Le Parti québécois sort ragaillardi de son congrès et peut espérer avoir mis fin à une énième séquence particulièrement difficile qui a commencé lors d’un autre congrès, celui de Québec solidaire et de la convergence avortée, en mai. Pour le PQ, d’ici les élections générales, la route s’annonce quand même extrêmement difficile et le « chemin des victoires », fort étroit. Rien n’est joué. Tout demeure possible. Le phénix pourrait renaître de ses cendres. Ou pas.
La tâche qui attend Jean-François Lisée est titanesque. Fort d’une proposition principale étoffée et d’un vote de confiance sans équivoque, il devra maintenant vendre un programme à un électorat qui a eu, au fil des dernières années, beaucoup de mal à suivre le PQ.
Le court et surréaliste « moment PKP » mais aussi certaines décisions, comme celle d’aller de l’avant avec l’exploration pétrolière à Anticosti, ont laissé l’impression d’un parti brouillon qui avait perdu ses repères, sa constance et sa cohérence, donnant au gré des sondages un coup à gauche, puis un autre à droite, dans l’espoir de gains à court terme. En a résulté le grand décrochage qu’on perçoit dans les sondages.
Non seulement les sympathisants péquistes les plus à gauche ont été déçus et sont allés gonfler les rangs de QS, mais beaucoup, au centre et à droite, sont passés — temporairement ou non — à la Coalition avenir Québec, dans l’espoir de bientôt en finir avec le règne libéral qui aura couvert, au moment du prochain scrutin, quatorze des quinze dernières années et demie.
Au fil des changements de chefs, même les péquistes loyaux et fidèles en sont venus à se demander comment définir leur propre parti, faute de pouvoir le faire par le projet d’indépendance. Pas étonnant qu’en ouverture de congrès, le chef ait senti le besoin de répondre à la question « finalement, au PQ, qui êtes-vous ? »
Le PQ devra choisir, en dévoilant sa plate-forme électorale, dans quel groupe il compte prioritairement recruter et avec quels arguments pour se retrouver à nouveau compétitif et dans la zone payante. En mettant en avant son programme « identitaire », le PQ pourrait plaire davantage aux sympathisants de la CAQ, mais il risque ainsi de mobiliser contre lui tous ceux qui, dixit Lisée, font le « procès permanent de la différence québécoise ». Il suscitera en plus le désintérêt d’une frange de jeunes électeurs qui ne se reconnaît pas dans cette thématique. Comme l’expliquait le rapport commandé par le chef lui-même à Paul St-Pierre Plamondon, intitulé Osons repenser le PQ. Rapport dont les principales recommandations ont été battues lors du congrès.
Le PQ, surtout, n’échappe pas à son éternel paradoxe existentiel : réaliser l’indépendance, puisque c’est sa raison d’être, et son incapacité à la concrétiser à court comme à moyen terme.
Le pari de Lisée, de ne pas tenir de référendum dans le premier mandat, déleste la formation d’un prétendu « boulet » dans une partie de l’électorat, en même temps qu’elle le prive de son principal moteur et d’une bonne partie du carburant dans ses propres rangs.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé