[Monsieur Bousquet->aut2037], depuis le début de votre campagne confédéraliste, vous oubliez un détail : une confédération doit être négociée entre États souverains, pas entre une province et le pays dont elle fait partie, de sorte qu’il faut d’abord en passer par l’indépendance — vérifiez auprès de n’importe quel juriste en droit international. Alors, si votre choix d’une confédération s’appuie sur la conviction que cette formule sécuriserait davantage la majorité des Québécois et, par conséquent, obtiendrait plus facilement leurs suffrages, c’est loupé ! Et s’il faut d’abord faire l’indépendance, pourquoi, une fois réalisée, aller la diluer dans une confédération alors que tous les aménagements ultérieurs entre États voisins, comme partout ailleurs, peuvent se faire par la conclusion de traités ? Et ne me ramenez pas l’exemple de la Communauté européenne, qui n’est absolument pas une confédération mais un machin pseudo-impérial dont à peu près 80% des décisions émanent de hauts fonctionnaires qui ne rendent de comptes à personne. La démocratie de la CE ? Du vent ! Mais ce n’est pas par Radio-Canada que vous allez l’apprendre ni même par Le Devoir, où, habituellement, un seul journaliste sait de quoi il parle, lorsque toutefois il en parle, sur cette question. Les autres se contentent de potasser les articles du Monde, de Libération et du Nouvel Observateur, qui sont atlantistes et néo-libéraux bien plus qu’ils n’en ont l’air, sauf exception. Alors ils braillent chaque fois que le peuple ordinaire, que ce soit en Irlande, en France ou aux Pays-Bas, envoie chier, par référendum, les bonzes de Bruxelles, parce qu’il sait très bien qu’il se fait f...
Quant aux menaces de partition du territoire et autres bébelles de la même farine, il existe un moyen de s’en prémunir : la constitution d’une milice armée avant de faire l’indépendance, et on n’a même pas besoin d’attendre la décision du gouvernement québécois pour la mettre sur pied : rien, dans le système canadien, n’interdit la constitution d’une milice par qui que ce soit. Il va de soi qu’elle doit être disciplinée et fortement encadrée. Il est extrêmement difficile à une armée d’invasion d’occuper un territoire et de maintenir cette occupation lorsque la population dispose d’une milice populaire capable de pratiquer la guérilla ; il n’est même pas nécessaire de disposer d’artillerie ni d’aviation, au contraire : la force d’une milice repose sur sa formation et la légèreté, la mobilité, la rapidité, les attaques surprises et le repli, la complicité d’une partie de la population. Si vous connaissez un peu la configuration physique du Québec et la géopolitique, vous pourrez constater qu’il s’agit d’un territoire plus facile à défendre que bien d’autres. Il faut à l’occupant une troupe au moins dix fois plus nombreuse que la milice. Le gouvernement canadien et la Défense nationale le savent tellement bien que, depuis les années 95, ils ont pratiquement vidé les entrepôts militaires en sol québécois de munitions et d’armes lourdes parce qu’ils sont certains qu’en cas d’une tentative de mise au pas musclée, la plupart des militaires québécois défendraient le Québec et non le Canada. Et, par expérience acquise dans le milieu militaire,je puis dire qu’ ils ont vu juste. Par ailleurs, les militaires québécois sont surtout concentrés dans l’infanterie, ce qui leur assurerait une longueur d’avance. Je suis tout à fait conscient qu’en général, les Québécois n’imaginent même pas que le seul fait de prendre les précautions normales en cas d’invasion empêche neuf fois sur dix la possibilité que cela se produise. Il y a tout de même un certain danger ? Ben oui, le même que de traverser la rue Ste-Catherine le jour du boxing day. En automobile : une chance sur treize d’avoir un accident ; pourtant, qui s’empêche d’utiliser une automobile pour autant ? Il faut bien vivre, n’est-ce pas ? Idem pour l’indépendance. Tous ceux qui tiennent à la vie à n’importe quelle condition se condamnent à vivre dans de mauvases conditions. Politiquement, nous vivons dans de mauvaises conditions, même avec notre char, notre blueberry, notre cellulaire, notre cinéma-maison et nos vacances en Floride pourrie. Du pain et des jeux, ça vous dit quelque chose, sans doute.
Nous sommes collectivement des enfants, monsieur Bousquet, des enfants qui ont peur dans le noir et qui appellent môman. Le vrai danger ne vient pas du gouvernement d’Ottawa, il réside dans notre mentalité colonisée et annexée, et c’est là le plus grand obstacle à l’indépendance. Nous sommes des mous par fatalité historique, mais ce n’est pas irrémédiable ; ce n’est pas une condamnation, loin de là, mais une constatation. On peut blâmer tant qu’on veut les chefs indépendantistes, qui ont leurs faiblesses comme tout le monde, ça n’a presque jamais constitué le noeud du problème. Je parle ici des chefs qui ont exercé le pouvoir gouvernemental, pas de ceux qui s’imaginent qu’il suffit de pratiquer l’art rhétorique pour construire un parti, prendre le pouvoir et faire l’indépendance. Viser et réussir la libération politique d’un peuple ne s’improvise pas dans un salon, dans un colloque universitaire ni même dans Vigile, et il faut y préparer le peuple en étant avec lui, pas le sermonner en lui disant de manière méprisante qu’il n’a rien compris chaque fois qu’il ne réagit pas comme on l’espère, attitude qu’on a vu trop souvent au Parti québécois, et pas toujours de la part des chefs. Des chefs dont la plupart ont négligé les activités de renseignement et la nécessité de prévoir les coups, même militaires : des scouts. Un État, comme le répète René-Marcel Sauvé, ça se défend. Le seul qui ait vraiment compris cela, c’est Jacques Parizeau et, une seule fois, René Lévesque mais pas pour longtemps. Tout le monde il n’est pas beau, tout le monde il n’est pas gentil ; un rapport de force, ça se construit, longuement, patiemment, et parfois ça salit un peu les mains.
