Le potentiel pétrolier québécois est très faible, selon Québec

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Le Québec est-il la nouvelle Arabie, oui ou non ?

Après avoir injecté des millions de dollars de fonds publics dans des projets d’exploration pétrolière, le gouvernement Couillard juge aujourd’hui que le potentiel au Québec est très faible. Le lobby de l’industrie affirme toutefois que certaines entreprises développent des projets d’exploration « très intéressants ».



Coup sur coup, deux ministres du gouvernement ont affirmé cette semaine que le potentiel pétrolier du sous-sol québécois présenterait peu d’intérêt pour une éventuelle exploitation commerciale. « Est-ce qu’on peut [exploiter] beaucoup de pétrole ? La réponse, c’est non. Il n’y en a pas vraiment de pétrole au Québec », a ainsi soutenu au Devoir la ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon.



La ministre a d’ailleurs référé à son collègue ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau, qui a tenu des propos similaires sur les ondes du 98,5 fm lundi matin, dans le cadre d’une entrevue à l’émission Puisqu’il faut se lever. « Selon l’état de la science et des connaissances que nous avons, le potentiel pétrolier au Québec est très très faible. On parle plus de gaz », a alors fait valoir le ministre Moreau.



Intérêt pour le gaz



Le ministre est allé plus loin en soulignant que l’exploitation d’or noir pourrait être incompatible avec les objectifs du gouvernement du Québec. « Si on veut être cohérents avec la politique énergétique et réduire de 40 % d’ici 2030 notre dépendance au pétrole, on ne va pas aller vers l’exploitation du pétrole », a-t-il laissé tomber.



« Par contre, il y a un intérêt dans l’exploitation du gaz, parce que le gaz réduit entre 25 et 32 % les gaz à effet de serre, si on le compare à l’essence ou au diesel », a ajouté le responsable des dossiers énergétiques. Isabelle Melançon a elle aussi vanté le recours au gaz naturel, qu’elle juge « beaucoup plus vert que le pétrole », surtout dans un contexte de « transition » énergétique.



Il n’en demeure pas moins qu’à l’heure actuelle, un total de 304 permis d’exploration pétrolière et gazière sont en vigueur au Québec. Ceux-ci couvrent un territoire totalisant 53 225 km2. Une bonne partie de ce territoire, situé en Gaspésie, est surtout convoité pour son potentiel pétrolier.



Est-ce que cela signifie que le gouvernement est obligé de composer avec la présence de ces permis, et donc qu’il y a aura un jour de l’exploitation d’énergies fossiles au Québec ? « Je ne peux pas répondre, parce que nous sommes en consultations », a répondu la ministre Melançon. « On va écouter et on prendra des décisions. »



Trois projets



Concrètement, le ministre Moreau avait prolongé jusqu’au 9 décembre la période d’information et de consultation sur les projets de règlement qui devront encadrer les projets pétroliers et gaziers. Il faut dire que le gouvernement a essuyé de nombreuses critiques, puisque la première mouture de ces règlements, publiée en septembre, prévoyait d’autoriser les forages près des zones habitées, des parcs nationaux et dans les cours d’eau.



« Le gouvernement du Québec n’autorisera jamais l’exploration ou l’exploitation d’hydrocarbures dans les cours d’eau, dans les parcs nationaux, à proximité des garderies, des cours d’école, dans les espaces résidentiels ou au coeur des zones urbaines », a depuis promis le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. La version finale des règlements devrait être publiée en 2018.



Selon Pierre Moreau, il y aurait « très peu d’espace » au Québec pour des projets de cette nature. « Il y a environ trois sites sur lesquels il pourrait y avoir un potentiel », a-t-il précisé lundi, en entrevue avec l’animateur Paul Arcand. Il s’agit du projet Galt, de Junex, mais aussi des projets Haldimand et Bourque, développés par Pétrolia et aujourd’hui contrôlés par l’entreprise albertaine Pieridae Energy.



Fonds publics



Ces trois projets, tous situés en Gaspésie, sont surtout développés pour leur potentiel pétrolier. Par exemple, Pieridae a annoncé à la fin du mois de novembre que le projet Bourque pourrait renfermer plus de 800 millions de barils de pétrole. Mais cette ressource nécessiterait des opérations de fracturation pour être exploitable, conclut une étude menée par la firme Sproule.



Selon les données de la société d’État Investissement Québec, le gouvernement est le principal partenaire du projet. Il a aussi injecté plus de 20 millions de dollars dans les travaux d’exploration à Bourque. Investissement Québec a également injecté plus de 18 millions de dollars dans le projet Galt.



En tout, les trois projets mentionnés lundi par Pierre Moreau ont reçu, depuis cinq ans, plus de 50 millions de dollars de fonds publics, par l’entremise d’Investissement Québec.



Projets intéressants



Sans vouloir répliquer directement aux propos des ministres Moreau et Melançon, le président de l’Association pétrolière et gazière du Québec, Michael Binnion, estime que le potentiel de trouver du pétrole au Québec est bien réel. « Certains de nos membres développent des projets d’exploration très intéressants », a-t-il fait valoir mardi.



Tant les entreprises Junex que Pétrolia ont extrait quelques milliers de barils de pétrole brut dans le cadre de leurs travaux exploratoires en Gaspésie. Dans le cas du projet Galt de Junex, plus de 18 000 barils ont notamment été produits en 2016, un record au Québec.


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