Le PQ se range derrière Stéphane Bédard

Le député de Chicoutimi s’est vu confier à l’unanimité la tâche de chef intérimaire

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{{Un intérim crucial pour la suite des choses}}

Le député de Chicoutimi s’est vu confier jeudi soir la tâche de diriger l’aile parlementaire du PQ, après avoir promis la main sur le coeur de s’astreindre à une totale neutralité à l’égard de la campagne à la succession de Pauline Marois. « Il fallait qu’il s’engage à une totale et pleine neutralité, ce qu’il a fait devant l’équipe », a dit le doyen de l’Assemblée nationale, François Gendron. « C’est la règle de base », a ajouté la députée de Taschereau, Agnès Maltais.

Plusieurs ont jeté un doute sur l’impartialité de M. Bédard dans une course à la chefferie à laquelle participerait Pierre Karl Péladeau. Son frère, Éric Bédard, ainsi que son ami Martin Tremblay figurent parmi les proches de l’actionnaire de contrôle de Québecor.

Les assurances du leader du gouvernement sortant ont toutefois suffi aux 29 autres élus ayant survécu à l’hécatombe de lundi — y compris aux candidats pressentis à la chefferie du PQ Bernard Drainville, Jean-François Lisée, Sylvain Gaudreault, Véronique Hivon — pour se ranger apparemment sans réserve derrière lui. « Il n’y a pas de détails à donner. M. Bédard a été appuyé à l’unanimité », a indiqué le député de Labelle, Sylvain Pagé.

Le chef de l’opposition officielle désigné veillera à assurer une transition « correcte », « harmonieuse » entre le gouvernement Marois et le gouvernement Couillard, afin que l’équipe libérale puisse relever les « défis » de la gouverne de l’État.

« Dans l’opposition, on va garder les mêmes préoccupations pour l’intérêt commun, pour l’emploi, pour l’intégrité. […] On va jouer notre rôle d’opposition officielle de façon constructive », a déclaré M. Bédard, lundi soir, au terme du premier caucus des élus péquistes de la 41e législature.

M. Bédard rencontrera chacun des députés, après quoi il fera connaître la liste des officiers ainsi que la composition du cabinet fantôme du PQ. « Ce qui est important aujourd’hui, c’est de montrer cette image d’une équipe unie, forte, qui a le goût de relever les défis », a-t-il dit.

Mauvaise stratégie

Les élus péquistes se sont ralliés à M. Bédard au terme d’une longue journée où les candidats élus et défaits ont pu amorcer, ensemble, une « longue réflexion » sur les causes de la débâcle du PQ, qui a réussi à faire élire à peine 30 candidats à l’Assemblée nationale.

Plusieurs ont égratigné la stratégie de campagne de l’état-major du PQ, ne digérant pas qu’il soit resté les bras croisés face aux salves de questions sur un éventuel référendum sur l’indépendance du Québec au cours des quatre prochaines années.

« Le piège [des libéraux] criait : “ je suis un piège, je suis un piège, je suis un piège ”, pis on est allé pareil », a déploré le ministre sortant Yves-François Blanchet, trois jours après sa défaite dans Johnson. « On aurait dû sortir très vite, puis dire : “ Ce n’est pas dans nos plans, point à la ligne ! ” », a-t-il ajouté.

Le candidat dans Trois-Rivières, Alexis Deschênes, a également attribué la débâcle de lundi à l’« ambiguïté » du PQ sur la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Québec. « Les gens voulaient savoir : on en fait-tu, on n’en fait-tu pas ? […] On leur disait : “ Il faut choisir un bon gouvernement ”, mais ils voulaient quand même savoir », a affirmé le jeune avocat, avouant du même souffle qu’il « est facile de porter un jugement après coup ».

Pour la prochaine campagne, « il faut dire : soit “ il va en avoir un ”, soit “ il n’y en aura pas ” », a suggéré M. Deschênes, avouant qu’il « aur[ait] vécu avec l’idée qu’il n’y ait pas de référendum dans un premier mandat ». Il se dit néanmoins convaincu de la nécessité de continuer de parler des « bénéfices » du pays du Québec. « [De cette façon], on ne se trompera pas. » D’ailleurs, il est difficilement envisageable de voir le PQ de René Lévesque mettre au rancart l’option souverainiste. « Je ne pense pas qu’on doit magasiner nos convictions politiques selon les résultats électoraux », a-t-il fait valoir, alors que la chef du PQ, Pauline Marois, empruntait les couloirs de service de l’hôtel Hilton pour rejoindre ceux et celles qui ont brigué les suffrages sous la bannière du PQ. Effectivement, Mme Marois a évité toute la journée de tomber sur des journalistes.

La question d’un éventuel référendum surgissait à tous moments dans la campagne électorale comme un « Bonhomme Sept Heures ». « Ça a fonctionné », a souligné le député sortant de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Daniel Breton. À cet égard, les stratèges entourant Pauline Marois auraient peut-être dû mieux épauler le candidat vedette Pierre Karl Péladeau en vue de sa première sortie médiatique, estime-t-il, même s’il doute fort que le poing levé de l’indépendantiste sans complexe ait, à lui seul, précipité le PQ vers la défaite.

Les médias

Les candidats défaits Émilien Pelletier et Dominique Payette ont imputé une grande partie de la défaite du PQ aux médias. « Vous en avez été pas mal les artisans [de la défaite de la chef péquiste] ! Vous avez été négatifs sur tout ce que Madame Marois faisait. Sur tout ce que Couillard faisait, lui, les amitiés avec Porter, vous n’avez jamais demandé de “ deal ” sur Porter, jamais ! », a lancé M. Pelletier, tout en cherchant la porte d’entrée de la salle où se tenait le caucus des candidats élus et défaits.

Les anciens journalistes Raymond Archambault, Alexis Deschênes et Pierre Duchesne se sont toutefois refusé à critiquer à l’emporte-pièce les journalistes ayant couvert la campagne électorale du PQ. « On se battait aussi contre un monstre énorme pendant cette campagne-là, qui est le cynisme, a plutôt fait remarquer le député sortant de Borduas, M. Duchesne. Il faut être conscient qu’on est aussi responsables comme élus d’avoir contribué à nourrir cette espèce de bête. »


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