«Notre» méga-hôpital subit-il une entorse?

Le provincialisme nous fait-il perdre un «chum»

Des questions `à propos de la suite des choses

Le prix exorbitant de notre provincialisme

Montréal héritera bientôt de deux méga-hôpitaux, un anglais, énorme, démesuré, celui dont on dit qu’il est celui de l’Université McGill, et l’autre, français, relativement plus modeste, relié à l’Université de Montréal, celle d’outre le mont.
En réalité ce sont deux hôpitaux «nationaux», l’un étant plus ou moins relié à la nation canadian, et l’autre qui sera un peu moins gros, est plus ou moins rattaché à l’État et à la nation québécois. N’eut été de cette dichotomie ethnique qu’il fallait apparemment satisfaire, les administrations publiques n’auraient construit qu’un seul hôpital – pour tout le monde - et les contribuables auraient ainsi fait l’économie de quelques beaux milliards de dollars…
Nous étions plusieurs à voir les choses ainsi, il y a une décennie ; le bon sens voulait qu’un méga hôpital national serait bien suffisant pour soigner les entorses et autres pontages. N’y avait-il pas, à Montréal, une douzaine de grands hôpitaux en bon état de fonctionnement… y compris l’Institut de cardiologie, plus ou moins «bilingue», celui qui m’a personnellement fait beaucoup de bien?
Je crois que le gouvernement du Québec a laissé l’Université anglaise réaliser son projet de méga-hôpital parce qu’il n’avait pas le choix. Des forces énormes, dont celles du gouvernement fédéral , ont permis que les choses se fassent à l’ouest de la rue Saint-Laurent ; qu’elles se fassent financièrement, notamment en versant des sommes d’argent dédiées au centre de recherche de ce grand hôpital…
On dira que je vois des monstres partout, mais je suis néanmoins convaincu que le gigantesque hôpital anglais – pour soigner quelque 8 % de la population - a pour but de bien implanter la culture anglaise dans les frontières du Québec. Les Canadians n’en ont pas assez de leurs neuf autres provinces ; il leur faut la nôtre aussi!
Ainsi donc l’hôpital anglais ouvrira ses portes bientôt, - on en voit tout le gigantisme dans les quartiers Ouest évidemment – et l’hôpital français, lui, qui prend forme en ville, accueillera les malades plus tard, naturellement. La partie principale de «notre» institution, elle, s’effectue juste devant mes fenêtres, dans le centre-ville. Je vois que l’ouvrage n’est pas prêt d’être livré dans son entier dans les tout prochains semestres.
Je dis tout cela parce que le Cusum (de McGill) - c’est ainsi qu’avec des sigles on cache nos réalités nationales - a vécu, depuis un moment, des péripéties administratives embarrassantes. Son directeur général est en fuite à Panama et nous ne savons encore pas combien d’argent manque dans les caisses… C’est curieux pour une société qui se targue de pureté politique!
Et puis le «Chum» - c’est ainsi qu’on nomme l’hôpital de la nation - moi j’aime mieux appeler les hôpitaux par leur nom d’hôpital – aurait été embourbé, lui aussi, à son sommet, dans un autre cas de malversation. Si les anglais se lancent dans le crime, pourquoi pas nous, n’est-ce pas?
Le problème c’est qu’il n’y a pas eu de malversation à la tête de notre «chum» mais que nous faisons passer le directeur des travaux, M. Chistian Paire, un français, un normand comme l’étaient mes ancêtres, pour un magouilleur.
Nous sommes allés chercher M. Paire à Rouen, la capitale de la Normandie, après qu’une enquête eut établi qu’il était un excellent candidat pour réaliser le grand projet d’hôpital national québécois. Je ne suis qu’un observateur en cette matière… je sais très bien, comme tout le monde, que M. Paire a été choisi sous l’administration Charest, soit! Mais l’administrateur a été nommé par «nous» somme toute. Et il a été en poste assez longtemps pour que les travaux avancent comme prévu ; le Centre de recherche, du reste, vient d’être inauguré sans que le toit ne tombe et le squelette de béton des autres pavillons ne s’effrite pas.
Il n’y aurait dont eu, pour renvoyer M. Paire à Rouen, qu’un différend relativement mineur sur sa rémunération. Mais c’est le conseil d’administration de l’hôpital qui a été responsable de cet imbroglio et à mon avis c’est lui qui aurait pu être renvoyé en province! Certains éditorialistes, comme celui de La Presse, nous signalent en tout cas – et cela a du poids – que toute cette «affaire» n’est qu’une «chicane technique entre bureaucrates». Je ne suis pas loin de penser comme lui.
Que M. Paire ait des boutons sur le nez n’a pas d’importance. Il a été nommé, il a exercé et il n’a pas volé. Et surtout, surtout, le renvoyer chez lui, comme le ministre de la Santé vient de le faire, me paraît être une erreur politique. Elle pourra peut-être coûter cher en délais de construction (on ne renvoie pas le chef d’orchestre en plein milieu de la symphonie) ; mais elle pourra coûter encore plus cher à notre réputation. Tous les peuples ont besoin d’alliés, surtout les peuples minoritaires ; comment pouvons- nous penser que la France, un peuple allié, va apprécier ce qui s’est passé? Et les Normands alors? Je ne suis pas blotti sous les jupes de la France mais je sais que, sans elle, notre affranchissement désiré sera plus difficile… Il n’est pas bon de renier les amis…
Cette affaire me fait penser à l’imbroglio Taillibert. Nous avions demandé à cet architecte de renom, de nous construire un stade de luxe, avec toit rétractable et tout. En plein milieu des travaux nous l’avons renvoyé à son atelier de la rue de la Pompe, à Paris, chez lui. Nos ingénieurs disaient qu’ils savaient, mieux que lui, comment terminer les travaux. Or il est arrivé ce qui devait arriver : nos ingénieurs, ceux qui ont pris la suite des choses, ont choisi un système de levage de toit allemand au lieu du système conçu par les ingénieurs de Taillibert et cela, on le sait, n’a jamais fonctionné ; les systèmes allemands n’étaient pas les bons. Si on engage un architecte pour construire une œuvre on ne le renvoie pas au milieu des travaux, ce n’est pas prudent! Cela parfois, coûte très cher. J’estime pour ma part, comme d’autres rédacteurs, qu’au fond des choses, le renvoi cavalier de M. Paire, pourrait cacher une attitude provincialiste pour ne pas dire ethnocentriste? J’espère que non.
Et c’est ainsi que j’aimerais bien avoir des réponses à certaines questions.
- Que s’est-il passé, exactement, au sommet de la direction du nouvel hôpital Saint-Luc, «notre» méga-hôpital national? Y a-t-il eu des conflits de pouvoir?
- Quel contrôle l’État québécois – l’ultime responsable en cette matière de santé - a-t-il exercé sur la gouverne de cet énorme chantier?
- Pourquoi M. Paire ne s’est-il jamais exprimé sur la question?
- Dans quel contexte M. Paire exercait-il à Rouen avant de venir au Québec?
- Quelles sont les conséquences de ce renvoi sur l’avancement des travaux. Des changements au programme sont-ils prévus?
- Quelles sont les réactions dans les milieux d’affaires et de gouvernement de la capitale de la Normandie?


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    18 décembre 2013

    Bonjour M. Bonhomme,
    J'ai trouvé des éléments de réponse sur Vigile même :
    http://www.vigile.net/Christian-Paire-l-homme-de-DALKIA
    Meilleures salutations.
    Louis Chabot