J'avoue que le dernier sondage CROP-La Presse me laisse éberlué! Le taux de satisfaction à l'endroit du gouvernement libéral, en pleine crise économique, est étonnamment élevé. Et Jean Charest est considéré, sans équivoque, comme un meilleur premier ministre (48%) que ne le serait Pauline Marois (34%). Quant aux intentions de vote, l'écart entre le PLQ et le PQ est de 11 points (44%, PLQ et 33%, PQ). Même chez les francophones, l'avance du PQ (traditionnellement toujours forte) n'est que de 3%. Difficile à comprendre!
Normalement, quand l'économie tourne mal, le parti politique au pouvoir perd des plumes à la fois en termes de satisfaction et d'intentions de vote. Voyez Stephen Harper, qui peine à conserver ses acquis et même le demi-dieu Obama, qui dégringole dans les sondages. Dans le cas de Jean Charest, c'est le contraire qui se produit: les Québécois sont très satisfaits de sa gestion et ils lui accorderaient, en cas d'élections maintenant, une majorité substantielle. Est-on en face d'un mystère politique ou peut-on articuler une explication rationnelle de ce singulier phénomène? Tentons le coup...
Réalités
D'abord, en guise de préambule, reconnaissons que, lorsqu'un parti politique, après plusieurs années au pouvoir, continue de garder la confiance d'une majorité d'électeurs, c'est parce que l'opposition principale, susceptible de prendre sa place, n'est pas perçue comme plus apte que lui à gouverner. Ou plus crédible face aux défis à relever et plus fiable en matière de gestion de l'État... En politique, Dieu sait que les perceptions sont plus importantes que les réalités.
Il est clair, dans le dernier coup de sonde CROP-La Presse, que la perception que l'électorat a du PQ n'est pas assez bonne pour qu'il songe (maintenant en tout cas) à évincer le PLQ à la tête de l'État.
On peut me rétorquer que les perceptions sont souvent fluctuantes et instables et que, par conséquent, au prochain sondage, le vent peut tourner. Le meilleur exemple, c'est la cote de popularité de M. Charest lui-même. Il a connu, depuis qu'il est au pouvoir, bien des hauts et des bas.
L'option souverainiste
Tout cela est vrai. Mais, ce qui devrait inquiéter le PQ, c'est que Jean Charest connaisse, dans un troisième mandat et après six ans de pouvoir, un regain de popularité! Alors, se pourrait-il que le PQ soit considéré par les électeurs comme trop semblable au PLQ et, qu'au fond, il ne se démarque pas suffisamment de son adversaire? Car, admettons-le: si vous mettez entre parenthèses l'option souverainiste, vous avez devant vous deux partis social-démocrates, progressistes et étatistes. On peut bien faire de subtiles nuances, mais ils ont tous deux très largement les mêmes approches en matière de gestion de l'État et des réponses très similaires aux problèmes de société.
Je vous donne trois exemples...
Dans le domaine des finances publiques, les deux partis se résignent à replonger dans les déficits. Ils n'ont manifestement pas le courage de prendre les mesures rigoureuses de contrôle des dépenses pour revenir au plus vite à l'équilibre budgétaire. Mme Marois a annoncé que l'état des finances du Québec sera sa priorité à la rentrée parlementaire. Saura-t-elle se singulariser par des propositions audacieuses? À voir! En matière de développement économique, on cherche en vain les différences entre les deux formations. Le PQ a pourtant de l'espace à occuper. Il devrait s'approprier le Plan Nord et l'étoffer. Il devrait se porter à la défense de notre gestion de la forêt face aux Verts qui ne veulent rien de moins que l'effondrement de l'industrie forestière. Il devrait soutenir à fond l'exploitation des hydrocarbures, particulièrement dans le Golfe. Mais, comment y arriver quand le porte-parole péquiste en matière d'environnement est l'ancien chef du parti Vert? Pas évident!
Santé
Dans le secteur de la santé, les deux partis sont étatistes «au boutte». Quand ils étaient au pouvoir, les deux partis ont englouti des milliards dans le système de santé, sans qu'on soit en mesure de constater des améliorations. Alors, l'occasion est belle d'envisager un appel au privé davantage accru. Franchement, la situation peut-elle être pire que maintenant? Je sais bien qu'un tel virage est difficile pour un parti politique qui a encore de fortes accointances avec les forces syndicales, gardiennes de l'orthodoxie dans le réseau de la santé. Toujours pas évident!
Pour déloger les libéraux, le PQ doit se distinguer, se particulariser, être différent. Le veut-il? Le peut-il? En France, le Parti socialiste est en train d'agoniser, faute de s'être dépouillé de ses archaïsmes et de ses vieux réflexes doctrinaires. Le PQ, j'en conviens, n'est pas rendu à ce stade, mais c'est un mal qui le menace.
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