Il n'y a rien de plus détestable chez les conservateurs de Stephen Harper que cette tactique, maintes fois employée, consistant à tirer sur le messager porteur d'une mauvaise nouvelle. Cette façon de faire est encore plus intolérable lorsque les droits de la personne et la réputation du Canada sont en jeu.
Mercredi, le diplomate Richard Colvin a rendu un témoignage troublant sur l'indifférence apparente du gouvernement à l'égard d'informations selon lesquelles des détenus transférés aux autorités afghanes par les soldats canadiens étaient systématiquement torturés. Basé en Afghanistan pendant 17 mois, M. Colvin dit avoir envoyé «17 ou 18» rapports aux autorités compétentes faisant état de ses inquiétudes à ce sujet. Selon ses dires, les premiers rapports ont été ignorés. Les suivants ont été censurés avant d'être envoyés à Ottawa. Enfin, on lui a fait savoir qu'il ne devait pas mettre de telles choses par écrit.
Devant le comité des Communes qui l'avait convoqué, Richard Colvin a rendu un témoignage solide et nuancé. Toutes ses affirmations sont-elles exactes? Les informations sur la base desquelles il est arrivé à ces conclusions sont-elles toutes crédibles? Impossible à savoir. Chose certaine, face à de tels propos venant d'un diplomate de bon niveau, le gouvernement aurait dû faire preuve de classe et de sérieux. S'il estime que M. Colvin est dans l'erreur, le gouvernement peut le contredire en présentant un portrait complet de la situation des prisonniers transférés aux autorités afghanes.
Malheureusement, la meute de M. Harper a réagi de la façon la plus vile que l'on puisse imaginer. Depuis mercredi, ministres et députés s'acharnent à démolir la crédibilité de Richard Colvin, affirmant qu'il s'est laissé berner par les talibans et osant ajouter que son témoignage sert la cause de ces derniers. «On nous demande d'accepter le témoignage de gens qui jettent de l'acide au visage d'écoliers et qui font sauter des autobus de civils dans leur propre pays», a lancé aux Communes le ministre de la Défense (et de la Démagogie), Peter MacKay.
L'esprit partisan crasse des conservateurs dépasse les bornes. Aveuglés par leurs petits intérêts politiques, ils ne se rendent même pas compte que leur manie paranoïaque du secret et leurs attaques vicieuses minent la crédibilité de leur propre politique étrangère. «Si nous sommes complices d'actes de torture à Kandahar, comment pouvons-nous faire la promotion des droits de la personne à Téhéran ou à Pékin?» souligne avec justesse Richard Colvin.
Le premier ministre visite la Chine la semaine prochaine. Devinez ce que lui répondront les dirigeants chinois s'il entreprend de leur faire la leçon sur les droits de la personne? «Et la torture en Afghanistan, M. Harper, qu'en faites-vous?»
apratte@lapresse.ca
Le pire Harper
Harper et la torture
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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