Ce n’est pas que j’ai le goût de défendre Charles Lapointe originaire de
Tadoussac, non loin de ma région de Charlevoix. Mais, à la vérité, celui qui
fut notre député fédéral de Charlevoix de 1974 à 1984 ne me semble pas
totalement antipathique.
Au début des années 1980, alors que des fonctionnaires fédéraux bien
intentionnés me recommandaient de me lancer dans l’industrie forestière et
non dans l’histoire régionale, c’est Charles Lapointe et son adjoint qui ont
permis l’existence de notre actuelle Société d’histoire de Charlevoix en lui
accordant du financement par le biais des fameux projets d’emplois « Canada
au travail » si recherchés à l’époque. Bien d’autres en ont profité : les
musées de la région, le Domaine Forget, les centres de ski locaux… même le
Cirque du Soleil. Ces derniers n’en diront rien, moi je pense qu’il me faut
au moins reconnaître que Charles Lapointe a eu de la vision.
Il faut savoir qu’il existe même un Parc en l’honneur de Charles Lapointe à
Forestville sans doute autorisé par la Commission de Toponymie du Québec? À
l’avenir, au moins, j’espère que l’on saura attendre après la mort d’une
personne avant de l’honorer de cette manière…
Toutefois, je déteste ces destructions à la chaîne d’une personne devenue
une « tête de turc » le temps de quelques reportages à la télé ou sur des
avis publiés dans les « réseaux sociaux » même si je sais bien qu’il n’est
pas une faible victime outragée. Cela ressemble à de l’intimidation si
souvent dénoncée et ce même si l’homme est sans doute coupable. Coupable de quoi? D’avoir profité du système fédéral et de notre aliénation collective
pour se lancer dans la « carrière »? D’autres l’ont fait aussi et d’autres
le feront encore. N’est-ce pas là notre lot en tant que peuple soumis au
pouvoir d’un système fédéral que nous avons cautionné par deux Non lors des
référendums de 1980 et 1995.
Charles Lapointe représente un peu de notre
malaise collectif et c’est tout. Avait-il le droit de se servir dans l’assiette
au beurre de notre asservissement? Sans doute pas.
Il faut voir plus loin que Charles Lapointe. Il n’est rien qu’une image
sombre de nous-même : celle de la lâcheté, de l’avancement personnel avant
tout, du renoncement au rêve collectif de notre libération, au dédain de soi
plutôt qu’à la grandeur. Faut-il pleurer, faut-il en rire? Comme l’affirme
la chanson de Ferrat : « Je n’ai pas le cœur à le dire... ».