Le gros ménage reste à faire

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Effectivement, le pire reste à venir...

J’ai entendu des gens, cette semaine, dire que la commission Charbonneau pourrait s’arrêter là et que le public citoyen aurait déjà tout en mains pour se faire une idée des petits jeux de coulisse qui ont eu lieu dans son dos et lui ont coûté la peau des fesses par la même occasion. C’est bien vite dit. Et je ne partage pas cette opinion. Les gens disent : de toute façon, ils ne mettront personne en prison sauf peut-être des petits poissons. Les gros ont déjà pris le large. Ce n’est pas si sûr. Les gros sont peut-être en Floride pour l’hiver, mais je ne donnerais pas cher sur ce qui les attend au retour.

Comme tout le monde, je ne suis pas aussi assidue devant les séances de la commission Charbonneau que je l’étais au début. Et souvent, quand je décide d’y consacrer un peu de temps, la Commission a tiré le rideau. Respectueuse comme il se doit des enquêtes en cours, elle frappe de non-publication des aveux que je souhaiterais bien entendre, mais ainsi va la loi.

J’ai parfois l’impression que la juge commence à en avoir assez. Il faut dire que certains témoins sont d’un ennui mortel. On n’en est plus au feu roulant du début, mais la braise chauffe toujours.

La Commission me fait parfois penser à une équipe médicale en pleine opération. Le chirurgien a le nez dans le ventre du malade et son devoir est de s’assurer que quand il refermera, il n’aura rien oublié à l’intérieur, ni un instrument chirurgical, ni un pansement souillé, ni un bout de cancer qui lui aurait échappé. On ne peut recoudre que quand tout le travail a été fait et vérifié. Heureusement.

Il y a quelques jours encore, l’UPAC effectuait une perquisition dans une grande maison, style château récent, à la recherche de documents chez la soeur d’un célèbre collecteur de fonds du Parti libéral. Ça m’a rassurée. Je me suis dit que les policiers n’avaient pas abandonné et qu’ils poursuivaient leurs recherches afin de pouvoir un jour, comme ils aiment le faire, convoquer la presse pour expliquer aux citoyens comment ils ont procédé, ce qu’ils ont découvert et faire voir le tas de preuves qu’ils ont accumulées et qu’ils destinent aux tribunaux. Nous saurons alors que les 42 millions que va coûter la Commission n’auront pas été de l’argent gaspillé, mais un placement à un haut taux de rendement pour tous ceux qui pensent que vivre dans un environnement au-dessus de tout soupçon est une bénédiction pour d’honnêtes gens qui, bon an mal an, payent leurs taxes et leurs impôts.
Effet secondaire

J’aime beaucoup l’effet « secondaire » que ça produit dans notre société où, depuis que la Commission existe, tous ceux qui brassent de l’argent, qui ont souvent le ton méprisant pour parler du monde ordinaire et qui jouent aux êtres supérieurs en tout temps, sont redevenus plus tranquilles, rasent les murs et marchent les fesses serrées. Les effets de la Commission sur le monde des affaires, sur les d.g. surpayés, sur les collecteurs de primes d’entrée en fonction, d’indemnités de départ, de primes entre les deux, d’allocation de dépenses et de soupers aux chandelles sont inestimables.

Il est du devoir de la Commission, mais de notre devoir aussi, d’aller jusqu’au bout de l’exercice. Le bon sens retrouvé et remis à la mode du jour sera notre récompense à la fin de l’exercice. C’est comme la physiothérapie, ça fait mal pendant qu’on le fait, mais ça fait du bien après, quand c’est fini.

Quand on aura tout compris, qui a fait quoi, qui a dit quoi, qui a payé qui et surtout qui a empoché, on aura la carte géographique de la corruption et de la collusion dans notre pays. Le ménage ne sera pas fini pour toujours. Il faudra faire preuve de vigilance tout le temps. Il faut cesser de faire des héros de ces bandits qui rient de nous en pleine face.

Il faudra surtout pour être de bons citoyens, de ceux qui refusent de devenir des complices silencieux de ce qui se fait à notre insu, il faudra participer à la vie citoyenne, s’informer au sujet de tout ce qui est politique. Pas seulement en période électorale, mais tout le reste du temps aussi. Pendant que les petits rendez-vous secrets se font dans notre dos et que la politique distille son petit poison qui endort tout le monde, il faudrait parfois renoncer à la partie de hockey pour regarder jusqu’au bout la période de questions quotidienne de l’Assemblée nationale.

Au fond, ne pas surveiller ceux pour qui on vote, c’est fermer les yeux et leur dire : vous pouvez faire ce que vous voulez parce que nous, on ne veut pas le savoir. Sauf que le réveil, dans ces conditions-là, est toujours brutal. Et l’addition elle, est toujours salée…


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