Le PLQ se déshonore

Entre l'honneur et l'argent, le PLQ a choisi l'argent, convaincu que «sans argent, l'honneur n'est qu'une maladie»

Fier comme un coq, Philippe Couillard est revenu juste à temps pour calmer son poulailler. Sa position sur la charte de la laïcité était bien mince et ne faisait pas l’absolue unanimité dans son caucus, si bien qu’il a disparu dans la nature pendant des jours et des jours afin de produire une position qui ferait le moins de vagues possible tout en lui permettant de se débarrasser de la seule femme de son équipe qui pouvait lui expliquer par le détail ce que le jeu international des islamistes pouvait signifier pour un peuple accueillant et vulnérable comme celui du Québec. Dehors Fatima Houda-Pepin, la rebelle musulmane qui défend des positions ostentatoires… et qui a un avantage exceptionnel sur tous les autres du caucus puisqu’elle sait, de première main, de quoi elle parle.

La nouvelle version de la position libérale n’est pas plus claire que les précédentes. On cherche par tous les moyens à étouffer la « nouvelle Révolution tranquille » dans l’oeuf par crainte, sans doute, que les Québécois prennent vraiment goût à décider de leur sort et de leur avenir par eux-mêmes. Imaginez qu’ils arrivent à se convaincre qu’ils peuvent se passer de la Cour suprême, du gouvernement fédéral, de l’intrusion d’Ottawa dans notre développement, du multiculturalisme qui favorise le développement des ghettos et nous prive de l’enrichissement culturel que représente la venue parmi nous de ceux et celles prêts à partager nos hivers.

Les héritiers des libéraux audacieux qui ont permis la remise en question de tout notre système d’éducation à partir de 1960, les héritiers de ceux qui ont su négocier la mise à pied des évêques et des enseignants religieux sans que le sang ne soit versé dans nos rues, de ceux qui ont créé le ministère de l’Éducation, ces étranges héritiers font tout ce qu’ils peuvent pour freiner le désir des citoyens, exprimé clairement, de réévaluer le vivre-ensemble que notre siècle propose.
Grand peuple

Le 15 novembre 1976, René Lévesque a dit : « Nous sommes peut-être quelque chose comme un grand peuple. » La foule était si fière qu’enfin on lui confirme qu’elle avait fait les bons choix depuis 1960 et que sa croissance en sagesse allait éclairer sa route pour l’avenir.

Je crois qu’à cause de la qualité du débat sur la charte de la laïcité que nous vivons en ce moment, du fait qu’il n’y a pas de violence dans nos rues et que nous sommes capables de débattre sans nous entre-tuer, du fait aussi de notre préoccupation évidente de ne laisser personne sur le bord de la route alors que nous choisissons d’avancer avec confiance vers une solution qui comporte plus de certitudes que de risques, je crois que nous pouvons enfin apporter de petites corrections à la phrase de Lévesque. « Les Québécois forment un grand peuple » serait aujourd’hui plus juste. Nous n’avons jamais cessé de grandir depuis 1960. Il ne faut plus jamais accepter que quelqu’un nous dise le contraire. Nous avons besoin de nous faire confiance, car si nous n’avons jamais cheminé dans la facilité, nous avons toujours avancé dans l’espoir et dans le désir de nous démarquer des peuples qui vivent dans des violences qui sont le lot quotidien de tellement d’humains encore aujourd’hui.

Devant la Commission, cette semaine, un participant a parlé du rôle que certains font jouer à la Charte des droits québécoise et à l’autre, celle du Canada, nous faisant remarquer qu’elles étaient devenues notre Coran à nous… laissant entendre que nous y sommes si attachés que nous ne voyons plus que la société a changé depuis que les chartes ont vu le jour et que ces textes doivent être retouchés de temps en temps pour répondre à de nouveaux besoins. Le rôle du législateur me semble évidemment de prévoir l’avenir, d’ouvrir des horizons et d’intervenir au besoin. Pas chaque semaine, c’est évident, mais quand c’est nécessaire pour le bon fonctionnement d’une société.

Les participants à la Commission viennent de tous les horizons. Ils sont pour ou ils sont contre, mais le climat entretenu par le ministre Drainville permet à chacun de s’exprimer dans le respect. Je tiens à souligner le formidable éclairage apporté par Monsieur Guy Rocher dans tout le débat. Il avoue ses 89 ans et des poussières sans broncher et il a un sens de l’Histoire et de l’Humour qui le rendent indémodable. Il était déjà là pour la commission Parent sur l’éducation en 1961. Il était là avec Camille Laurin pour la loi 101 en 1976. Il est toujours là aujourd’hui pour la charte de la laïcité.

Les libéraux affirment qu’il n’y a aucune raison qui justifie de se doter d’une charte de la laïcité, que nous n’en avons pas besoin maintenant. Guy Rocher répond que c’est justement quand on n’en a pas besoin qu’il faut la faire. Je suis sûre qu’il a raison.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->