie canadienne-française, le pacte fédératif superposa la patrie canadienne tout court. »
« Quand l’histoire objective ne ferait rien d’autre qu’enseigner aux Canadiens français à ne pas considérer nécessairement la conquête anglaise comme un bienfait providentiel ; l’expulsion des Acadiens comme une entreprise de tourisme un peu bousculée ; … à ne pas prendre le Rapport Durham pour des souhaits du jour de l’an ou pour le simple accès de bile d’un lord qui aurait trop bien dîné ; l’Union des Canadas pour une accolade fraternelle ; les lois scolaires des provinces anglaises, un Règlement XVII, pour une chance unique d’apprendre l’anglais ; quand, pour tout dire et pour faire trêve à la boutade, l’histoire objective, école de vérité, n’apprendrait rien d’autre à nos compatriotes qu’à faire quelque distinction entre la justice et l’injustice, entre le respect du droit et le mépris du droit, à ne pas prendre nécessairement un coup de pied pour une politesse, à savoir enfin en quel pays nous vivons et avec qui nous vivons, et à régler là-dessus nos attitudes morales et politiques… parce que la bonne méthode pour faire la paix avec les Anglo-Canadiens … ce n’est pas de faire des Canadiens français un peuple de naïfs et d’esclaves , mais un peuple aux yeux ouverts et d’une échine aussi dure que l’échine anglaise. »
DONC, pour faire face à cette duperie qu’est la fédération canadienne et aussi pour unir les forces du peuple québécois, il faut dire les choses telles qu’elles sont. Il faut raconter de façon objective l’histoire. L’actualité formée d’une série d’événements devient aussitôt l’histoire. L’injustice et le mépris historiques et contemporains envers la nation québécoise deviendraient ainsi une source d’indignation.
Aujourd’hui les forces souverainistes sont aussi divisées. La responsable est encore l’Histoire qui n’est pas dite de façon objective par nos gouvernements, mais surtout par notre députation souverainiste. Si nos députés péquistes ne parlent plus de souveraineté et ne s’indignent plus, les forces souverainistes ressentent le besoin de s’organiser autrement et forment d’autres partis qui divisent le vote souverainiste.
Et pour ne citer qu’une preuve parmi une multitude de preuves que le P.Q. a abdiqué, voici un extrait du magnifique discours de M. Bertrand Lefebvre, alors candidat à l’investiture du Parti indépendantiste dans Masson :
« Je suis donc Bertrand Lefebvre. Je suis Français d’origine et j’ai décidé d’immigrer au Québec en 1992… Au bout de quelques années, j’ai souhaité épouser cette noble cause qu’est la Souveraineté, et je suis devenu membre du PQ. 16 années ont passé et aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir été tout simplement oublié, un sentiment de laissé-pour-compte au profit de tous ces politiciens, de tous ces beaux parleurs. Beaucoup trop de choses qui ne me conviennent plus, et je pourrais tout simplement faire comme la plupart des Québécois, être soumis, ne plus avoir de fierté, me plaindre et ne rien faire de plus… C’est donc pour cette raison que j’ai décidé de joindre les rangs du Parti indépendantiste pour enfin remettre en marche ce beau projet de faire du Québec un pays, ce que d’ailleurs … a habilement mis de côté… »
Je vous le dis et répète depuis longtemps, changeons notre discours, disons les choses telles qu’elles sont et comme disait Lionel Groulx, « Notre état français nous l’aurons. »
En passant, voici une citation d’un député ontarien, M. Charlton, provenant de cette même biographie :
« J’espère, monsieur l’orateur, que les députés français nous pardonneront d’avoir pour but avoué de faire de ce pays un pays saxon. Le but avoué de l’Anglo-Saxon est de faire de sa race la plus grande race de la terre et l’espoir de l’Anglo-Saxon est que le jour viendra… où la langue anglaise sera la langue des communications entre les races et où la race anglaise sera la race dominante du monde. »
Malgré tout cela, mon instinct me dit qu’il faut voter pour le P.Q.
Je termine avec une citation : « Cessons nos luttes fratricides, unissons-nous » Honoré Mercier, premier ministre du Québec de 1887 à 1892 ,tirée de l’argumentaire Mille et une raisons pour que le Québec devienne un pays http://www.facebook.com/pages/1001-raisons-pour-que-le-Qu%C3%A9bec-devienne-un-pays/472882976060274
Daniel Roy, CPA, CA
Archives de Vigile Répondre
30 juillet 2012Un homme du calibre de monsieur Paul Cliche avait quitté le parti Québécois parce qu'il le trouvait désormais trop néolibéral.
Un homme avec la carrière et l'expérience de monsieur Cliche n'a certainement pas quitté le PQ par caprice. C'est qu'il ne s'y retrouvait plus.
Il vient un moment où l'on ne peut endosser ce qui va à l'encontre de nos valeurs.
Monsieur Cliche est l'un des plus respectés théoriciens de la gauche progressiste au Québec, tendance représentée principalement par le parti Québec Solidaire.
Archives de Vigile Répondre
30 juillet 2012Les gens confondent. Les partis politiques ont été créés suivant une idéologie commune au début du 19e siècle. Les gens sont habitués d'offrir leur appui ou non à un parti. Le Parti Québécois est quant à lui né de plusieurs mouvements et ralliements. C'est un parti représentant le peuple québécois. En tant que québécois, nous sommes tous aptes à le façonner à l'image du peuple québécois.
Ce parti devrait nous rassembler, hors chacun de nous devrions agir en tant que rassembleur. L'adhésion aux convictions profondes de ce parti se fait à tous les jours et non seulement lors d'une élection générale. Si chacun de nous courions chercher notre frère, soeur, père, mère, oncle, tante, cousin, cousine, voisin, voisine, collègue de travail, etc. nous servirions tous la cause.
Arrêtons de laisser discourir un seul élu. Profitons de sa présence pour discourir avec lui. Ensemble, nous réussirons à convaincre les gens autour de nous en leur faisant constater l'unité qui règne, non pas à l'intérieur du parti, mais de tout un peuple.
Archives de Vigile Répondre
30 juillet 2012« Pauline Marois et le Parti Québécois n’acheminent pas toutes nos revendications spécifiques, alors on se disperse et l’on créé autre chose et notre démocratie devient un assemblage d’émotions variées et intangibles. »
Il y a une stigmatisation systématique – dans cette seule phrase – de la différence et de l’intelligence qui nie la possibilité de penser différemment. Il ne s'agit pas de se détourner du Parti Québécois mais de le secouer de son socle pour que ses dogmes s'assouplissent et qu’il cesse de prendre les citoyens pour des cons. Le paternalisme politique, on en vit aujourd’hui les conséquences au niveau mondial et on en a assez!
Les représentants du PQ n'apparaissent nullement capables de rassembler le Québec sous une seule bannière, en vue d'un projet collectif, celui d'un pays. Si le Québec est dispersé, comme vous le mentionnez, c'est peut-être également la responsabilité des dirigeants politiques qui ont détourné la démocratie de sa voie réelle...
Quand les politiciens feront preuve d’humilité – et ce n’est pas demain la veille! –, on parlera d’une seule voix…