Le plus grand obstacle à l’indépendance
Le vrai danger ne vient pas du gouvernement d’Ottawa, il réside dans notre mentalité colonisée et annexée
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
5 commentaires
Archives de Vigile Répondre
23 juin 2008Messieurs Lotbinière et Pierre B.,
Premièrement, je ne représente personne autre que moi-même. Je me permet de faire un peu d'humour de temps en temps pour réduire le niveau de stress dans le mouvement souverainiste/indépendantiste qui me semble verser un peu trop dans le drame assez lourd, ce qui va finir pas lui nuire.
Ce n'est pas parce que la tactique de Messieurs Parizeau, Bouchard et Dumont pour le référendum de 1995 n'était pas la bonne qu'ils n'ont pas gagné. S'ils avaient posé la question : Voulez-vous que le Québec se sépare du Canada ou voulez-vous que le Québec devienne indépendant du ROC, ils auraient probablement obtenu 10 % de moins de OUI.
L'idée des souverainistes purs et durs de faire porter à tous les chefs du PQ "sauf M. Parizeau" le blâme de l'échec de la souveraineté du Québec, me semble contre-productive ainsi que la morgue de certains envers les fédéralistes qu'ils appellent fédérastes, collabo ou traites, ça peut défouler mais ce n'est pas plus utile. Ils ne seront pas gagnés à la cause avec ça.
Je nous souhaite d'être un peu plus léger à l'occasion sans passer notre temps à clamer que nous sommes un peuple exploité, martyrisé, occupé, anglicisé et ostracisé. On veut plus de souveraineté pour mieux protéger notre culture et notre langue française, pas pour devenir plus riche, nous acheter un plus gros char ou nous venger des méchants anglos qui nous ont fait "souffert" dans le passé. Notre niveau de vie est assez bon et les anglos ne nous déportent plus vers le sud, on le fait tout seul en hiver, peut-être un peu moins avec le coût de la gazoline.
Pour finir : Quand plus de 60 % de Québécois diront OUI à la souveraineté pure ou à un modèle de confédération avec le ROC, on n'aura pas à se demander si une confédération doit passer ou non par la souveraineté pure avant, le ROC devra négocier ce que les Québécois auront décidé. "Si les Québécois ne veulent même pas d'une vraie confédération, oubliez l'indépendance pure du Québec"...genre.
Archives de Vigile Répondre
22 juin 2008Quand allons-nous comprendre qu'on ne peut faire la nouvelle Confédération bousquetienne sans passer par l'indépendance politique? J'ai écrit ailleurs que Bourassa y avait songé. Il ne l'a pas fait parce qu'il savait que le Canada anglais lui dirait non. Parizeau a pensé réussir par astuce. Autre échec.
Si M. Bousquet veut une nouvelle Confédération, il doit se convaincre qu'il faut passer par l'indépendance du Québec. Par la suite, si le Canada le désire (ce qui en restera...) de nouvelles ententes économiques et peut-ëtre politiques avec le Québec devenu indépendant seront possibles ou souhaitables. René Lévesque, Lucien Bouchard, Bernard Landry ont pensé faire les deux opérations en mëme temps: la souveraineté et l'association. L'opération a été un échec.
Si Monsieur B. ne comprend ici, il ne comprendra jamais. Je lis encore son commmentaire. Il ne parle pas du sujet en question soulé par l'intervenant. Comme d'habitude, il verse dans la...diversion.
Pierre B.
Archives de Vigile Répondre
22 juin 2008Au service de qui êtes-vous monsieur Bousquet?
Je commence à me poser des questions sur certains intervenants de VIGILE. Lorsque qu'on apprend que 30 députés néo-démocrates se questionnent sur le 11 septembre; je m'inquiète de l'avenir du mouvement national québécois. Il se passe quelque chose, j'ignore ce que c'est!
Archives de Vigile Répondre
22 juin 2008M. Lotbinière résume bien l'aspect militaire : «Et pan, en plein dans le mille ! » de la milice suggéré par M. Poulin. Ça pourrait être dit par un membre de notre future milice québécoise, après avoir abattu un militaire canadian qui venait de l'envahir.
M. Poulin, le Québécois est un peu mou de la souveraineté parce qu'il n'est pas tellement martyrisé dans le Canada actuellement comme avant les années 1960, a souvent un bon boss et une bonne job, une maison et un char dans son entrée et de la bière dans son frigidaire, principalement le samei soir. Avec ça, il aura tendance, comme le chantait Tex, à laisser faire. Il risque bien de perdre sa langue d'ici 25 ou 50 ans mais ça ne l'empêche pas trop de dormir sauf quand il se fait servir en anglais à Montréal mais n'y va plus depuis qu'il doit nourir les nouveaux parcomêtres montréalais les soirs et week-ends inclusivement.
Archives de Vigile Répondre
22 juin 2008Et pan, en plein dans le mille!
Bravo monsieur Poulin!
Voici monsieur Poulin un texte d'une très grande lucidité.J'en ai le souffle coupé.Le fédéral ne négociera strictemet rien sinon que dans une situation d'égale à égale et cette égalité, c'est d'abord l'indépendance politique.